Blockchain : la clé de l’émergence de la ville intelligente
La blockchain pourrait offrir les avancées dont nous avons besoin en termes de sécurité des données pour permettre l’avènement de la ville intelligente.
Tant de choses ont été dites sur les villes intelligentes que le terme commence même à perdre son sens. Si l’on pousse le concept jusqu’à sa conclusion logique – celle d’un environnement urbain où l’essentiel de la vie quotidienne est rationalisé ou entièrement automatisé – cette avancée a des répercussions bien plus excitantes du point de vue des citoyens. Des projets de ce type sont actuellement en cours de déploiement en contexte urbain.
Le principal obstacle à la concrétisation de ce scénario n’est pas la technologie. Comme le montrent les exemples de Songdo, Dubaï ou encore Singapour, nous disposons déjà du nécessaire pour automatiser de vastes pans de vies quotidiennes. Ce sont en revanche les données créées par la technologie et plus spécifiquement, les inquiétudes autour de la sécurité de ces données qui freinent l’avènement de la ville intelligente. C’est dans ce domaine que la blockchain pourrait offrir l’avancée dont nous avons besoin.
Données contre sécurité
Projetons-nous désormais dans ce que sera la vie au sein d’une ville intelligente. Elle ressemble alors à une vie sans effort. Le citoyen de cette ville n’aura plus besoin d’expliquer ce qu’il est venu acheter à un employé en entrant dans un magasin : la reconnaissance faciale l’aura déjà identifié. Une intelligence artificielle se chargera alors de trouver sa taille et ses préférences dans la base de données de la ville, et de précharger des options d’achat personnalisées sur une borne de commande avec écran tactile. En conduisant un véhicule dans la ville, plus besoin non plus de se préoccuper des péages ou des tickets de parking – son trajet sera enregistré par des milliers de capteurs, et tout frais sera automatiquement prélevé sur son compte en banque, sans qu’il ait à lever le petit doigt.
Le prix à payer pour cette expérience sans effort ? L’accès à des informations personnelles, sans lequel rien de tout cela n’est possible. En pénétrant dans une ville médiévale fortifiée du temps de l’Europe féodale, il fallait laisser ses armes à l’entrée et accepter d’être soumis aux lois spécifiques du village en question ; en retour, on pouvait accéder aux marchés, aux individus et à la protection qui n’étaient disponibles qu’à l’intérieur de l’enceinte. Ce sera le même principe dans une ville intelligente : les citoyens bénéficieront des services les plus efficaces et personnalisés que l’on puisse imaginer, mais il faudra en payer le prix – sous la forme de données.
Pour ceux qui gèrent ces villes de demain, la sécurité des données sera alors la priorité absolue. En effet, il sera indispensable pour les citoyens d’avoir l’assurance que leurs données ne seront pas égarées ou ne feront pas l’objet d’une utilisation abusive, auquel cas tout s’effondrera. La blockchain peut offrir une telle sécurité : les administrations locales pourraient alors limiter au minimum les transactions électroniques traditionnelles et sur papier, et créer une plateforme d’hébergement des données à la fois incroyablement rationalisée et virtuellement impossible à pirater. Ainsi, les contrats entre la ville et les citoyens (documents de propriété foncière ou d’émission de carte grise) deviendront des processus dynamiques, partagés entre chacune des parties, et impossibles à corrompre, perdre ou autre.
La blockchain est d’ores et déjà déployée à cette fin. Ainsi, les responsables du projet Smart Dubai, par exemple, se sont fixé pour objectif d’avoir des passeports et des systèmes de paiement entièrement numérisés et basés sur une chaîne de blocs. Cette technologie a en effet été choisie pour ses caractéristiques distinctives : neutralité, absence de hiérarchie, accessibilité et sécurité, sans oublier la transparence offerte à toutes les parties impliquées.
Ne pas oublier l'infrastructure
Évidemment, créer des blockchains pour chaque transaction dans une ville de plusieurs millions de personnes n’est actuellement pas viable. Mais avec l’évolution des villes intelligentes, nous devrions assister à l’émergence d’une approche à deux volets, avec l’utilisation de l’authentification à deux ou trois facteurs pour protéger les informations les moins critiques, et des systèmes basés sur une blockchain pour des informations personnelles sensibles, ou lorsque des renseignements commerciaux hautement précieux et stratégiques sont en jeu.
Les villes intelligentes sont par nature extrêmement complexes et fortement interconnectées. Elles ont besoin d’infrastructures numériques capables de se connecter physiquement aux capteurs, appareils et machines dispersés géographiquement constituant les différents systèmes, services et expériences publics, afin de pouvoir échanger des informations en temps réel.
Les administrations seront donc confrontées à deux défis : veiller à la sécurité des énormes volumes de données générés par les villes intelligentes et s’assurer que l’infrastructure numérique adaptée soit en place pour faire face à cette montagne d’applications, de données, de contenus, de clouds, de réseaux et d’individus divers et variés. La blockchain peut potentiellement apporter la réponse au premier point. Le second sera abordé en temps utile.