Alkemics lève 20 millions d'euros pour sa plateforme d'échange de données produits
Pourquoi une telle somme ? Parce que la start-up est la première à se positionner sur un besoin croissant des marques et distributeurs.
Alkemics signe ce qui restera sans doute comme l'un des plus gros tours de table de la Tech française en 2016. Editrice d'une plateforme SaaS permettant aux marques de partager leurs données produits avec les distributeurs de la grande consommation, la start-up lève 20 millions d'euros auprès de Cathay Innovation, de Serena Capital et de ses investisseurs historiques Index Ventures, Partech Ventures et SEB Alliance. Une très belle somme, que justifie aisément le potentiel qu'on entrevoit pour sa solution.
Pour qu'un distributeur puisse vendre ses produits, une marque doit lui transmettre une quantité considérable de données. Nom du produit, attributs, photo, labels qualité, conseils d'utilisation, éléments tarifaires, logistiques et réglementaires, emplacement en rayon, actualités du produit (campagne marketing, nouvelle version)… Or il existe beaucoup de marques, de la TPE à la multinationale, chacune avec ses process, et bien sûr beaucoup de produits. "Par exemple, chaque année, Auchan met en vente 400 000 nouvelles références, souligne Antoine Durieux, fondateur d'Alkemics. Le volume de données à échanger est titanesque ! Pourtant, il est souvent abordé de façon archaïque, avec des fichiers Excel envoyés par email, sans historisation ni automatisation." Un système aujourd'hui grippé, qui fait exploser les coûts de productivité, occasionne des ruptures de stock en magasin et pénalise les distributeurs comme les marques.
"Alkemics est le seul à gérer toute la collaboration entre marques et distributeurs"
D'où la vocation de la plateforme Product Stream de la start-up : couvrir tous les process nécessaires pour mettre un produit sur le marché. "Nous maintenons l'information à jour pour tout l'écosystème, qu'il s'agisse des coordonnées des interlocuteurs utiles de part et d'autre ou des informations produits", explique Antoine Durieux. A la clé : gains de productivité et opportunités de découverte de références.
Concrètement, Alkemics aide les marques à structurer leurs données, entretient un cœur d'attributs commun à tous les acteurs et conforme aux différents standards, permet à chacun d'ajouter des champs, et pousse les modifications aux distributeurs en temps réel. "Il existe des solutions qui couvrent uniquement un aspect, comme les données logistiques ou les photos produits, ajoute l'entrepreneur. Mais nous sommes les seuls à gérer l'ensemble de la collaboration entre marques et distributeurs."
2 500 marques référencées
Fondée fin 2011, Alkemics a lancé sa plateforme en 2014 après plus de deux ans de R&D. Lors de sa première levée de 5 millions d'euros début 2015, elle comptait déjà 15 salariés et 800 marques indexées. Employant 55 personnes, elle référence désormais 2 500 marques. Parmi ses clients distributeurs figurent des grands noms comme Auchan, Casino et Walmart. Mais au fur et à mesure qu'elle sort de l'alimentaire pour référencer les autres catégories présentes en hypermarché (petfood, hygiène de la maison, hygiène-beauté…), elle s'ouvre de nouvelles verticales qui lui permettent de prospecter plus largement dans le top 100 de la distribution hexagonale.
Plus elle référence de marques, plus elle intéresse de distributeurs, mais l'inverse est aussi vrai. Typiquement, elle est désormais capable de mettre en relation n'importe quelle PME française avec l'acheteur adéquat chez Walmart et de transmettre toute information utile au format du géant américain.
Côté marques, une offre gratuite comprend l'échange de données produits avec les distributeurs tandis qu'une offre payante, sous forme de licence annuelle, permet d'ajouter divers services : envoi de vidéos produits, conservation de l'historique, gestion fine des accès… Côté distributeurs, Alkemics facture une licence annuelle fonction de la complexité du catalogue et des options retenues.
Les 20 millions d'euros levés aujourd'hui vont lui permettre d'accélérer sur deux axes. D'abord en renforçant son offre de services, puisque sa feuille de route est régulièrement alimentée par les besoins de ses utilisateurs : rappel des produits par les marques, signalement d'une campagne TV à venir pour accroître les stocks… Mais aussi en passant la seconde à l'international, où ses clients distributeurs la poussent à les suivre. "Nous nous intéressons beaucoup à l'Europe et nous apprêtons à attaquer l'Espagne, précise Antoine Durieux. Puis, si nous arrivons à recruter les bonnes personnes, les Etats-Unis suivront en 2017."