L'art de massacrer un maillage interne… ou de le laisser s'épanouir

Quand un client me demande de voir pourquoi son maillage ne donne pas grand chose, je vais voir le site. Là, je me dis presque toujours : " Mais comment peut-on à ce point massacrer un site ? "

Je fais beaucoup de R&D sur les metamots. En parallèle, j’accompagne des entreprises désirant améliorer leur site. Leurs attentes se situent dans bien des cas, au niveau du maillage interne. Elles savent, le plus souvent, que c'est un levier très performant. Pourtant les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de leurs espérances.

Jusqu’ici, je vous ai beaucoup parlé du maillage à l’intérieur d’un contenu. Bien réalisé, il ne peut qu’aider un site.

Mais quel est l’impact justement de ce qui se trouve hors de ce contenu ? Cet environnement peut-il affecter les actions de maillage interne ?

Tentons de comprendre où se cache le diable sur votre site…

Soyons schématiques. Chaque page de votre site, à un moment T, a une certaine puissance. Elle a, d’une part, celle qui lui est propre pour son positionnement dans Google. Mais elle en a aussi une transmissible aux autres pages. Cette dernière va être, approximativement, distribuée entre tous les liens se trouvant sur la page.

Vous avez 150 liens dans vos menus, footer, widgets et 2 liens dans votre contenu… Imaginez le gâchis. Même si calculé avec les metamots, n’attendez pas de miracle de votre maillage interne. Plus des liens parasites hors contenu sont présents, plus la puissance du maillage sera faible. Certes, la sémantique aidera, mais seulement sur ce qu’il reste comme puissance pour le contenu.

Un lien a donc une puissance transmissible, mais que devient-elle réellement ?

Les liens hors contenu n’ont pas d’environnement sémantique. Par ailleurs, la densité de lien est très élevée.

Soyons clair ; leur jus est pratiquement dilapidé et les liens ne valent presque rien.

Malheureusement, ce jus est presque entièrement perdu. Il n’est pas redistribué aux autres liens, notamment à ceux dans le contenu. Cette puissance part juste tout droit à la poubelle !

Il existe une technique infaillible pour être certain de bien nous rater. Nous allons, en plus, insérer plusieurs fois les mêmes liens. Par conséquent, nous sommes sûrs de bien tout mettre par terre. Ainsi, nous allons ajouter des liens vers l’équipe en haut et en bas. Nous allons aussi en caser dans la sidebar. De cette façon, nous sommes assurés que personne ne passera à côté du trombinoscope… Ceci est valable pour les pages contact, etc. Pourquoi radoter ainsi ?

Faisons, par exemple, un crawl sur un site pris au hasard. Nous avons utilisé l’outil de crawl de cocon.se pour cela. Voici le résultat :
 

 crawl d'un site potentiellement mal formé (crédits cocon.se)

La page d’accueil est au centre. Voyez-vous où sont les défauts ?

La home-page est reliée plusieurs fois sur chaque page. Cela se fait via le logo, le fil d’Ariane, etc. C’est déjà trop. Normalement, cette page est déjà surlinkée. Mais en plus, ici, nous avons une autre subtilité. Des pages sont encore plus reliées que la page d’accueil ! Regardez leur taille sur la visu !

Cette taille est là pour vous montrer, dans ce cas précis, une anomalie.

Mettre plusieurs liens dans chaque page vers les landing-pages ne les rendra pas plus puissantes ! (Cette technique fonctionnait au début des années 2000.)

Si vous avez réalisé des pages « prismes », cette taille est normale puisque voulue et calculée. Sinon, quand c’est le résultat d’une anarchie, c’est une erreur à corriger.
 

Résolution de ce premier problème


Le travail consistera à rationaliser cette multitude de liens sans rien perdre au niveau UX et expérience utilisateur.

  1. Règle numéro 1 : un même lien ne doit pas apparaître plusieurs fois dans une même page.
  2. Règle numéro 2 : mettez la quantité la plus faible possible de liens dans l’interface. L’internaute y trouvera son compte et votre site aussi. Je ne dis pas non plus de tout supprimer, bien sûr. Mais interrogez-vous sur la légitimité de chaque lien. Faites des univers peut-être, c’est une solution. La plupart des sites sont envahis dans l’interface de liens inutiles, vraiment.

De la règle numéro 2, combien de liens insérer dans les pages hors du contenu ?

Vous tenez à transformer votre site en sapin de Noël. Alors, faites-le sans désastre SEO. Il existe des moyens pour placer certains liens, par exemple, dans une iframe. Vous pouvez aussi obfusquer les liens en double. Ce ne sont que quelques possibilités parmi d’autres d’éviter les fuites de jus. Et cela, sans la moindre triche. Cela ne résoudra pas le fait d’avoir une interface très chargée. En revanche, vous n’userez pas les nerfs des moteurs de recherche !
 

Liens de partage superfétatoires


Parfois, les fuites viennent d’emplacements inattendus. J’ai vu des bizarreries sur des listes de produits. En effet, des boutons de partage y fleurissaient en dur sur chaque élément ! Mais qui donc va partager un produit sans avoir consulté sa fiche avant ? À raison de 3 boutons de partages par produit, le désastre sera assurément au rendez-vous !
 

Non-utilisation des pages surpuissantes


Cela vient un peu en marge du gâchis d’une UX mal pensée. Il existe des pages reliées de partout (comme le fameux trombinoscope). L’histoire de l’entreprise en fait également partie, le plus souvent. Pourquoi ne pas profiter de ces dernières ? Mettez-y un contenu avec des liens contextualisés vers les pages importantes du site.

D’une manière générale, sitôt passé un crawl sur votre site :

  •  identifiez les pages les plus puissantes
  •  si elles n’ont pas de vrai contenu, mettez-en un. Faites alors des liens de celui-ci vers vos pages importantes.

Mais il reste un gros souci quand même une fois nettoyée l’UX. En effet, comme dit plus haut, les liens ne doivent pas être démultipliés. Faute de quoi, c’est une perte sèche.

Pourquoi ? Seul le premier lien trouvé dans l’ordre de lecture du HTML sera pris en compte (en première approximation). En général dans le HTML, vous avez le menu en premier et ensuite le contenu. Par conséquent, quel sera le poids du lien de maillage ?

Souvent, je recommande les liens avec des ancres d’url pour dédoubler les liens (url avec #). À ce jour, Google semble toujours les analyser comme d’autres url. Mais il existe une alternative intelligente à plus d’un titre. Elle est très simple. Il suffit de caser l’appel du menu en fin de HTML. Le CSS se chargera de le placer en haut.

Si votre développeur vous dit que ce n’est pas possible pour des questions de compabilité mobile, interrogez-vous sur ses compétences ;-)

Il y a deux avantages à cela :

  1. Chaque page débute de façon distincte. Google n’est pas obligé de se taper la lecture systématique de votre menu. Vos pages sont immédiatement différentes entre elles. Ainsi, elles seront mieux valorisées.
  2. Les liens de maillage interne seront parcourus en premier. Donc, la sémantique du contenu pourra, là aussi, valoriser les liens du maillage.

Est-ce une technique « borderline » voire « Black-Hat » ? 


Non, absolument pas.

Regardez le code source des pages de Wikipedia. Vous pouvez également examiner l’affichage en mode texte dans le cache de Google. Vous serez fixé.

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart&rls=en&strip=1&vwsrc=0

Le menu de navigation est placé parmi les derniers éléments. En effet, il n’apporte AUCUNE valeur sémantique à la page. C’est le même partout. Wikipedia a donc choisi de faire cela intelligemment : la page commence par le H1 !

Votre site est-il à la hauteur de vos ambitions ? Votre agence web a-t-elle pris en compte vos besoins de visibilité ? Applique-t-elle tout ce qui se trouve ici ? Ce sont des prérequis, parmi d’autres. Pourtant, bien souvent, le discours tenu est totalement irrationnel : sans visibilité, votre site ne sert à rien !
 

Conclusion


Je me suis concentré ici sur un seul aspect. J’ai abordé les points pouvant impacter directement les performances d’un maillage interne.

Nous pourrions, bien sûr, augmenter considérablement la quantité de liens dans le contenu pour compenser. Mais ensuite, c’est ce dernier qui devient imbuvable…

N’allez pas cloacker votre menu pour autant. J’ai vu des sites « reculer » pour l’avoir fait sur l’ensemble des pages.

Certes, il y aurait encore beaucoup à dire. J’espère vous avoir sensibilisé au fait que se rater est à la portée de tous. Avant de regretter de mauvaises positions, regardez déjà la structure de votre site. Demandez-vous ce qui a été fait de travers.

Laissez votre maillage s’exprimer, vous avez tout à y gagner.