Tanguy de La Villegeorges (WeWard) "WeWard compte 20 millions d'utilisateurs à travers le monde, dont 60% en France"

L'application WeWard, qui récompense ses utilisateurs pour marcher, annonce une expansion dans 20 nouveaux pays. Son cofondateur détaille au JDN son modèle de revenus et ses ambitions.

JDN. Comment est né WeWard, l'application qui rémunère ses utilisateurs pour marcher ?

Tanguy de La Villegeorges est le cofondateur de WeWard. © WeWard

WeWard est une start-up française créée en 2019 qui incite ses utilisateurs à marcher en leur offrant des récompenses. Depuis près de cinq ans, notre objectif reste inchangé : nous encourageons un maximum de personnes à adopter un mode de vie plus actif, plus sain et plus respectueux de l'environnement, en valorisant la marche à pied. Pour cela, l'application fonctionne avec un système de points baptisés Wards, qui peuvent être convertis en virement bancaire, en dons à des associations ou utilisés pour des achats in-app. L'entreprise compte une cinquantaine d'employés, majoritairement basés à Paris, et a ouvert un bureau à New York.

Vous annoncez ce 10 juillet un lancement simultané dans 20 pays. Pour quels objectifs ?

L'ouverture simultanée de l'application dans 20 pays marque une étape majeure dans l'histoire de WeWard. Nous sommes déjà présents en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. L'application dénombre 20 millions d'utilisateurs à travers le monde, dont 60% en France, et a permis d'augmenter de 25% le temps de marche de nos utilisateurs. En moyenne, les utilisateurs assidus gagnent environ 20 euros tous les six mois.

Cela porte notre couverture à 29 pays sur tous les continents, triplant ainsi notre présence mondiale. Nous allons continuer à travailler sur la gamification pour rendre l'expérience toujours plus ludique. Notre objectif, d'ici cinq ans, est d'avoir 50 millions d'utilisateurs connectés chaque jour sur WeWard à travers le monde.

Votre principale différence avec des applications concurrentes, telles que Sweatcoin, est d'offrir des récompenses financières et pas uniquement virtuelles. Lesquelles sont les plus efficaces ?

Le virement bancaire est un levier de motivation important. Plus de 10 millions d'euros ont déjà été distribués à nos utilisateurs. La seconde récompense la plus efficace est le don aux associations, avec plus d'un million d'euros déjà versés. Cela a un vrai impact sur la motivation de nos utilisateurs, conscients qu'en marchant, ils peuvent contribuer à réaliser des projets concrets. Enfin, il est possible de gagner des cadeaux en participant à des loteries.

Quel a été votre modèle pour développer ces différentes fonctionnalités de gamification ?

Duolingo est l'une de nos plus importantes sources d'inspiration. L'un de nos conseillers a d'ailleurs été responsable des opérations dans cette entreprise. Avec plus d'une décennie d'expérience, Duolingo est un modèle et nous utilisons des mécanismes assez proches. Par exemple, pour inciter un utilisateur à se connecter chaque jour, celui-ci peut obtenir des badges comme celui de la flamme en validant ses pas pendant 7 jours consécutifs. L'autre initiative inspirée de Duolingo sont les leaderboards, à savoir les classements qui permettent de se comparer à des utilisateurs de même niveau.

WeWard parvient à être rentable tout en distribuant des millions d'euros à ses utilisateurs. Comment se décompose votre modèle de revenus ?

Fort de notre audience de 20 millions d'utilisateurs, nous avons mis en place plusieurs sources de monétisation, dont la première est l'affiliation. Un utilisateur peut ainsi utiliser ses Wards pour acheter, dans l'application, différents produits ou services de WeWard ou de marques partenaires telles que Nike, Decathlon ou Booking.com. Celui-ci obtient aussi des Wards en retour. Il peut également en gagner en répondant à un sondage ou en regardant une publicité. Nous avons également des partenariats spécifiques avec certaines marques, dont des challenges co-brandés. Par exemple, pour Deezer, les utilisateurs devaient installer l'application et marcher 5 000 pas pour obtenir des Wards. Enfin, nous intégrons aussi un peu de publicité display.

Comment fonctionne concrètement ces partenariats d'affiliation ?

Nous avons une section dédiée aux bons plans permettant aux utilisateurs de dépenser leurs Wards. En fonction de ce que nous gagnons sur chaque vente, nous conservons une partie de cette commission et distribuons le reste à nos utilisateurs sous forme de Wards. Par exemple, admettons que vous achetez une paire de baskets à 100 euros et que nous touchons 10 euros, nous pourrons redistribuer 5 euros à l'utilisateur sous forme de Wards et conserver 5 euros, pour financer notre entreprise. Aujourd'hui, de plus en plus les marques viennent à nous. Notre application a un impact positif sur la santé et sur la planète. Les marques comprennent l'intérêt de s'associer avec WeWard pour leur image et pour l'acquisition clients.

Quelles sont les nouvelles sources de revenus sur lesquelles vous travaillez ?

Nous développons également les achats in-app d'objets virtuels avec des cartes baptisées WeCards. Il est possible de les trouver autour de soi ou d'en acheter pour les collectionner. Il y a un côté ludique, similaire à Pokémon Go, et cela permet à l'utilisateur de créer des balades et compléter des chapitres tout en gagnant des cadeaux. Notre volonté est de réfléchir à la manière dont nous pouvons monétiser nos utilisateurs de la façon la plus qualitative possible, sans nuire à leur expérience, et en nous adaptant à tous les profils.

Où en est votre développement aux États-Unis ?

Cela fait un an que nous nous sommes lancés sur le marché américain, qui est compliqué à appréhender et devrait nécessiter des adaptations plus importantes. Que ce soit en termes de recrutement, d'acquisition et de communication, il y a beaucoup de différences. Par exemple, les stratégies de micro-influence, notamment sur TikTok, n'ont pas rencontré le même succès qu'en France. De même, avec les écoles, alors que l'effet de bouche-à-oreille à travers les universités françaises avait tout de suite fonctionné, nous n'avons pas obtenu le même effet viral.

Enfin, les habitudes de marche des Américains diffèrent des nôtres, ils privilégient par exemple la marche dans les centres commerciaux. Nous pensons qu'il y a du potentiel dans des villes comme New York et San Francisco, où les habitants marchent beaucoup, et nous réfléchissons à comment adapter WeWard pour mieux coller aux attentes. 

Des initiatives prévues pendant les JO ?

Oui, nous lancerons la "Global Walk Cup 2024", une compétition de marche internationale, où néophytes et passionnés devront maximiser leurs pas pour propulser leur pays en tête du classement. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de notre partenariat avec le Service d'information du Gouvernement français (SIG) et soutient l'engagement du gouvernement français à faire de l'activité physique sa grande cause nationale en 2024.

Après avoir initialement travaillé en tant que data scientist, Tanguy de La Villegeorges cofonde WeWard aux côtés d'Yves Benchimol et de Nicolas Hardy en 2019. La start-up française propose une application mobile gratuite visant à motiver ses utilisateurs à marcher grâce à un système de récompenses sociales et financières. Il est un ingénieur diplômé de l'ECE et de l'ETS.