Avec la crise, les marketplaces de seconde main gagnent du terrain

Avec la crise, les marketplaces de seconde main gagnent du terrain La vente des produits de seconde main est en forte croissance depuis le début de la crise sanitaire. Ce succès voit apparaître des plateformes spécialisées ciblant des consommateurs désireux d'une autre consommation en ligne.

La crise sanitaire a déjà mis en lumière l'essor des marketplaces verticales mais un autre mode de consommation en ligne est également notable, celui des marketplaces spécialisées dans la vente des produits de seconde main. Si les pionniers de la seconde main tels que Vestiaire Collective, eBay, Leboncoin, Vinted ou encore Back Market, incarnent ce pan du e-commerce, la pandémie a accéléré le phénomène. D'après le baromètre Wavestone des nouvelles tendances de consommation publié au mois d'avril, la crise a amené 30% des consommateurs à acheter davantage de produits de seconde main. Et l'e-commerce reste un canal privilégié. Les consommateurs sont 58% à avoir déjà pratiqué la seconde main par l'intermédiaire d'un site ou d'une application mobile, plutôt que par l'intermédiaire d'un magasin dépôt vente (15%), d'après le baromètre Wavestone
Il faut dire que l'offre s'est étoffée avec la crise sanitaire. A l'image de La Reboucle, le site de revente entre particuliers initié par La Redoute au mois de février, ou encore Reconomia,  la marketplace de l'électroménager reconditionné lancée par Electro Dépôt au mois d'avril. Fin 2020, Cdiscount a diversifié son activité avec Cdiscount Occasion, une plateforme de revente d'objets entre particuliers. En clair, les e-commerçants se mettent au diapason pour répondre à la demande des clients. 

Ainsi, la seconde main n'épargne aucun secteur d'activité, ni même la puériculture. La marketplace spécialisée dans les poussettes reconditionnées, Biicou, a connu ses premiers balbutiements en décembre 2020 avant son lancement officiel au mois de février. Son ambition ? Modifier les habitudes de consommation liées à la naissance. "L'arrivée d'un enfant est le moment le plus consumériste de notre vie, souligne Yann Spigolis, cofondateur et CEO de Biicou. Une grande partie des achats dédiés à cette période s'oriente vers des produits neufs alors que l'état neuf d'un produit de seconde main est une excellente alternative." Basé à Pantin et propriétaire d'un atelier de reconditionnement à Villetaneuse, Biicou rachète les poussettes aux parents et effectue jusqu'à 60 transactions par mois. La société s'équipe aussi auprès des magasins spécialisés de puériculture. Sur le site internet, les parents peuvent ainsi revendre ou acheter une poussette. Le site enregistre une croissance mensuelle de l'ordre de 15 à 20%. "Une fois que nous récupérons les produits, les textiles sont nettoyés puis désinfectés à la vapeur sèche afin d'éliminer les risques de germes et nous réparons les produits si besoin", détaille Yann Spigolis qui prône une expérience client fluide avec une garantie des produits durant douze mois. 

Faire entrer la seconde main dans les moeurs

Si le cofondateur est conscient du challenge que représente son business, il mise sur le boom des produits reconditionnés opéré avec la crise sanitaire. "La puériculture est un marché stratégique car incontournable dès lors que l'on devient parent. Nous devons communiquer sur l'ancienne vie du produit et son impact écologique car le mélange des matériaux que compose une poussette ne facilite pas son recyclage. Au-delà de la crise sanitaire, Biicou défend un autre mode de consommation." Dans la même veine, la marketplace Beebs est spécialisée dans l'achat et la vente de produits de seconde main dédiés à la grossesse et à l'enfance depuis janvier 2020. Avec plus de 250 000 articles en vente et autant d'utilisateurs de la plateforme, Beebs enregistre une croissance en volume d'affaires multipliée par 30 entre janvier et novembre 2020. "Nous avons constaté un fort intérêt pour la seconde main et notre activité avec le contexte sanitaire, note Morgan Halimi, cofondateur de Beebs. L'accélération du e-commerce a également inscrit Beebs dans une bonne dynamique et l'engouement continue malgré la fin des confinements". Le site offre la possibilité aux consommateurs d'effectuer des achats de plusieurs articles à un même vendeur. "Nous nous positionnons comme un tiers de confiance entre les particuliers et les professionnels et n'engageons aucun stock", ajoute Morgan Hilmi. Sur le marché des marketplaces des produits reconditionnés, la vigilance doit être apportée à la traçabilité des produits. "Cela requiert de mobiliser des salariés chargés de contrôler la provenance des articles et s'assurer qu'aucun produit n'a été volé", indique le cofondateur de Biicou. Bien sûr, le business des marketplaces de produits de seconde main s'avère moins lucratif qu'une marketplace classique car les marges sont moindres. "De plus en plus d'investisseurs dédient un budget à impact social et croient à la rentabilité de ce genre de business à moyen terme. La rentabilité prend du temps mais nos modèles économiques représentent l'avenir."