Quand le commerce en ligne favorise les échanges internationaux
Malgré les tensions économiques internationales, le commerce en ligne transfrontalier ne cesse de se développer. Cette tendance devrait perdurer et c'est une bonne nouvelle.
Presque 30 ans après la première transaction de commerce électronique, le phénomène est en voie d’accélération. C’est le 11 août 1994 que Dan Kohn a vendu un CD de Sting, Ten Summoner's Tales, à Phil Brandenberger, basé à Philadelphie. L’acheteur avait pu utiliser à distance sa carte de crédit en protégeant la confidentialité des données par le logiciel de chiffrement PGP (Pretty Good Privacy). Autant dire que les deux acteurs de cette première transaction de 12,48 dollars (hors frais de livraison) ont participé à l’histoire du e-commerce.
Trois décennies plus tard, le dynamisme du commerce en ligne se confirme année après année et offre à de nombreux acteurs des possibilités non négligeables de croissance à l’international. Mieux, alors que le phénomène de globalisation a été remis en cause à la suite de la pandémie et avec l’émergence de tensions politiques exacerbées, le commerce électronique international offre un ballon d’oxygène bienvenu.
Or, le commerce numérique transnational se développe indépendamment de ces aléas potentiels. On parle là de la notion d’« exportations numériques ». Il s’agit de vente en ligne hors d’un pays d’articles physiques ou de services numériques (musique, film, abonnement à la presse, télémédecine, éducation).
Un récent rapport (1) montre que cette tendance devrait perdurer. Quatre informations importantes se dégagent. D’abord, 66 % des entreprises interrogées au niveau mondial (70 % pour la France) se préparent à effectuer des ventes sur de nouveaux marchés à l’international au cours des deux prochaines années. Ensuite, la moitié des entreprises déclarent qu'il est plus facile que jamais de vendre à l'international, malgré les défis géopolitiques actuels. Par ailleurs, si les exportations vers les pays voisins restent élevées, les flux commerciaux entre des régions où le commerce est moins courant se développent. Tous les pays étudiés exportent désormais à grande échelle vers plusieurs continents. Enfin, les microentreprises s'internationalisent, 80 % des entrepreneurs individuels effectuant des ventes dans plusieurs pays.
Comment est-ce possible ? Après tout, vendre à l’étranger n’est pas simple. Dans le cas de produits physiques, il faut trouver le bon transporteur pour livrer hors des frontières et surtout tenir compte des différentes taxations voire accises entre les divers pays. Ce problème est en passe d’être résolu, car le rapport met en évidence que de nouvelles solutions et outils numériques bouleversent les circuits établis de la mondialisation et permettent aux entreprises de toute taille de vendre leurs produits et services à des clients partout dans le monde.
Accepter les paiements, gérer les stocks et se conformer aux obligations fiscales est désormais à la portée de tous commerces. 50 % des entreprises interrogées pensent qu'il est plus facile de gérer une entreprise internationale aujourd'hui qu'il y a cinq ans.. À noter que le e-commerce ne stimule pas seulement les entreprises de logiciels et les sites de vente en ligne. L'éducation est par exemple traditionnellement un secteur hors ligne, où les entreprises sont étroitement liées à leur marché national, mais cette situation évolue rapidement. 88 % des entreprises du secteur de l'éducation effectuent ainsi aujourd'hui des ventes à l'échelle internationale, et 70 % d'entre elles prévoient de s'implanter dans de nouveaux pays au cours des deux prochaines années.
Enfin, si la plupart des flux commerciaux numériques à la croissance la plus rapide s’établissent entre pays voisins, il existe des exceptions frappantes. L'Australie et l'Irlande entretiennent par exemple des relations commerciales en plein essor, à partir d'une base relativement petite et grâce aux voyages et au tourisme. En 2022, l'Irlande était la destination d'exportation numérique à la croissance la plus rapide pour les entreprises australiennes. Cependant, l'Allemagne demeure la destination d'exportation numérique à la croissance la plus rapide (89 %) pour les entreprises françaises en 2022. Dans le commerce, le couple franco-allemand reste extrêmement solide.
(1) Rapport de Stripe, plateforme d'infrastructure financière pour entreprises. Les résultats de l’étude sont issus de l'analyse des données agrégées des transactions sur la plateforme, ainsi que d'enquêtes menées auprès de 1 700 chefs d'entreprise et de 11 500 consommateurs sur neuf marchés : Allemagne, Australie, États-Unis, France, Irlande, Japon, Mexique, Royaume-Uni et Singapour - dont 116 chefs d'entreprise et de 1 033 consommateurs en France.