Les cadres avec enfants interrompent plus souvent leurs vacances que les autres

Comment les cadres gèrent-ils l'équilibre entre leur vie pro et leur vie perso ? C'est ce à quoi s'est intéressée l'Apec dans sa dernière enquête. Elle révèle des pratiques surprenantes.

Qu'est-ce qui amène un cadre à interrompre ses congés pour aller travailler ? Une vie familiale est-elle synonyme de désengagement professionnel ? Comment les cadres jugent-ils leur équilibre entre la sphère privée et la sphère professionnelle ? L'Apec a tenté de faire le point sur toutes ces questions dans une étude auprès de 3 000 cadres.

Les cadres qui s'investissent beaucoup dans leur travail sont aussi ceux qui s'interrompent plus souvent pour des considérations privées.

Ainsi, parmi les répondants qui disent interrompre 'souvent' leur travail, 72 % se disent fortement investis, contre 51 % pour ceux qui ne s'interrompent 'jamais' ou 'rarement'. Ils sont également moins nombreux à s'estimer 'trop' investis (moins de 0,5 % contre 15 % parmi ceux qui s'interrompent 'jamais', 'rarement' ou 'de temps en temps'). Globalement, l'interruption occasionnelle du travail pour des raisons d'ordre privé est considérée comme normale. En outre, ce sont les mêmes cadres qui pratiquent de fréquentes interruptions de leur vie privée pour des raisons professionnelles. Les cadres qui interrompent leurs congés pour des raisons professionnelles sont plus nombreux à trouver leur motivation dans le fait de réaliser un travail utile. Ils présentent ainsi une image plus "morale" du travail (quête de l'utilité, de l'intérêt collectif...) et moins individualiste.

Les cadres insatisfaits de leur rémunération ramènent plus souvent que les autres du travail à la maison

Quant à l'apport de travail à la maison, c'est une pratique qui se retrouve tout particulièrement chez les cadres qui ne sont pas satisfaits de leur rémunération. De plus, ils sont plus nombreux à estimer que les perspectives de carrière dans leur entreprise sont très ou plutôt satisfaisantes. Cela semble donc traduire une ambition professionnelle particulièrement présente.

Le déterminant familial est très pesant sur les comportements des cadres.

Ainsi, les répondants avec une famille ne présentent pas les mêmes motifs d'investissement au travail (ils sont plus nombreux à rechercher la sécurité financière). Cela génère des interférences entre sphères professionnelle et privée plus fréquentes. Le fait d'avoir une famille à charge est bien plus générateur d'interférences que le fait de pratiquer des activités extra-professionnelles, par exemple. Ainsi, parmi les cadres qui n'interrompent 'jamais' leur travail, on trouve, paradoxalement,  une sur-représentation des cadres seuls et sans enfant. Les sollicitations familiales sont donc particulièrement associées à l'interruption du travail pour motif privé. Mais ce sont également les cadres avec enfants qui interrompent plus fréquemment leurs congés que la moyenne, traduisant ainsi leur dépendance accrue à leur travail. Selon l'Apec, une autre explication pourrait demeurer dans leur plus grande capacité à jongler entre les deux sphères.

Cela ne les épanouit pas pour autant : le sentiment d'empiètement de la vie professionnelle sur la vie personnelle est plus élevé chez les cadres ayant des enfants. C'est le cas pour 55 % d'entre eux lorsqu'ils ont un enfant et 59 % lorsqu'ils en ont 3 ou plus. Chez ces personnes, la place accordée à la vie privée est plus importante : cela les rend plus sensibles au fait de devoir travailler dans l'urgence ou d'avoir une charge de travail excessive.

La mise en place de services aux cadres n'améliore en rien leur niveau de satisfaction sur l'équilibre vie pro vie perso

La satisfaction quant à l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle repose essentiellement sur la satisfaction envers des attributs du poste et de l'environnement de travail. Les cadres qui apprécient le climat général de l'entreprise, leurs perspectives de carrière et leur rémunération sont ainsi plus nombreux à être satisfaits de leur équilibre pro/perso.

Les services mis à la disposition des salariés pour leur bien-être ne jouent un rôle que marginal, à la seule exception des services de garde d'enfants, qui contribuent à faire diminuer le sentiment d'empiètement de la sphère professionnelle sur la vie personnelle (mais seuls 2 % des cadres interrogés en disposent). Parmi les cadres dont l'entreprise propose ce type de service, 56 % n'éprouvent pas de sentiment d'empiètement, contre 44 % pour les autres.