Cette génération risque plus que d'autres de faire un burn-out, un médecin du travail explique pourquoi

Cette génération risque plus que d'autres de faire un burn-out, un médecin du travail explique pourquoi Depuis quelques années, une catégorie de salariés est particulièrement à risque de burn-out. Un médecin du travail nous donne des pistes pour comprendre ce phénomène.

Dans son dernier baromètre sur l'état de santé psychologique des salariés publié en novembre 2023, Empreinte humaine en partenariat avec Opinion Way a révélé des chiffres inquiétants. Le sondage réalisé auprès de 2004 salariés français du 17 au 27 octobre dernier a notamment permis d'avancer que 48% des salariés sont en état de détresse psychologique. Cela représente une augmentation de 4 points par rapport à février 2023.

L'étude présente la détresse psychologique comme un état mêlant symptômes de dépression et d'épuisement et précise que pour 7 salariés sur 10, cette détresse psychologique est d'origine professionnelle (au moins partiellement). Cet état peut aboutir au burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel qui, d'après ce sondage, atteint 33% de salariés, avec 12% de cas sévères. 

L'étude permet aussi de mettre en lumière les catégories de salariés les plus à risque de développer un burn-out. Les managers et les femmes sont très touchés avec respectivement 52% et 53% de détresse psychologique. Toutefois, une catégorie de personnes qui peut sembler plus surprenante atteint 55% et figurait déjà en tête du baromètre de juin 2022 : ce sont les moins de 29 ans.

A ce sujet, Aurélia Lejoyeux, médecin du travail au Ciamt nous a donné quelques pistes pour comprendre ce phénomène qui touche les jeunes travailleurs. Dans son travail, elle a fait face à plusieurs cas de burn-out chez des personnes âgées de 18 à 35 ans. Ils s'expliquent souvent par un fossé trop important entre le métier tel qu'on se l'était imaginé et la réalité du terrain, une sensation parfois aggravée par l'absence de formation adaptée et des collègues en sous-effectif qui ne peuvent pas faire l'accompagnement nécessaire à leur prise de poste. De plus, les jeunes actifs sont sujets aux conflits de valeurs avec un travail qui leur impose de faire des concessions sur leurs convictions.

Enfin, la médecin du travail évoque un dernier facteur d'épuisement professionnel et peut-être le plus important : un investissement fort et prolongé, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais sans limite d'implication, avec une frontière mal définie entre vie professionnelle et vie privée. Un manque de clarté dans les objectifs fixés par le manager peut accompagner ce phénomène. A ce sujet, Aurélia Lejoyeux insiste d'ailleurs sur la nécessité d'un management horizontal et bienveillant pour prévenir ce type de problème.

A noter que pour la première fois, le baromètre d'Empreinte humaine place les seniors comme les plus touchés par la détresse psychologique, devant la jeune génération, avec 60% de cas. Pour cette catégorie de personnes, l'étude suggère que la très forte augmentation de détresse psychologique (32 points), puisse être liée à l'allongement de l'âge de départ en retraite.