Quelle place occupe alors la réactivité du site web dans le succès d'une stratégie d'email marketing ?
Si les opérations d'emailing sont devenues plus qualitatives, plus ciblées et moins massives, leur objectif reste souvent d'amener du monde sur le net pour générer du CA online.
Avec
une segmentation des bases de plus en plus pointue et le développement
des triggers comportementaux, plutôt que d'emailing, on préfère
aujourd'hui parler d'email marketing. En clair, on fait moins de
campagnes de masse et on privilégie la qualification des contacts, la
fidélisation. Plus qu'une tendance, il s'agit là d'une évolution avérée.
Pour
autant, une stratégie email marketing vise-t-elle aujourd'hui à amener
moins de monde sur les sites ? Certainement pas. Il est seulement
question de moins solliciter les internautes pour mieux les séduire, et de les inviter à agir sur internet peut-être encore plus massivement qu'auparavant.De cette démarche qualitative doit découler une préparation soignée du parcours de tout "cliqueur" potentiel.
Landing page : ligne d'arrivée ou point de départ ?
La
"landing page", c'est quoi ? C'est la "page d'atterrissage", celle sur
laquelle vous arrivez aussitôt après avoir cliqué quelque part dans un
email, ou plus généralement sur une publicité. De nombreux articles sur
internet prodiguent des conseils, souvent judicieux, pour optimiser
l'efficacité de cette page. Tous confirmeront qu'à ce stade, le travail
est loin d'être terminé pour l'annonceur. Le message était le
déclencheur de la visite, la landing page n'en est que le début.
Cependant,
le temps de chargement de cet écran doit faire l'objet d'une attention
toute particulière, cela pour plusieurs raisons :
- Chaque
seconde qui sépare le clic dans un email de l'affichage dans un
navigateur web est un instant pendant lequel l'internaute peut changer
d'avis.
Tant que la page n'est pas affichée, votre "cliqueur" n'est pas un visiteur ! - Si cette page a été longue à charger, le visiteur risque de ne cliquer nulle part ailleurs.
- Et surtout, un client sollicité est un client plus exigeant !
En effet, les visiteurs amenés par une opération emailing sur votre site ont été sollicités. S’ils
se trouvent ensuite face à une page lente ou indisponible, leur
patience sera nettement inférieure à celle d'un internaute habituel.
Imaginez qu'un commerçant vous alpague dans la rue et vous dise "Venez
dans notre boutique découvrir une offre spécialement faite pour vous !",
puis qu'une fois à l'intérieur ce même commerçant vous explique
"Maintenant je vais vous demander de faire la queue comme tout le monde
et de patienter"...
De
cette manière, à l'échelle d'une campagne d'envergure, des
ralentissements sur la landing page ou sur le site en général auront un
effet antagoniste, voire dévastateur sur l'image de l'annonceur. Surtout
dans le cas, pourtant largement souhaitable, où la campagne a rencontré
un vif succès.
"Au secours, ma campagne est un succès !"
Tout le paradoxe du "meilleur des cas" réside dans sa propension à devenir le "pire des cas". Figurons-nous par exemple une campagne emailing fictive réalisée par une grande enseigne VAD :
- Proposant une offre pertinente : "-50% sur tout le rayon linge de maison"
- Avec un message incitatif : "Seulement 24h pour en profiter !"
- Un visuel séduisant (mais pas d'homme tout nu*)
- A un public réceptif et trié sur le volet par une segmentation aiguisée : Toute personne ayant, au cours des 6 derniers mois, soit consulté le rayon "Linge de maison", soit effectué un achat dans les rayons literie ou mobilier, soit changé l'adresse de son domicile dans les infos de son compte client (déménagement supposé = envies d'aménagement ?).
* En référence à cette photo d'un t-shirt pour enfant qui fit scandale sur le site de "La Redoute", à cause d'un homme entièrement nu que l'on pouvait apercevoir en arrière-plan.
La
campagne est envoyée lundi matin, sa délivrabilité est optimale, 43%
des emails sont ouverts dans la journée, 12% sont cliqués et génèrent
environ 15000 visites.
L'opération ressemble à un triomphe.
Hélas,
tous ces efforts se trouvent anéantis entre 12h30 et 13h30, moment où
la grande majorité des "cliqueurs" se concentrent et créent un pic
d'affluence. Le site se met à ralentir, jusqu'à mettre 12 secondes pour
afficher chaque écran.
Bilan :
- Un taux de conversion quasi-nul (nombre d'achats insignifiant).
- Des "cliqueurs" frustrés et en colère qui ne vont pas hésiter à le faire savoir autour d'eux, dégradant la réputation.
- Une irrémédiable perte de temps et d'argent : Les destinataires de la campagne ont bien reçu le message, on ne va pas le leur renvoyer.
Sont
ainsi définitivement perdus le travail et les coûts de réalisation du
message, de préparation de la campagne, de routage et de toute
éventuelle location d'adresses email.
Ce
déficit peut être aggravé dans le cadre de prestations "à la
performance", avec une facturation au "coût par clic" dans laquelle
l'annonceur va payer des "leads" qui n'en sont pas.
Dans
ce scénario-catastrophe, la seule option restante consiste à "sauver
les meubles" avec une campagne d'excuses. Celle-ci va expliquer les
raisons pour lesquelles certains internautes ont rencontré des
difficultés sur le site, sans dramatiser l'incident pour ne pas ternir
l'impression de tous ceux qui n'ont pas rencontré le problème (il y en
a, heureusement !), et idéalement proposer une offre compensatrice :
"Tout le linge de maison à -50% -60%".
Ensuite,
tout doit être mis en œuvre pour que cela ne se (re)produise pas. Une
prévention qui implique un monitoring rigoureux*, des tests de charge
réguliers*, ainsi qu'une veille attentive à l'optimisation des
performances du site.
Avis d’expert : Frédéric Buron, directeur général d'EmailStrategie
“Il
peut en effet arriver que certains clients soient victimes du succès de
leurs campagnes... Je pense notamment à des dispositifs emailing
comprenant des landing pages intégrant des vidéos hébergées... Si aucune
précaution n’a été prise et que “trop” d’internautes tentent de
visionner simultanément la fameuse vidéo en streaming, c’est le
“capotage” assuré !
De
la même manière que l’emailing sera testé avant sa diffusion (envoi
test en conditions réelles, outils de rendering en amont, etc.) la
landing page doit l’être également, qu’elle contienne des images
hébergées, des vidéos hébergées ou des formulaires de collecte de
données. C’est sur cette page que l’emailing conduit l’internaute : il
serait totalement contre-productif que cette dernière et ultime étape se
solde par un échec et déçoive le destinataire !
En
tant qu’emailer professionnel, nous pouvons être amenés à conseiller
nos clients sur les précautions à prendre (vérification de la bande
passante de leur hébergeur, format et/ou poids des images/vidéos
hébergées, etc.). Concernant le routage en lui-même, nous pouvons
programmer et/ou cadencer les campagnes emailing afin d’éviter la
“surchauffe” que ce soit sur un site internet, un mini-site web
évènementiel ou dans le centre d’appels qui gère les retours des
prospects.”
Conclusion
Dans
le cadre d'opérations emailing, les risques liés à la latence d'un
espace online sont considérables et vont au-delà du simple acte manqué.
Une prévention soignée quant à la disponibilité du site doit être au cœur de toute stratégie e-marketing. Car en somme, si l'on donne
rendez-vous à un client, ne faut-il pas y être soi-même ... avant
l'heure !