Prêt-à-porter et développement durable : quelle stratégie adopter face aux nouvelles exigences européennes ?

Face aux nouvelles directives européennes, le secteur doit s'adapter avec des stratégies intégrées pour assurer la conformité et optimiser la durabilité des chaînes d'approvisionnement.

Les nouvelles réglementations européennes vont révolutionner la manière dont les détaillants du secteur de la mode et les marques grand public, gèrent leurs chaînes d’approvisionnement et rendent compte de l’impact de leurs activités sur la planète.   

Les prochaines directives CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive, sur les rapports des entreprises en matière de développement durable) et CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive, sur le devoir de diligence en matière de développement durable) représentent un changement de paradigme dans le reporting en matière de développement durable, à même de déclencher des transformations dans la production, la distribution et la destruction des vêtements. Même si les modifications de dernière minute apportées au projet CSDDD ont éliminé des secteurs à haut risque (parmi lesquels la mode), les seuils de la réglementation (1 000 salariés et 450 millions d’euros de chiffre d’affaires) obligeront de nombreuses grandes marques du secteur de mode, ainsi que ses partenaires, à s’y conformer.   

Pour répondre aux nouvelles obligations de reporting qui entreront en vigueur en 2025 et à se préparer à un contrôle accru de leurs pratiques environnementales, les entreprises du secteur du prêt-à-porter doivent prendre rapidement des mesures déterminantes.   

Les défis posés par les directives CSRD et CSDDD 

La CSDDD et la CSRD soulignent toutes deux les enjeux cruciaux de la transparence et de la responsabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales.   

Alors que la CSRD élargit l’horizon du reporting sur le développement durable et exige des informations plus détaillées sur l’empreinte environnementale et sociale d’une entreprise, la CSDDD se concentre quant à elle sur l’amélioration du devoir de diligence sur la chaîne d’approvisionnement. En vertu des règles proposées, les entreprises seront tenues d’identifier, de prévenir, d’atténuer et de rendre compte des impacts négatifs sur les droits des personnes et sur l’environnement dans leurs propres opérations et dans leurs filiales. Il en va de même pour tous les partenaires commerciaux directs de la chaîne d’approvisionnement.  

Pour les entreprises de prêt-à-porter opérant sur les marchés de l’UE, le défi de conformité sera important, surtout si leurs chaînes de valeur s’étendent sur plusieurs pays et dans plusieurs régions du monde. Pour surmonter cette complexité, les organisations doivent commencer par cartographier leur chaîne de valeur de bout en bout. Cela implique de dépasser les fournisseurs de niveau 1, pour gagner en visibilité sur tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement, jusqu’au niveau des matières premières et de l’ensemble des processus de production. Cette opération préparera le terrain pour la collecte de toutes les données requises.  

Optimiser les pratiques pour répondre aux nouvelles exigences 

Les réglementations européennes à venir imposent à la fois la transparence et l’action. Les entreprises qui commencent de manière proactive à s’aligner et à analyser les mesures de durabilité en parallèle de leurs objectifs traditionnels pour la chaîne d’approvisionnement commerciale, seront mieux placées pour prendre des décisions fondées sur les données. Des décisions qui accéléreront la concrétisation de leurs objectifs en matière de durabilité.  

Grâce à l’analyse de l’empreinte environnementale complète du cycle de vie des vêtements, de la production jusqu’aux transports, à la livraison aux consommateurs, les entreprises du secteur de la mode pourront identifier où optimiser les chaînes d’approvisionnement et ainsi éliminer le gaspillage et les coûts associés. En plus d’identifier les partenaires les plus responsables et les plus résilients avec lesquels poursuivre leurs opérations, les entreprises pourront exploiter des ensembles de données pour mener des analyses d’hypothèses afin de découvrir la meilleure feuille de route à suivre pour la société. Il peut s’agir d’explorer les alternatives locales d’entreposage et de transport, ainsi que les possibilités de délocalisation proche de la fabrication.   

En évaluant la durabilité et les performances de la chaîne d’approvisionnement dans leur ensemble, les entreprises peuvent commencer à voir la durabilité de la chaîne d’approvisionnement comme un catalyseur commercial et une occasion d’améliorer leurs activités.  

Stratégies pour assurer la conformité et la responsabilité 

Après avoir identifié leurs partenaires commerciaux directs et cartographié leur chaîne de valeur, les organisations peuvent ensuite préparer le terrain pour établir des rapports ESG et suivre leur progression vers les objectifs CSDDD. Cela implique de préparer les politiques et les processus proactifs de diligence raisonnable qui seront nécessaires pour suivre les pratiques des fournisseurs, mais aussi pour identifier, prévenir et atténuer les risques ESG sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale. En intégrant la diligence raisonnable dans l’ensemble de leurs opérations, les entreprises pourront prendre des mesures significatives pour améliorer leur durabilité et démontrer les progrès aux régulateurs, aux investisseurs et aux consommateurs.  

Capitaliser sur les nouvelles directives pour renforcer l'efficacité opérationnelle 

Les entreprises du secteur du prêt-à-porter doivent comprendre et assimiler les nouvelles réglementations européennes pour évaluer leurs partenariats actuels de chaîne d’approvisionnement dans le contexte des risques auxquels les facteurs environnementaux et sociaux les exposent. En révisant leurs systèmes pour s’assurer une visibilité approfondie de l’impact environnemental de leurs chaînes d’approvisionnement, les entreprises pourront optimiser les activités de la chaîne d’approvisionnement pour combiner les avantages environnementaux et financiers.   

En fin de compte, la conformité aux nouvelles réglementations européennes n’est qu’un début. Les entreprises qui considèrent la nouvelle législation comme une occasion d’adapter leurs chaînes d’approvisionnement pour assurer leur résilience opérationnelle et environnementale, pourront ainsi renforcer leur image de marque, gagner la confiance des consommateurs et générer des avantages commerciaux à long terme, parmi lesquels une croissance et des économies significatives sur les coûts opérationnels.