Le temps où banques et courtiers filaient le parfait amour est-il révolu ? Si rien n’est perdu à ce jour, des signes de tension et de remise en question sont apparus depuis quelques mois. Dommage, tant ce partenariat s’est révélé prolifique pour les deux parties comme pour leurs clients.
Jusque-là, l’équation semblait pourtant
simple et convenir à tous. Le client obtenait
un prêt – immobilier le plus
souvent – qui correspondait à son besoin et à son profil, aux meilleures
conditions du marché. La banque disposait, pour sa part, d’un levier incomparable
d’acquisition de clients. Le courtier, en contrepartie de ses conseils et de
son réseau, gagnait – une commission – sur les deux tableaux.
Une situation que certains
banquiers remettent aujourd’hui en question. La faute, d’abord, à des taux
historiquement bas. Il est en effet devenu presque banal d’emprunter à
moins
de 1% sur 15 voire 20 ans… On comprend mieux pourquoi certaines banques
sonnent la fin de l’idylle et s’interrogent sur l’opportunité de réinventer le
modèle. Mais, quelle que soit l’issue choisie, dans l’intérêt du client,
banquiers et courtiers vont devoir s’entendre.
Les causes du désamour
Historiquement, la collaboration
entre banques et courtiers est d’abord fondée sur le crédit immobilier.
Aujourd’hui, les taux viennent donc troubler une relation jusqu’ici sans nuage
et dont les trois parties concernées ne pouvaient que se féliciter. Or, la
situation
ne semble pas devoir évoluer favorablement à court terme.
Et c’est bien là que le bât
blesse. Alors que jusqu’ici les banques se servaient du prêt immobilier comme
d’un produit d’appel pour lequel elles n’hésitaient pas à rogner leurs marges,
elles se considèrent désormais comme les "victimes" d’un modèle qui
leur serait défavorable. Clients – et courtiers – profitent de taux d’autant
plus bas que les banques, à défaut de marges, espèrent se rattraper sur
d’autres offres et services. Mais, beaucoup de clients, après avoir fait jouer
à plein la concurrence, ne transfèrent que le strict minimum sur le compte
concerné par le crédit.
Éviter la rupture
C’est pourquoi des banques
s’interrogent sur la pertinence d’un partenariat qui ne serait plus "win
win". Elles semblent même de plus en plus enclines à rompre les contrats
qui les lient aux courtiers, leurs partenaires historiques. On comprend mieux
dès lors l’inquiétude qui semble poindre chez un nombre croissant de confrères
courtiers dont le modèle économique se voit ainsi remis en question.
D’autant qu’une telle décision,
au-delà de son caractère unilatéral, semble portée par une vision quelque peu
réductrice de la valeur ajoutée du courtier. Difficile d’entendre certains partenaires
affirmer : "Nous payons des commissions (…) pour faire des
dossiers à nos propres clients". Est-ce vraiment la réalité ? Croient-ils
vraiment que les banques doivent se passer des courtiers ?
Remettre en question cette
relation de confiance ancienne serait incontestablement une grave erreur. Car,
ne nous y trompons pas, les Français plébiscitent les courtiers. A eux seuls,
ceux-ci représentent
40% des crédits, et jusqu’à 60% en Ile-de-France. Pour beaucoup, il est en
effet naturel de se tourner vers un courtier pour challenger son banquier, a
fortiori lorsqu’il s’agit de montants importants ou de faire un tour d’horizon
patrimonial.
Disons-le : il serait
dommage, injuste et contre-productif de faire table rase du passé sans chercher
un moyen de redynamiser la relation "win win" entre les banques,
les courtiers et leurs clients communs.
Comment recréer le charme ?
Indéniablement, la relation
courtiers-banquiers vit des moments difficiles. L’opportunité de s’interroger
sur les termes et le cadre d’un partenariat réinventé. Et, pour ce faire, les
deux parties prenantes se doivent de mettre le client et donc le service au
cœur de leur réflexion. Parallèlement, ce travail doit impérativement s’inscrire
sur le long terme.
Plutôt que de seulement chercher
à vendre plus de crédits et à dégager de meilleures marges, banquiers et
courtiers doivent dorénavant considérer le client sous un angle plus global et
donc plus patrimonial. Dans cette optique, le courtier doit impérativement
évoluer. Plus encore qu’avant, il doit être un puissant vecteur d’acquisition
et de fidélisation de clients pour les banques. Pour ce faire, le métier de
courtier doit continuer à se structurer et à se professionnaliser, pour
conforter la relation de confiance qui le lie à ses clients et aux banques.
Quoi qu’il en soit, banquiers et
courtiers doivent et peuvent s’entendre. Pour servir la volonté et les intérêts
des clients, pour être à leurs côtés. Malgré les difficultés, tout invite
banquiers et courtiers à plus de collaboration. Une collaboration fructueuse et
pérenne, où conseil et accompagnement sont, plus que jamais, leur valeur
ajoutée commune.