Sécurité et prévention des risques : le Grand Paris est un chantier hors normes

Sur n'importe quel chantier, la sécurité et la prévention des risques d'accident constituent un enjeu majeur. Pour le Grand Paris Express, ces préoccupations sont multipliées par l'ampleur du projet.

Sur n’importe quel chantier, la sécurité et la prévention des risques d’accident constituent un enjeu majeur dont tiennent bien sûr compte tous les acteurs du BTP. Avec le Grand Paris Express, projet hors normes s’il en est, ces problématiques sont évidemment démultipliées et la Société du Grand Paris comme toutes les entreprises engagées ont donc fait de la sécurisation des chantiers une priorité absolue.

Dire que le projet du Grand Paris Express (GPE) est celui de tous les superlatifs n’est pas un vain mot. Avec 200 kilomètres de lignes et 68 nouvelles gares à bâtir, c’est tout bonnement le plus grand projet urbain d’Europe de la décennie puisqu’il va permettre le doublement des du réseau de transports en commun franciliens. « On va construire plus de kilomètres de métro en 10 ans qu’on en a fait depuis 120 ans », souligne fort justement Alexandre Missoffe, directeur général de Paris Île-de-France Capitale économique. Bien évidemment, pour mener à bien un projet d’une telle ambition, des travaux d’une envergure sans précédent sont nécessaires. De 2016, année des premiers chantiers entamés dans le cadre du GPE, jusqu’à 2030 qui, sauf incident, devrait être la date de livraison, pas moins de 300 chantiers seront nécessaires à la construction de ces multiples infrastructures. Au plus fort du projet, environ 200 chantiers seront menés en simultané, soit un tous les 800 mètres. Au total, 15000 personnes ont travaillé, travaillent actuellement ou travailleront sur l’un des chantiers du GPE. Un tel effectif évoluant dans des conditions parfois difficiles au contact de machines potentiellement dangereuses, en milieu urbain dense, tout cela contribue à démultiplier les risques d’accidents. Une variable que la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage du GPE a bien évidemment prise en compte dès la conception du projet.

La sécurité, une priorité de la SGP

Pour concrétiser la priorité qu’elle accorde à la sécurité des compagnons et des riverains, la SGP a désigné son « Monsieur sécurité », en la personne de Bertrand Masselin. Cet ancien responsable interdépartemental de la prévention des risques au sein de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris est depuis 2018 le responsable de la sécurité et des chantiers du Grand Paris. « Dans le cadre des missions de sécurisation des chantiers, le domaine d’intervention est très large », explique-t-il. En effet, c’est peu de dire qu’il a fort à faire tant les risques sont multiples, entre les chutes de hauteur depuis les échafaudages des bâtiments en construction et les accidents corporels ou blessures liés à l’utilisation des machines sur les chantiers en surface. Mais c’est dans le cadre des nombreux chantiers en sous-sol, des travaux souterrains à une échelle inédite, que les risques sont encore plus nombreux : malaises, éboulement, incendie ou encore inondations dans les tunnels, comme ce fut le cas en 2016 sur le chantier de prolongement de la ligne 14 du métro entre Saint-Lazare et Mairie de Saint-Ouen. Et la tâche de Bertrand Masselin ne s’arrête pas là car, s’il a la charge de la sécurité des activités propres aux travaux entrepris par les différentes entreprises engagées dans le projet du GPE, en tant que « générateur de risques », il doit également protéger l’environnement aux abords directs des chantiers, donc les riverains, les passants, les automobilistes et les usagers des lignes impactées par les interventions.

Bien sûr, le risque zéro n’existe pas, mais la SGP met tout en œuvre pour que les accidents soient le moins nombreux possible et que leur gravité soit la plus limitée. À son arrivée au sein de la SGP, Bertrand Masselin a souhaité mettre en place une philosophie commune en matière de sécurité et prévention des risques en impliquant les maîtres d’œuvre, les assistants à maîtrise d’ouvrage, les Coordonnateurs de sécurité et de protection de la santé (CSPS) et les chargés de prévention dans toutes les actions sécurités. Sous son impulsion, la SGP a rédigé une « Charte et référentiels sécurité des chantiers », « Ce document a une place élevée dans la hiérarchie des textes, assume Bertrand Masselin. Il est annexé au cahier des clauses administratives particulières, et se positionne donc dans les dossiers au-dessus des pièces techniques ». C’est dire l’importance que la SGP accorde à ce sujet de la sécurité !

Les entreprises du BTP au diapason de la SGP

Bien entendu, toutes les entreprises du BTP qui interviennent sur les chantiers du GPE veillent à appliquer au mieux les consignes et mesures de sécurité de la charte. Chez Eiffage par exemple, on a bien intégré cet aspect des travaux et fait siennes les exigences de la SGP. Comme chez ses homologues, la sécurité est une préoccupation majeure. L’entreprise déploie beaucoup d’efforts pour se rapprocher du « zéro accident », voire du risque zéro, tout en étant bien consciente qu’il n’existe pas. Eiffage fait même de la sécurité un critère de progression au sein de l’entreprise. « les patrons qui ne progressent pas en sécurité, ne seront pas non plus performants au plan opérationnel, tout simplement parce qu’ils n’anticipent pas,  ne planifient pas leurs chantiers, ne déploient pas une vision 360° de leur chantier. », explique Guillaume Sauvé, président d’Eiffage Génie Civil et Eiffage Métal. « Depuis 30 ans, nous avons fait de très gros progrès en matière de sécurité », renchérit Loïc Thévenot, directeur du Département Travaux souterrains chez Eiffage avant de détailler les différentes initiatives prises par sa société dans le cadre des chantiers du GPE en matière de sécurité : cela passe notamment par un éclairage utilisant les LED qui offrent un confort visuel bien plus grand que les néons, qui éclairent moins bien, ainsi que par la présence sur les matériels de système de détection de plus en plus précis. « Nous mettons des caméras qui font de l’analyse d’image pour dire à l’opérateur « Attention là il y a un piéton », avec un signal visuel », explique-t-il. Enfin, tous les collaborateurs d’Eiffage peuvent s’appuyer sur Safety Force, une application développée par l’entreprise et dédiée à la prévention. Permettant de mesurer en temps réel le niveau de performance sécurité, par l’appréciation de la maîtrise des 20 exigences fondamentales de sécurité, cette application est utilisée sur tous les sites de l’entreprise à travers le monde, et bien évidemment sur les chantiers particulièrement délicats du GPE.

Chez Demathieu Bard aussi, la sécurité n’est pas prise à la légère. L’entreprise, qui est engagée dans la réalisation de plusieurs projets en travaux souterrains dans le cadre du GPE, avec le prolongement des lignes 4, 11 et 15 Sud ainsi que le prolongement du RER E vers l’Ouest, mène depuis plusieurs années déjà une politique de sécurité avec, pour ligne d’horizon le« zéro accident », comme Eiffage. Pour cela, les salariés peuvent compter sur la SMDB, la société de matériel du groupe Demathieu-Bard qui fournit aux chantiers l’essentiel du matériel sensible en matière de sécurité. Rien qu’en 2020, 7 millions d’euros ont été investis dans le matériel par le groupe afin de renforcer la sécurité sur les chantiers, notamment sur ceux du GPE. Pas de doute, les entreprises du secteur du BTP sont donc bien sur la même longueur d’onde que la SGP en ce qui concerne ce sujet sensible, et se montrent très vigilantes afin de réduire au maximum les risques d’accidents sur les chantiers dont elles ont la responsabilité, et en particulier les plus complexes d’entre eux.