De plus en plus de piquets lumineux apparaissent au bord des routes françaises. Installés par centaines dans plusieurs départements, ces dispositifs discrets visent à sécuriser la circulation.
Le long des routes de campagne françaises, de curieux dispositifs font leur apparition. Discrets mais nombreux, ces piquets réflecteurs sont installés par centaines de part et d'autre de la chaussée dans des zones stratégiques. Leur mission : éviter les collisions entre véhicules et animaux sauvages.
Du Limousin à la Haute-Garonne en passant par la Haute-Loire, ces installations se sont multipliées ces derniers mois aux quatre coins de l'Hexagone. La dernière en date a eu lieu dans le Maine-et-Loire en février 2025, où une centaine de piquets ont été implantés le long de la RD323.
Le principe de fonctionnement est simple mais ingénieux : ces piquets réfléchissent la lumière des phares des véhicules vers les bas-côtés. Cette réflexion crée un effet d'éblouissement temporaire qui dissuade les animaux de traverser la route au moment du passage des voitures. Disposés tous les 20 mètres en quinconce, ils forment une barrière lumineuse efficace sans représenter un danger pour les deux-roues en cas de choc.

Ces dispositifs sont installés principalement dans les zones rurales identifiées comme accidentogènes, là où les collisions avec la faune sauvage sont les plus fréquentes. "On constate énormément d'accidents avec le gros gibier, explique pour France 3, Antoine Chalus, technicien à la Fédération des chasseurs de Haute-Vienne. Des sangliers, des chevreuils, des renards, des blaireaux." Et contrairement aux idées reçues, les zones les plus dangereuses ne sont pas les forêts, mais les secteurs urbanisés qui créent des corridors naturels forçant les animaux à traverser.
Si ces installations se généralisent aujourd'hui, le concept n'est pas nouveau. De rares expérimentations ont été menées dès les années 2010 dans l'Indre et en Haute-Savoie. D'après l'un des gestionnaires de ce dispositif, les résultats se sont révélés probants avec une réduction des collisions allant de "60 à 90% selon les tronçons équipés".
Récemment, ces succès ont encouragé d'autres départements à adopter cette solution avec des piquets modernisés. La généralisation de cette initiative est portée notamment par les fédérations départementales de chasseurs, acteurs influents dans les territoires ruraux.
L'aspect économique joue également en faveur de ces dispositifs. Là où un passage à faune traditionnel est complexe et coûteux à mettre en place, l'installation de piquets réflecteurs ne représente qu'un investissement de quelques milliers d'euros. En Haute-Vienne et dans le Maine-et-Loire, l'équipement pour une section de route est revenu à environ 3 000 euros.
Les phases de test actuelles, qui s'étendent sur un an, permettront d'évaluer l'efficacité de ces nouveaux modèles de piquets. Si les résultats s'avèrent concluants, comme ce fut le cas dans les départements précurseurs, le dispositif pourrait être étendu à d'autres zones sensibles.