Oui, Google rend service au journalisme français

Le rôle discuté de Google dans les débats sur la vie privée ou la fiscalité du numérique ne doit pas faire oublier les bénéfices qu'il apporte aux médias, notamment français. Dans 3 domaines : le SEO, la monétisation, et le soutien à l'innovation.

Avec plus de 90% de parts de marché sur le search en France, Google ne se fait pas que des amis. Son nom revient régulièrement dans le débat sur la vie privée en ligne ou sur la fiscalité du numérique. Un débat qui, évidemment, doit suivre son cours de la manière la plus saine et juste possible – de son issue dépend la société numérique dans laquelle nous vivrons demain – mais qui ne doit pas faire abstraction des atouts qu’offre la firme de Mountain View pour aider les médias à se développer dans leur nouvel environnement. Bien utilisé, Google peut rendre service au journalisme français et l’aider à traverser "sa" crise.

Media né à l’ère numérique, melty doit sa réputation au fait d’avoir été l’un des premiers à savoir tirer parti des outils de Google pour développer son audience – outils qui s’adressent tout autant aux pure players qu’à l’ensemble des acteurs de la presse. Deux d’entre eux, notamment, sont devenus des évidences dont il est bon de rappeler le bénéfice : son algorithme SEO et son offre programmatique et de monétisation.

L’algorithme pour commencer : il s’agit sans conteste d’un des plus puissants au monde sur le référencement naturel, qui a donné à Google sa place de leader. Un algorithme visant à toujours fournir le meilleur contenu aux utilisateurs, que Google doit à son agilité : ses ingénieurs le modifieraient jusqu’à... 500 fois par an ! Google permet donc aux médias qui font les bons choix éditoriaux de bénéficier d’un trafic très élevé. Et ceci, sans avoir besoin de l’acheter : il "suffit" de penser les contenus en cohérence avec les attentes des cibles (autrement dit, de ce qu’elles vont rechercher sur le moteur de Google). En cela, la firme de Mountain View reste fidèle aux origines du PageRank, dont le principe fondateur est de référencer en priorité les meilleurs contenus. Un éditeur peut aussi travailler avec Google dans le cadre de son programme GORP (Google Opinion Rewards for Publishers) afin d'interagir avec ses lecteurs, en utilisant sa technologie "surveys" pour récupérer les informations nécessaires au bon pilotage de sa ligne éditoriale et, in fine, de s'adapter aux modes de consommation de ses jeunes lectrices et lecteurs. Une solution qui, par ailleurs, contribue à générer des revenus.

La monétisation, venons-y justement. Google Ad Manager, la solution publicitaire full stack pour gérer l’inventaire publicitaire d’un éditeur, est déjà une référence sur le marché US et est de plus en plus utilisée en France dans la monétisation des espaces publicitaires. Plus généralement, l’écosystème ouvert de Google est un atout : une bonne partie des technologies adtech (wrapper, redirect javascript, dataviz, etc.) du marché sont compatibles by design avec l'adserver Google Ad Manager, ce qui permet de réduire considérablement les phases d'intégration de nouveaux partenaires, tant sur des problématiques de monétisation que de traitement des données analytiques.

D’autres initiatives méritent également d’être citées. En réaction aux critiques des éditeurs français, Google a lancé il y a quelques années en Europe un programme dédié aux médias pour contribuer au financement de projets innovants : la Digital News Initiative, dont le budget représente aujourd’hui un montant conséquent (150 millions d’euros). De nombreux titres de presse, y compris melty, en ont bénéficié dans le passé : Le Figaro et son intelligence artificielle pour la création de vidéos éphémères pour les réseaux sociaux, Ouest France et son algorithme pour republier des archives en se basant sur les goûts du lecteur ou sur sa géolocalisation, ou encore TF1 et la création de contenus adaptés pour les enceintes connectés... Exemples intéressants d’une négociation réussie ayant conduit à aider à l’innovation, plutôt qu’à la bloquer.

Ne soyons pas naïfs : comme dans toute industrie, la position dominante de Google appelle à la vigilance des régulateurs et, pour les acteurs économiques, à ne pas se trouver en totale dépendance. D'où l'importance d'être diffusé sur d'autres plateformes numériques – Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter, Twitch, etc. -   réduisant d’autant la part de Google dans son audience.

Mais ne soyons pas non plus hypocrites ni bornés : ignorer ou, pire, mépriser le rôle dominant de Google dans notre économie numérique, c’est se condamner à en sortir progressivement. Soyons plus pragmatiques, sans naïveté ni inconscience, pour utiliser ce qu’il y a de meilleur dans cette nouvelle donne pour notre profit. "Rendre à César ce qui appartient à César" : un acte libérateur pour mettre notre énergie au service de notre mission.