Un scroll infini sans une infinité de problèmes SEO, c'est possible

Un scroll infini sans une infinité de problèmes SEO, c'est possible Epargner à l'utilisateur la nécessité de "tourner la page" pour voir les produits suivants ne fait pas l'unanimité parmi les référenceurs. Mais des solutions existent pour limiter les risques.

Pour certains référenceurs web, le scroll infini augmente la facilité de navigation. Pour d'autres, il génère surtout une infinité de problèmes SEO. Cette fonctionnalité, qui consiste sur une page de liste à faire charger au fur et à mesure du scroll les nouveaux éléments sans jamais demander de clic pour changer de page divise la communauté du référencement. Le 25 mars dernier, Martin Splitt, chargé des relations avec les développeurs pour les sujets search chez Google, revenait dans une vidéo sur les difficultés et les recommandations du moteur de recherche à ce sujet. Voici un éclairage pour aider les référenceurs qui hésitent à y voir plus clair.

Des risques SEO mais une valeur ajoutée sur l'UX  

Plusieurs raisons expliquent que les référenceurs se montrent frileux vis-à-vis du scroll infini. Contrairement à une page unique mais très longue, une page en scroll infini ne présente pas tous les éléments lors du chargement initial. Une fonctionnalité en JavaScript repère lorsque l'utilisateur s'approche de la fin de la page et lance le chargement des contenus additionnels qu'il va pouvoir lire sans avoir besoin de cliquer. Mais voilà, "Googlebot, lui, ne scrolle pas", rappelle Aurélien Bardon, fondateur d'Aseox.

Pour lui, il y a plusieurs problèmes de référencement naturel qui guettent les pages concernées : "d'abord, il est impossible d'accéder au footer", ce qui pose problème lorsque des informations ou des liens importants s'y trouvent. Ensuite, "cela peut provoquer des problèmes de lenteur d'affichage et de chargement, puisqu'il faut passer par du JavaScript". Mais surtout, "une page en infinite scroll non optimisée pour le SEO rendra invisible pour les moteurs de recherche les produits qui ne sont pas affichés dès le chargement de la page. GoogleBot ne verra pas les liens pointant vers eux depuis la catégorie car il ne scrollera pas comme peut le faire l'utilisateur. Le HTML ne contient jamais les liens vers les produits traditionnellement affichés sur la pagination de niveau 2 et supérieure". Résultat, des problèmes de crawl des produits additionnels et du maillage interne. Le test de Google des résultats enrichis permet de savoir exactement ce que voit et crawle le GoogleBot sur une URL donnée.

En outre, d'expérience, Aurélien Bardon sait qu'il est plus long et coûteux de développer du JavaScript optimisé pour le SEO "et beaucoup de développeurs savent coder correctement une pagination classique, avec page 1,2,3, mais peu d'entre eux ont les compétences pour le scroll infini, et encore moins en prenant en compte les contraintes du référencement naturel". La fin de la prise en compte des balises prev/next annoncée par Google en mars 2019 a de ce point de vue encore compliqué leur tâche.

"On se voit proposer les articles suivants sans avoir à les demander activement"

Même s'il a bien conscience de ces risques, Frédérik Bobet, CEO de Trikaya Communication, voit, lui, les avantages UX de cette pratique : "On se voit proposer les articles suivants sans avoir à les demander activement. Et puis au niveau graphique, on ne s'embarrasse pas d'une pagination souvent vilaine". "Si l'objectif est d'augmenter la conversion, alors il faut AB tester pour montrer que cela rapporte de l'argent", conseille Aurélien Bardon, circonspect.

Priorité à la pagination pour sauver le crawl

Aurélien Bardon en convient : "En SEO, tout problème est contournable." Même ceux générés par le scroll infini ? La priorité en la matière, c'est de faciliter le crawl de toute la liste de produits et des liens qui les accompagnent. "Il faut laisser une pagination avec de vrais liens <a href> pour que les moteurs de recherche puissent la parcourir, sauf qu'ici on peut les cacher à la navigation et les afficher pour les crawlers en mettant tous les liens de pagination sous la propriété CSS display:none", conseille Frédérik Bobet. Aurélien Bardon suggère plusieurs solutions alternatives : "Il faudra s'assurer que Google dispose d'un autre moyen pour les découvrir tels qu'un sitemap, des liens de cross/up selling depuis une fiche produit ou des liens proposés sur d'autres catégories, comme des produits liés à plusieurs catégories, par exemple". Mais il nuance : "Toutefois, cela ne remplacera pas le maillage interne et donc le jus qu'auraient pu recevoir ces produits sans infinite scroll".

Pour sa part, Martin Splitt recommande aux webmasters de vérifier que leur bibliothèque JavaScript supporte déjà bien le chargement des données entrant au-dessus de la zone de flottaison. Et pour le scroll infini des images, il précise que "l'utilisation en est acceptée si elle passe par l'API IntersectionObserver". Quant au lazy-loading, la technique sur laquelle repose le scroll infini, la documentation de Google donne plusieurs recommandations pour rendre la pagination compréhensible pour les robots de crawl. Martin Splitt ajoute : "Pour être certain que votre site web supporte complètement le chargement de la pagination, vous devez être capable de fournir un lien unique pour chaque section, que les utilisateurs puissent partager et télécharger directement".