Collectivités versus inflation : vers une approche positive des finances locales ?

Alors que les collectivités cherchent des économies pour faire face à l'inflation, une approche plus positive des finances locales pourrait leur apporter un souffle nouveau.

L’année 2023 commence dans des circonstances bien particulières pour les collectivités, dont le quotidien est marqué par une inflation exceptionnelle, notamment en ce qui concerne les prix de l’énergie. Selon une dernière étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) pour l'Association des maires de France (AMF), plus de trois maires sur quatre déclarent être préoccupés ou très préoccupés par la crise énergétique. Peuvent-ils éviter une nouvelle année difficile ?

Face aux coûts qui augmentent, et une situation nouvelle, le premier réflexe de la grande majorité des collectivités fut de diminuer les dépenses.

L’étude susmentionnée indique plusieurs postes que les maires ont ciblés pour ce faire : 90% des maires envisageaient de réduire l'intensité ou l'amplitude horaire des éclairages, 86% de baisser le chauffage dans les installations sportives, 81% celle des bâtiments municipaux. Mais d’autres dépenses étaient également concernées : 54% des élus prévoyaient de réduire les achats de fournitures et de prestations de service, 40% pensaient renoncer ou reporter des projets de recrutement, 33% souhaitaient réaliser des coupes dans leurs dépenses de voirie…

Mais jusqu’où cette stratégie mènera-t-elle ? 

Certains le voient déjà : la hausse de l’inflation n’est pas près de ralentir, et les réductions des coûts ne suffiront pas. Les maires seront-ils alors contraints d’augmenter les impôts locaux ? Or, alors que les administrés sont déjà sous la pression de l’inflation, eux aussi, l’augmentation des taxes n’est pas une solution qui semble applicable. Est-ce que cette période de crise inflationniste n’est pas l’occasion pour les collectivités de repenser leur modèle et d’y voir des opportunités ?

Après une première réaction à chaud, les collectivités gagneraient maintenant à se rendre compte de la nécessité de trouver des solutions plus pérennes. La sinistrose n’est pas immuable et les collectivités disposent souvent des ressources pour adopter une approche positive de leurs finances.

Agir, et non pas subir, c’est tout d’abord savoir mobiliser ses administrés au profit de la collectivité. Certaines communes ont fait appel à leurs citoyens pour les aider à aménager les espaces publics ou participer à l’organisation des événements de la commune, chacun contribuant à hauteur de ses compétences et motivations. Une économie réalisée, des citoyens rassemblés autour d’un projet. Une collectivité qui met en place une approche positive, malgré un contexte qui lui est défavorable.

D’autres solutions ne sont souvent pas très loin, et la location des biens publics en fait partie. Les collectivités disposent toutes de biens immobiliers, du musée à la salle des fêtes de village, souvent peu exploités. L’optimisation de la gestion de ce parc immobilier pourrait apporter plus de 2,5 milliards d’euros de revenus supplémentaires au niveau national. Ces salles polyvalentes, amphithéâtres, lieux culturels jusque-là considérés principalement comme des postes de dépense peuvent, dans le contexte actuel, devenir des sources de revenus. C’est l’initiative qu’a par exemple pris le maire d’Escœuilles dans le Pas-de-Calais pour capitaliser sur la salle des fêtes de sa ville et en refaire à la fois un lieu de vie et une source de revenus pérenne.

Le patrimoine mobilier peut également en être une, par ailleurs, notamment par la vente du mobilier ou autre matériel qui n’est plus utile à la collectivité. Ouvrir davantage au public ce qui relève du bien commun est à la fois une mesure sociale et économique.

Adopter cette approche positive, malgré – ou justement en raison d’ – un contexte tendu peut paraître une mission impossible après plusieurs années difficiles que nous venons de vivre. Or, c’est peut-être grâce à cette approche que nous pourrons activer de nouvelles ressources, et maintenir des services pour les administrés sans devoir passer par l’accroissement de la charge fiscale. Car au-delà des postes de dépenses, les collectivités ont encore des postes de revenus à aller chercher. La hausse des coûts semble être là pour durer, profitons-en, élus et citoyens, pour être créatifs et adopter une approche positive de la gestion des finances locales.