Une étude EY confirme la pertinence d’un Netflix européen

Evoqué depuis plusieurs années, l’idée de voir (enfin) émerger un Netflix européen qui soit à même de concurrencer les majors américaines fait son chemin. Une étude commandée par Ubifrance et réalisée par le cabinet de conseil EY va ainsi dans ce sens puisqu’elle met en avant « le potentiel d’une plateforme alternative de SVOD, d’origine européenne».

Il devra nécessairement avoir la double casquette producteur/diffuseur et être assez puissant pour développer une offre qui puisse capter des parts de marché à l’international.

VOD et SVOD : levier de la transition numérique pour le cinéma français

Ce n’est plus un mystère pour grand monde : le streaming va devenir d’ici quelques années le principal support de l’industrie culturelle, musicale et audiovisuelle. Après avoir dépassé les ventes sur supports physiques (CD, DVD), le streaming est en passe de faire de même avec le téléchargement légal. En février dernier le SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) avait publié son rapport sur l’année 2014 : ce dernier montrai­t que les revenus tirés du streaming musical avaient largement dépassé ceux tirés du téléchargement de chansons, avec 73 millions d’euros en France contre 54 millions pour le téléchargement. Aux Etats-Unis les revenus du streaming ont dépassé pour la première fois en 2014 les ventes de CD, selon les chiffres publiés par le RIAA. Un constat qui se confirme aussi pour l’industrie audiovisuelle où les plateformes VOD (Video On Demand) et surtout SVOD (Subscription Video On Demand) gagnent des parts de marché sur les ventes de DVD mais aussi sur la diffusion TV.

Dans ce contexte Ubifrance films a publié le 25 mars une étude réalisée par le cabinet EY (Ernest and Young) avec pour objet les perspectives numériques du cinéma européen et le développement des offres VOD et SVOD. Premier constat, le marché mondial lié à ces deux supports offre des perspectives conséquentes puisqu’il devrait atteindre les 20 milliards d’euros d’ici 2020. Sur la même période, le marché français devrait atteindre entre 41,5 M€ et 75 M€. Jean-Paul Salomé, président d’UniFrance y voit une opportunité pour les acteurs audiovisuels français : "il est important pour les producteurs et vendeurs français d'anticiper les revenus futurs de la VOD et de la SVOD pour se positionner sur ce secteur dont le développement sera essentiel à la croissance du cinéma." Pour y parvenir il sera indispensable pour les acteurs français et européens, producteurs et diffuseurs, de créer des alliances et partenariat qui puissent concurrencer les offres numériques des acteurs américains, type Netflix ou Hulu. Il sera aussi nécessaire d’adapter la législation existante, et notamment la chronologie des médias. Le rapport d’EY recommande ainsi d’expérimenter les sorties simultanées en salles sur les plateformes numériques. Il propose aussi « le sponsoring d'un catalogue de films français par une marque française » sur des marchés comme la Chine.


  Qui sera le nouvel Netflix européen ? 

Autre point essentiel qui ressort de l’étude : la nécessité de faire émerger un acteur majeur européen en matière de SVOD qui ait « le potentiel d’une plateforme internationale alternative de SVOD ». Une plateforme qui soit à même de concurrencer l’offre de Netflix et ses 50 millions d’abonnés à travers le monde. L’étude met ainsi en avant l’importance pour cette plateforme européenne de se différencier par rapports aux leaders existants en adoptant « un positionnement favorisant les films d’auteur, culturel-populaire, voir les séries d’origines européenne pour se différencier ». Des séries européennes qui attirent de plus en plus un public international, à l’image de la série Les Revenants qui fut diffusé aux Etats-Unis.


Dans cette optique peu d’acteurs européens peuvent se targuer d’avoir assez de poids pour proposer une offre alternative en ayant la double casquette producteur/diffuseur. Des sociétés comme Sky, Bertelsmann ou Canal+ apparaissent comme les candidats les plus crédibles. Si les perspectives de l’étude s’annoncent correct, le marché de la VOD/SVOD devrait atteindre un chiffre d’affaire global de vingt milliards d’euros en 2020. Un montant colossal qui devrait pousser l’Europe et la France à se donner les moyens de faire émerger un champion du numérique européen.