CSG, CAF, LEP, HLM... ce que les retraités risquent de perdre à cause du gouvernement
C'est l'avantage fiscal le plus polémique du moment. Sous le feu des projecteurs, l'abattement fiscal de 10% accordé à tous les retraités est en péril. Tour à tour, plusieurs membres du gouvernement, la Cour des comptes et des représentants d'organisations patronales comme le Medef, ont étrillé cette réduction d'impôt et demandent sa suppression.
Créé en 1978, cet abattement profite à 17 millions de retraités aujourd'hui. Concrètement, avec cet avantage, un retraité peut déduire 10% du montant des pensions de retraite, de réversion, d'invalidité et des pensions alimentaires qu'il déclare à l'administration fiscale. À titre d'exemple, un couple de retraités déclarant 43 000 euros au fisc, ne paie des impôts que sur 38 700 euros. Le montant de son impôt sur le revenu passe donc de 1 700 à 1 000 euros.
Ainsi, la suppression de l'abattement augmenterait mécaniquement les impôts dont s'acquittent les retraités. Cette situation relève toutefois davantage du cas particulier. En effet, en France, la grande majorité des retraités ne payent pas d'impôt sur le revenu, car ils ne gagnent pas assez. Pour être imposable en France, il faut déclarer au moins 17 447 euros à l'administration fiscale. Or, beaucoup de retraités sont en dessous de ce seuil justement grâce à l'abattement de 10%. La suppression de cet avantage rendrait donc "plus de 500 000 retraités imposables", selon le syndicat Unsa-Retraités. Au-delà des impôts, la suppression de cet avantage fiscal aurait aussi de lourdes conséquences sur l'ensemble des autres retraités.

En effet, la fin de l'abattement fiscal engendrera, pour tous les retraités, une hausse de 10% de leur revenu fiscal de référence (RFR). Or, le RFR est un critère nécessaire pour l'obtention de plusieurs aides sociales en France. En clair, plus le RFR d'un contribuable est bas et plus il peut prétendre à des dispositifs avantageux.
Alors que tous les retraités voient chaque mois leur pension être prélevée de la CSG (Contribution sociale généralisée), des millions d'entre eux peuvent bénéficier d'un taux réduit si leur RFR ne dépasse pas un certain montant. Plusieurs retraités peuvent même en être totalement exonérés. Une hausse du RFR pourrait donc être synonyme d'une hausse de la CSG pour ces retraités, engendrant de fait une baisse de leurs pensions.
Le RFR défini aussi l'accès au Livret d'épargne populaire (LEP). Alors que la Banque de France recense 11,4 millions de détenteurs d'un LEP en 2025, elle constate que 4,4 millions d'entre eux sont des retraités. Avec une hausse de leur RFR, certains épargnants pourraient donc perdre leur LEP.
Le RFR conditionne également l'accès à certaines prestations sociales versées par la Caisse d'allocations familiales (CAF). Les APL, l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ou encore l'allocation aux adultes handicapés (AAH), sont autant d'aides qui bénéficient chaque mois à plusieurs millions de retraités. Si leur RFR augmente, ils risquent de perdre ces allocations ou de voir le montant versé par la CAF diminuer.
Enfin, à cause d'une hausse de leur RFR certains retraités pourraient perdre leur place en logement social. Une situation dommageable quand on sait que 13% des retraités français vivent dans des habitations à loyer modéré (HLM).