Pourquoi la logistique peine-t-elle encore sérieusement à s'installer au cœur de la stratégie de croissance des entreprises ?
On aurait pu penser qu'après les crises à répétition qui ont affecté leur activité ces dernières années, les entreprises auraient accéléré leur transition vers un modèle plus résilient et responsable.
Pourtant, malgré une prise de conscience largement partagée, cette nouvelle révolution industrielle peine à se mettre en place, tout particulièrement dans la gestion de la logistique et des chaînes d’approvisionnement.
C’est ce que révèle une récente enquête du cabinet Gartner. Ainsi, bien qu’ils soient 89% à penser que le contexte d’incertitude va durer et même se renforcer à l’avenir (comme le montre les tensions en mer Rouge), les directeurs de supply chain reconnaissent qu’ils ne sont pas préparés à faire face à un environnement agité et instable. Seuls 10% d’entre eux estiment que leur logistique est capable de générer des gains de valeur en période d’incertitude. Cette étude ne fait que confirmer ce que les dernières crises ont mis en lumière, à savoir la fragilité des chaînes de valeur. Cette vulnérabilité est exacerbée par une économie mondialisée, où les flux de marchandises n’ont eu de cesse d’augmenter et de se complexifier et où le moindre incident peut avoir de lourdes conséquences.
Dans ce contexte, la flexibilité, la visibilité de bout-en-bout, l’accès aux données et leur traitement ainsi que la planification sont des enjeux majeurs pour les chaînes d’approvisionnement. Ils devraient également être une préoccupation essentielle pour les comités de direction, car les dysfonctionnements de la supply chain altèrent la qualité du service, dégradent la satisfaction des clients et pèsent fortement sur les marges. Selon une étude, publiée par Accenture, les entreprises ont ainsi laissé échapper 1 600 milliards de dollars de revenus annuels, en 2021 et 2022, à cause des aléas qui ont perturbé leurs approvisionnements, leur production ou leurs opérations.
Au-delà de l’aspect conjoncturel de certains événements, c’est une transformation structurelle qui se dessine, portée par une nouvelle vision holistique de la logistique, incluant les problématiques de développement durable (lutte contre l’artificialisation des sols ou les émissions de gaz à effet de serre, par exemple), de relocalisation industrielle et d’intégration dans des écosystèmes complexes. Pendant plusieurs décennies, la globalisation, ses contraintes de court terme et de coût ont guidé les décisions des entreprises, renvoyant les questions de logistique à des sujets secondaires et à des réponses standardisées qui s’accommodent mal aux incertitudes. Les classiques approches court termistes de type cost killing, qui ont encore souvent le vent en poupe dans les métiers de la logistique, en sont l’expression la plus connue.
Mais avec l’exposition aux incertitudes et le renforcement de la responsabilité sociétale des entreprises, une nouvelle ère s’ouvre, où la gestion de la supply chain devient un enjeu stratégique primordial, mais aussi un puissant levier de croissance et de durabilité. Des solutions et des technologies existent pour réussir cette transformation. Des processus de collecte et d’analyse prédictive des données, des systèmes d’automatisation, des concepts innovants comme la mutualisation des infrastructures logistiques ou la tarification à l’usage sont déjà utilisés par certains acteurs pour rationaliser leur logistique, optimiser en temps réel la gestion de leurs stocks et accélérer leur réponse à la demande du marché.
*Prenons l’exemple de Décathlon, entreprise leader sur le marché du sport, qui a profondément réorganisé son schéma supply chain en répartissant son stock dès la production, entre le nord et le sud du bassin européen. Le ROI ne s’est pas fait attendre puisque la marque a réduit de 30% (1) le nombre de kilomètres parcourus par ses produits en 2023.
Autre exemple, l’un des plus grands fournisseurs d’équipements et de matériel de golf en France et en Belgique, a choisi d’externaliser la gestion de ses stocks dans des entrepôts indépendants, situés à proximité de ses clients. En améliorant sa réactivité, l’entreprise a porté son taux de service à 98 % et a également réduit les distances parcourues et ses coûts de transport de plus de 12 %. Rapprocher ses stocks de ses clients finaux permet de réduire ses coûts et d'optimiser son empreinte environnementale.
Cependant, si les entreprises ont les moyens de faire de leur supply chain un atout d’agilité, de durabilité et de compétitivité, les mentalités et les organisations doivent elles aussi s’adapter. En effet, si la logistique est véritablement abordée comme un enjeu stratégique par l’ensemble des directions opérationnelles et fonctionnelles de l’entreprise, elle se transforme en gains de parts de marché, en source de profit et en vecteur de développement soutenable. CEO, COO, CFO, Responsables supply, achats et RSE, mettez-vous autour de la table pour faire de votre logistique un véritable levier de croissance en optimisant le ROI financier et extra-financier.