Jessica Chan (Perplexity) "Perplexity n'a pas l'intention de mettre fin à son offre publicitaire"

Jessica Chan, head of content partnerships and publishing chez Perplexity, écarte la fin de la monétisation publicitaire de l'outil IA, même si l'objectif avec sa nouvelle offre Comet Plus est de booster les abonnements à ses services.

JDN. Perplexity a annoncé cet été le lancement prochain de son nouveau service de contenus premium Comet Plus. Les éditeurs qui sont déjà vos partenaires seront-ils embarqués dans Comet Plus automatiquement ?

Jessica Chan. Le lancement de Comet Plus au niveau mondial est imminent. Il sera fait au moment de la mise à disposition générale de notre navigateur agentique Comet (pour l'instant seul un nombre limité d'abonnés des programmes Pro et Max de Perplexity ont accès à Comet, ndlr). Pour cinq dollars par mois, les utilisateurs qui souhaitent avoir accès librement à du contenu journalistique de qualité pourront le faire via l'abonnement Comet Plus. Nos éditeurs partenaires rendront leurs contenus premium disponibles via Comet Plus.

Nous souhaitons que les éditeurs restent au centre de l'écosystème de l'information tout en touchant de meilleurs revenus. Les éditeurs sont la colonne vertébrale de Perplexity. Nous sommes convaincus que Comet va vraiment rendre réel l'accès vers un bien meilleur Internet pour les utilisateurs, tout en offrant une meilleure compensation aux journalistes et publishers. Les modèles traditionnels de partage de revenus et d'accords de licence ne nous paraissent pas suffisants pour financer le journalisme. De plus, ils ne reflètent pas vraiment la réalité de la demande des consommateurs à l'ère de l'IA.

Combien d'éditeurs font déjà partie de Comet Plus ? Les éditeurs qui sont déjà vos partenaires seront-ils embarqués dans Comet Plus automatiquement ?

Ils auront le choix. Mais vu qu'ils se sont engagés en tant que "early adopters" dans le cadre de notre v1, nous sommes déjà en discussions avec eux pour qu'ils prennent part à Comet Plus, qui n'est autre que la v2 de notre Publishers' Program. Mais je ne peux pas encore vous préciser combien de publishers seront annoncés dans Comet Plus.

Perplexity a signé des partenariats avec plusieurs dizaines d'éditeurs dans le monde depuis un an, dont en France Le Monde, Humanoid et Maddyness. Quelles sont les bases de votre collaboration ?

La première version de notre Publishers' Program a été annoncée en juillet 2024. Au cœur de notre modèle de coopération avec ces éditeurs nous avons prévu : 1) le partage de revenus publicitaires avec eux ; 2) l'accès gratuit à nos API avec le support technique nécessaire afin de leur permettre d'intégrer des outils de recherche Perplexity au sein de leurs sites ; 3) l'accès gratuit à notre offre Enterprise Pro à tous les collaborateurs travaillant chez les médias partenaires (Enterprise Pro coûte 400 dollars par an et par siège ; dans le blog de Perplexity il est mentionné que la gratuité offerte par le Publishers' Program est limitée à un an, ndlr). Ce sont plusieurs manières d'offrir de la valeur à nos éditeurs partenaires.

Comment vos éditeurs partenaires européens sont-ils rémunérés si votre programme de monétisation publicitaire n'est pas encore actif en-dehors des Etats-Unis ?

Notre programme de monétisation publicitaire est en effet actif aux Etats-Unis et nous avons toujours pour projet de le lancer mondialement. Il faut garder à l'esprit que la première version de notre Publishers' Program était une première étape d'itération. Sur la base des différentes expériences et retours obtenus, le but était de cocréer l'architecture future en vue de lancer Comet Plus. Nous avons signé des engagements de long terme avec tous nos partenaires de la première version de notre Publishers' Program et nous avons la claire intention d'honorer ces engagements. Pour ceux qui ne participeront pas à notre v2, à savoir Comet Plus, nous continuerons de partager des revenus avec eux ainsi que d'obtenir leurs retours d'expérience. Mais il nous a paru indispensable de faire évoluer notre Publishers' Program vers un modèle encore plus solide sur le long terme.

Avez-vous l'intention de mettre un terme à votre monétisation publicitaire ?

Nous n'avons pas l'intention de mettre fin à notre offre publicitaire. Aucun acteur sur le marché ne fait ce que nous faisons. Pour les marques, Perplexity offre l'opportunité de répondre aux questions des utilisateurs. Et les revenus issus de ces réponses sponsorisées, nous les partageons avec les éditeurs (Jessica Chan n'a pas voulu préciser au JDN les pourcentages de ce partage de revenus, ndlr). Le potentiel de la publicité est massif et il continuera de croître au fur et à mesure que Perplexity continuera de se développer. Quand je suis arrivée ici (en décembre dernier, ndlr), Perplexity enregistrait une infime fraction des 30 millions de requêtes que nous enregistrons chaque jour aujourd'hui.  Nous sommes très confiants à la fois sur le lancement de Comet Plus et sur notre activité publicitaire.

Mais en attendant Comet Plus, comment vos partenaires en Europe sont-ils rémunérés ?

En attendant que la monétisation publicitaire arrive en Europe, nous offrons beaucoup de valeur à nos éditeurs dans le cadre de notre programme en cours, comme je vous ai indiqué - accès à nos API, abonnement Enterprise Pro. Sans compter qu'en étant des "early adopters", ces derniers sont bien placés pour participer à l'évolution du programme vers Comet Plus.

Quel est d'après vous le seuil minimal d'abonnés permettant de viabiliser Comet Plus sur le moyen et long terme ?

Tous les abonnés de nos programmes Pro et Max auront automatiquement accès à Comet Plus, ce qui fera déjà une base importante. Donc dès le lancement de Comet Plus, nous disposerons d'abonnés (Jessica Chan ne précise pas le nombre d'abonnés des programmes Pro et Max, ndlr). Une portion de ces abonnements additionnés à 100% des abonnements spécifiques à Comet Plus composeront le fonds qui servira à rémunérer les éditeurs. Ces derniers toucheront 80%, Perplexity, 20%. Un montant de 42,5 millions de dollars a déjà été alloué à Comet Plus pour nous permettre de démarrer avec une base concrète pour financer nos partenaires, le temps pour nous de développer notre nombre d'abonnés.