Colis interactif, drones en entrepôt, conteneurs volants... Quatre technologies futuristes pour l'e-commerce
Avec près de 42 millions d'e-acheteurs en France dont 78% se font livrer à domicile, il est tentant de penser : "Quoi de plus banal que de se faire livrer un colis quelques jours après une commande sur Internet ?". Détrompez-vous. Des start-ups entendent pimenter l'expérience, notamment avec les avancées de l'IA . Voici à quoi pourrait ressembler la logistique de demain.
Parler à son colis
"Où se trouve le point relais le plus proche ?", "Quelles sont les modalités de retour de ce produit ?", "Quelles sont les dimensions de mon produit ?"… Avec la start-up LivingPackets, il est possible depuis l'année dernière de poser toutes ces questions directement à son colis. La jeune pousse est spécialisée dans les emballages réutilisables et dotés d'un système de verrouillage automatique. En 2024, elle innove encore et ajoute une technologie à son emballage : ChatBox, soit la capacité de converser avec le consommateur. LivingPackets signe ainsi le premier colis interactif.

Concrètement, le colis est équipé d'une puce de connectivité et d'un microphone pour capter les questions du client relatives au produit ou à la livraison. Les données sont transmises via le cloud aux algorithmes d'IA basés sur ChatGPT.
Destiné principalement aux produits sensibles, l'emballage est également équipé de capteurs pour fournir en temps réel des données sur l'emplacement du colis, la pression, la température et l'humidité. Parmi ses clients prêts à investir plus de 600 euros dans leurs emballages, la start-up compte Kern, Campolo ou encore Louis Vuitton. Le seul hic est donc qu'il faudra peut-être attendre de vous acheter le speedy de chez Louis Vuitton avant de parler avec votre colis.
Des livraisons depuis l'espace
Si discuter avec son colis relève presque de la science-fiction, que dire alors de la perspective de recevoir des produits livrés depuis l'espace. C'est, à quelques détails près, ce que proposent Inversion Space ou Sierra Space. Le principe est simple : des satellites-cargos ou des avions spatiaux pouvant stocker des produits sont envoyés en orbite pour ensuite livrer en moins de deux heures la marchandise à l'autre bout de la planète.

La technologie de ces start-ups a été éprouvée avec plusieurs tests réussis. L'armée américaine a même investi en août 2024 dans Sierra et Inversion Space afin de livrer des kits de survie ou du matériel dans des zones de conflit ou difficiles d'accès. Il est alors facile d'imaginer un modèle similaire pour les géants du e-commerce.
Seulement, il faudra certainement attendre un peu. Les voyages dans l'espace coûtent plusieurs centaines de milliers d'euros, pour des capacités de fret très limité. En effet, la capacité est limitée avec 20 à 50kg dans les capsules parachutées d'Inversion Space et jusqu'à 5 000 kg pour l'avion spatial de Sierra Space, le tout avec un coût environnant les 2 500 euros le kilo. Mais cela pourrait évoluer rapidement, SpaceX a déjà promis des envois à 10 euros le kilo avec Starship. Cette réduction de coûts sera liée à la baisse du prix du carburant et des coûts de maintenance encore importants selon les experts.
Des camions autonomes
Redescendons sur Terre avec une autre innovation prometteuse : les camions autonomes. Si des camions roulent déjà sans assistance sur les routes aux Etats-Unis, l'exploit n'avait pas encore jamais été réalisé en Europe avant 2024.
"Camion de fret autonome" ne rime pas toujours avec absence de chauffeurs. Les expérimentations européennes comprennent l'automatisation de la conduite au niveau 4, un conducteur de sécurité reste à l'intérieur du véhicule en cas d'incident. Pour commencer, ces tests se concentrent principalement sur le transport entre les différents entrepôts. En effet, le 25 avril 2024, le constructeur allemand Man était le premier à faire rouler son camion autonome (niveau 4) une dizaine de kilomètres sur l'autoroute en Allemagne. En zone urbaine, Planzer a annoncé en septembre 2024, le démarrage d'une expérimentation de véhicules autonomes (niveau 4) sur les routes de Berne pendant deux ans. Le spécialiste logistique a équipé son véhicule de la technologie Loxo Digital Driver. Le petit camion sera chargé de faire le lien entre le centre rail et 14 points de distribution en ville.

L'itinéraire du point A au point B est planifié en amont par le transporteur. En parallèle, les véhicules sont équipés de capteurs avancés (lidar, radar, caméras) pour percevoir leur environnement en temps réel et détecter les obstacles et les conditions routières. Le logiciel de conduite autonome s'appuie sur des algorithmes d'IA pour prévoir le comportement des autres usagers et planifier une trajectoire sécurisée.
Le principal frein au développement de flottes de camions autonomes en Europe semble être la législation, plus que la technologie en elle-même. Alors que l'Allemagne et la Suisse sont à la pointe dans l'expérimentation de la conduite autonome de niveau 4 sur certaines zones, la France et les autres pays européens sont plus frileux. Mais l'ONU promet une réglementation harmonisée à l'échelle mondiale pour la mi-2026.
Les drones alimentés par IA en entrepôt
Bien avant d'être potentiellement expédié aux clients par satellite ou camion autonome, le produit doit d'abord transiter par l'entrepôt. Et à cette étape de la chaîne d'approvisionnement, les innovations sont aussi à l'agenda. La start-up Verity propose des drones intelligents qui, grâce à l'IA, identifient rapidement les produits sur les étagères pour optimiser la gestion des stocks. Le gros avantage ? Ils sont opérationnels 7j/7, 24h/24, même dans l'obscurité totale. Cette technologie permet aux marchands d'automatiser totalement le processus de scannage manuel en utilisant des drones d'entrepôt qui peuvent voler sans l'assistance d'un opérateur.

Dans des entrepôts de plus en plus hauts, les drones s'avèrent particulièrement utile face à des robots grimpants qui ont aussi plus de risque d'entrée en collision avec d'autres objets ou machines sur le sol. De leur côté, les algorithmes d'IA identifient et photographient les emplacements de stockage des produits pour créer des jumeaux numériques avec les données de l'inventaire en temps réel. Verity se vante d'éliminer 98% des erreurs opérationnels et de réduire les coûts de main d'œuvre pour les e-commerçants.
Si UPS ou Haleon ont adopté ces drones dans leur site logistique, Ikea est l'un des clients phares de la solution. Après un an de test réussi de ces drones nouvelle génération, le roi de l'ameublement a annoncé en août 2024 étendre la technologie. La révolution des inventaires 100% automatisés en temps réel est déjà en marche.