En Afrique, de l'autorité à l'autoritarisme, un management piégé ?

Loin de servir l'entreprise, l'employé béni oui-oui et le manager gestionnaire méticuleusement bureaucrate ou dictateur, creusent avec assiduité la tombe de celle-là en cette terre africaine. Heureusement que le management démocratique se profile comme voie de sortie.

A bord d’un véhicule de transport en commun, rentrant chez soi après une journée de travail chargée, un passager a excité l’ouïe d’autres voyageurs par le nombre des fois qu’il a prononcé au décrochage de son téléphone mobile, le terme « chef » alterné avec « patron » dans un « garde à vous » propre à la discipline militaire, cela en réponse à l’appel et aux remontrances de son supérieur hiérarchique.
Dans le même ordre et sur une autre terre, un député national a ameuté la presse nationale au motif qu’un fonctionnaire international réagissant à ses critiques sur le rôle timidement assumé par son institution dans le maintien de la paix et la protection de la population civile,  manquait de considération à son endroit pour n’avoir pas utilisé intentionnellement la formule de courtoisie consacrée au pays, en l’occurrence « Honorable Député ».
En outre, un investisseur hollandais n’avait pas tort de constater, à l’observation du milieu de travail en cet autre espace africain ; un gap communicationnel et une lâche  flexibilité des rapports entre son partenaire africain et ses collaborateurs dits « ses agents ». Le patron ne tolérerait jamais d’être appelé par son prénom par ses subalternes.
Ailleurs encore, un observateur extérieur de la vie des entreprises était estomaqué de lire la peur muée en refus d’un jeune cadre commercial d’une banque de rediscuter avec le chef de service d’un dossier du client rejeté au motif de la présentation du titre de propriété sous la forme plastifiée au lieu de la forme ordinaire.
Contrairement à la culture anglo-saxonne, ces exemples répétitifs à profusion symbolisant l’expression et la perception du pouvoir dans l’environnement professionnel peignent avec élégance l’ambiance de plusieurs entreprises en Afrique francophone au Sud du Sahara où les managers s’accrochent souvent, au mépris de la démocratie en entreprise, aux grades acquis par expérience, ancienneté, expertise et mérite.
L’exécution spontanée d’une recommandation ou d’un ordre hiérarchique conforte certes l’efficience des règles, la dynamique de la gestion  et la cohésion du groupe; elle est cependant trahie quand elle verse dans l’abus de position que le dirigeant et le dirigé affichent. S’il s’avère légitime qu’un responsable donne des instructions et qu’il soit respecté, il devient dangereux qu’un chef soit craint comme peint dans le descriptif ci-dessus. C’est pourtant le triste constat, le dévastateur virus des organisations et de nombreux États africains à combattre avec hargne et détermination pour un avenir plus reluisant, au moyen d’une arme redoutable à savoir une gestion démocratique à chaleur ajoutée, un management qualitatif et non uniquement quantitatif, de valeurs et non seulement des normes.
Qu’ils sont enchaînant ces symboliques par leurs dividendes, qu’ils sont cyniques par la lente destruction des bases de la démocratie dans ces sociétés africaines !!!