Oubliez le retail, nous vivons une révolution

Un nouveau monde émerge sous la pression de notre humanité, de notre environnement et de la technologie. Il ne s'agit pas du futur mais bien d'aujourd'hui.

Pour réagir à cette tribune et échanger en direct avec les équipes de Microsoft sur la révolution du retail et les solutions à déployer, venez les rencontrer sur le salon Tech for Retail les 28 et 29 novembre prochains à Paris.

Dans un monde qui se fragmente, il est dangereux de se réfugier derrière un terme générique, d'autant plus que nous sommes en train de vivre une vraie révolution. Un nouveau monde émerge sous la pression de notre humanité, de notre environnement et de la technologie. Il ne s'agit pas du futur mais bien d'aujourd'hui. 

Pendant plus d'un siècle nous avons travaillé à optimiser une économie linéaire à travers des plans et des process pour proposer toujours plus de produits à un consommateur homogène et passif et cela bien sûr sans tenir compte des externalités. Cette époque stable est révolue. Aujourd'hui nous devons faire face à trois familles d’impacts :

  • un consommateur de plus en plus fragmenté, hybride, qui a pris le pouvoir notamment grâce au digital. On ne pourra plus forcer le consommateur, qui de plus est également votre collaborateur, à faire ce qu'il n'a pas envie de faire. En revanche, s'il y trouve du sens il sera d'une formidable puissance ;
  • une planète qui se rappelle à nous : pandémies, crises des matières premières, crises de l'énergie d'une part et d'autre part des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Nous sommes pris en ciseau entre un court terme et un long terme, pas si lointain, où notre espèce est clairement menacée ; 
  • le digital qui à travers la data nous a fait basculer dans un monde topologique et qui accélère notre amplification cognitive de manière exponentielle. La numérisation de notre société provoque une transformation des modèles économiques, des organisations et bien sûr des comportements de chacun. Nous redécouvrons un paysage préindustriel. 

Notre paysage économique et social est aujourd'hui un monde de plateformes où chaque acteur est à la fois producteur et consommateur et où les chaînes de valeur se créent et meurent à la vitesse du marché. Le consommateur est une plate-forme comme tout acteur économique. Et les marques qui performent sont celles qui ont transformé leur monolithe, efficace dans un monde statique, en essaim de plateformes où chacune a sa fonction.  

La prévisibilité et la performance ne sont plus le résultat de planifications et de process mais le résultat de leur agilité grâce à des invariants solides et à leur écosystème de proximités.  Il s'agit d'un changement de paradigme majeur. The edge is the core.

Un nouveau paradigme pour les acteurs économiques

Les acteurs économiques doivent repenser leurs modèles car les fondamentaux sont nouveaux. Peindre en digital les murs de son entreprise n’est plus suffisant, il y a une urgence à repenser les fondations. Pour performer dans un monde de plateformes, il faut d'abord être extrêmement clair sur son positionnement marché, ensuite, il faut être clair sur son modèle économique, enfin, il faut l'exécuter parfaitement et bien sûr proposer des interfaces facilement abordables par les tiers.

C’est parce que l’on est clair sur ses invariants et clair sur ses valeurs que les employés trouveront l'engagement et que les consommateurs et les partenaires viendront à votre rencontre pour vous intégrer à leur chaîne de valeur.

La première attente du consommateur : trouver ce qu’il a compris qu’il allait trouver… Nous avons basculé d'une société poussée à une société tirée, car il est vain d'essayer d'atteindre chacun dans un monde fragmenté. En revanche, il est fondamental de donner envie à chacun de vous rejoindre sur votre mission, sur votre proposition de valeur. Etre un préféré de vos clients et partenaires est la garantie de votre performance et résilience sur le long terme dans une économie de proximités, une économie de réseaux. 

Pour résumer : la marque, c’est la marge !

La marque c'est l’identité (positionnement, proposition de valeur, exécution, interfaces). L'identité développe la proximité (écosystème engagé : clients, partenaires, employés). La proximité c'est l’assurance d’un flux même en environnement mouvementé, et c'est donc la performance et la résilience. 

Un plan d'actions

Au regard de cette mutation, il va falloir gérer la bascule de l'ancien monde au nouveau :  continuer encore un petit peu à garder la tête hors de l'eau en continuant de voir le client comme une cible, ou prendre le risque de se transformer et de se développer dans ce nouveau paradigme où le client devient son associé.

Au regard des différents projets auxquels nous avons participé, voici une liste d’actions à engager si ce n’est encore fait. 

  • une stratégie plateforme : dans un monde où les chaines de valeurs se créent et disparaissent à la vitesse du marché, la performance sera le résultat de la richesse de ses proximités. Les proximités ne se développeront dans leur diversité nécessaire que par la clarté de la mission, des invariants, de la qualité d’exécution et la facilité de communication comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent ;
  • investir sur l’humain : l’humain performera par son humanité, il faut donc l’encourager à entreprendre. L’information et les transactions seront de plus en plus portées par le digital il reste donc à l’aider à se projeter car c’est lui qui créera et portera la diversité des proximités. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’il y aura une bascule des revenus de l’actionnaire à l’employé. Car dans un monde de proximité, l’investissement en capital sera moins porteur que l’investissement dans l’humain ;
  • visibilité étendue des parties prenantes : fournisseurs, clients, et l’ensemble des parties prenantes. Les relations symétriques de confiance devront dépasser les relations contractuelles afin de gagner en vitesse et en agilité. C’est par la proximité, la confiance et la diversité que l’on crée un environnement plus résiliant et donc prévisible pour chacun. C’est le modèle même d’Internet ;
  • diversité des fournisseurs : gestion du risque vs optimisation des coûts. S'il était plus simple de négocier autrefois avec un nombre limité d’acteurs et alors de travailler la performance financière par le volume, aujourd’hui, ce modèle n’est plus adapté. Il est aujourd’hui important de travailler la diversité du sourcing par la taille, la localisation et l’offre. Et pour rappel, le consommateur devient progressivement un fournisseur, ainsi que l’artisan local, ou le maraicher d’à côté ;
  • simplification des produits et dépendance matières premières : ce qui était performant dans un monde stable et négligeant les externalités ne l’est plus et surtout, introduit un risque majeur. La simplification et la maitrise des composants offre une plus grande agilité et donc résilience. De plus, la maitrise des éléments de la chaine de valeur permet de répondre à des engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance beaucoup plus efficacement ;
  • accroitre la visibilité information et valeur : du fait de la maitrise totale d’une chaine de valeurs stable, on pouvait se permettre de décorréler produit physique, information et valeur. Aujourd’hui, d’une part, la probabilité est forte pour que nous n’ayons pas une vue complète de la chaine de valeur et de plus celle-ci peut évoluer rapidement. D’autre part, la valeur peut évoluer rapidement et les informations doivent être plus précises que jamais. Il est donc fondamental qu’un produit puisse porter en lui-même son identité, sa valeur et ses informations. Chaque produit devrait être progressivement équipé de son passeport ;
  • repenser le pricing : la valeur des produits et services dans ce nouvel environnement est profondément modifiée. Usage, recyclage, local, rupture, etc. autant de nouvelles notions qui doivent nous amener à reconsidérer la notion de valeur, et d’ailleurs, à reconsidérer la notion de produit, la marge basculant du volume à l’usage ;
  • au-delà de chaine fournisseurs, pensez chaine de valeur : nous avons longtemps travaillé dans le cadre d’une économie poussée et linéaire. Il était alors relativement facile de planifier la demande en fonction d’une activité récurrente et souvent moutonnière. Aujourd’hui ce modèle a vécu et nous devons nous penser dans un espace interconnecté et vivant. Par conséquent, un des challenges est dans le pilotage du mixte entre la composante poussée avec la composante tirée, d’autant plus que les fournisseurs sont maintenant multiples et variés. ;
  • gouvernance et compliance : "la fin de l’histoire" de Francis Fukuyama ayant finalement eu une fin, et devant la montée en puissance des affrontements géopolitiques accompagnée d’enjeux ESG (Environnement, Social et Gouvernance), la recomposition des chaines de valeurs se fait sur des contraintes hétérogènes mais très réelles. Les administrations reprennent du pouvoir pour amortir les risques sociaux et économiques mais également pour se positionner dans une compétition entre états ; 
  • devenir une boite tech : sur les trois vecteurs d’évolution rapide du paysage économique et social, c’est celui de la technologie qui est le plus pilotable par les entreprises. De manière rapide, les entreprises doivent repenser leurs fondations sur un socle digital et faire en sorte d’avoir un modèle évolutif au fil de l’eau, sécurisé et capable d’amplifier leur core model, leur plateforme. Le CEO doit être un CIO et les investissements à la hauteur de l’ambition.  

Les technologies  

Il est donc fondamental, pour maitriser ses potentiels, de connaitre les technologies au cœur de vos fondations. Voici quelques sujets qui doivent vous interpeler car ils auront, chacun, un impact majeur sur votre développement.  

  • IoT & edge : pour connecter notre environnement et y apporter de l'intelligence de proximité ;
  • advanced analytics : pour exploiter au mieux le potentiel des données ;
  • AI & cognitive services : pour que chacun puisse être amplifié dans ses fonctions cognitives ;
  • technologies graphes : colonne vertébrale de nos sociétés et de notre économie ;
  • blockchain : afin de se libérer de la centralisation ;
  • digital workspace : pour que chacun s'épanouisse dans son espace topologique en s'appropriant l'environnement numérique et en capitalisant sur son graphe social ;
  • low codeet no code : afin que chacun développe sa dimension numérique ;
  • la fusion du online et du offline : développer nos jumeaux numériques ;
  • sécurité et infrastructure : garants de notre prévisibilité et agilité ;
  • quantum computing : risque de bousculer le jeu dans les années à venir.

Le cœur de votre puissance technologique ne doit pas être dans une ou des applications mais dans un modèle de données qui correspond à votre modèle de business. Nous sommes à une période de bascule. Il va falloir choisir, quand on le peut, de continuer avec un ancien modèle ou investir dans cette nouvelle économie. 

Dans cette nouvelle économie il est critique, d'abord, de se concentrer sur qui l'on est, pour devenir le préféré d'un large écosystème. Le futur de l’économie, et donc de ce que l’on appelle communément le retail, est dans la proximité, une proximité topologique. 

Le citoyen par la consommation définit la société de demain plus encore que l’électeur.  Il est donc de notre responsabilité en tant qu'acteurs économiques de nous associer pour être des leviers de la construction de ce nouveau monde qui émerge afin qu’il soit inclusif, respectueux des droits fondamentaux, durable voir régénératif et de confiance.