Comment Atos compte livrer en 2017 l'ordinateur le plus puissant du monde

Comment Atos compte livrer en 2017 l'ordinateur le plus puissant du monde Atos a dévoilé Sequana, une nouvelle génération de supercalculateur. Une machine livrée l'année prochaine doit battre des records de puissance de calcul.

Atos bombe le torse : son supercalculateur de nouvelle génération, appelé "Sequana", a été présenté à la presse, en présence de son PDG Thierry Breton, mais aussi d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie. Mise au point grâce à l'expertise de Bull, acquis par Atos en 2014, cette machine doit tout simplement devenir l'une des plus puissantes au monde, si ce n'est la plus puissante, dès l'année prochaine.

Thierry Breton montre le Sequana à Emmanuel Macron. © JDN

Livraison prévue pour le CEA

Pour l'instant, celle qui a été présentée n'atteint "que" 1,1 pétaflop/s de puissance de calcul, mais elle va gagner en puissance. Sequana adopte en effet une approche modulaire. Il suffit ainsi, à en croire Bull, d'associer des modules pour multiplier ses capacités. Et Atos a déjà trouvé l'utilisateur qui va porter sa performance à des niveaux jamais atteints en France, ni même en Europe : le CEA. Le Commissariat à l'énergie atomique devrait en effet annoncer l'année prochaine la mise en place d'un supercalculateur Sequana doté d'une puissance de plus de 30 pétaflop/s.

De quoi aussi atteindre les sommets du classement mondial officiel des supercalculateurs, aujourd'hui dominé par la Chine et son Tianhe-2 (de plus de 33 pétaflop/s) et dans lequel la France est à la traîne. Au sein de ce palmarès, la machine la plus puissante dans l'Hexagone, appartenant à Total, siège actuellement à la 33e place, et la plus puissante d'Atos/Bull à la 44e. Voir le CEA s'engager dans un tel projet n'est pas vraiment une surprise. Il possède déjà le Tera100, qui avait été la première machine de Bull conçue et réalisée en Europe à avoir dépassé le pétaflop/s, en 2000.

Le CEA n'est pas le seul à avoir commandé un Sequana. D'après nos informations, le Genci et le SURFsara, fondation hollandaise dédiée au High Performance Computing, ont déjà manifesté leurs intentions d'acquérir ce super ordinateur. Et d'autres discussions sont en cours.

Consommation réduite et composants de pointe

Si Atos a déjà les clients, il lui manque encore la technologie. Du moins en partie, mais c'est une partie cruciale. L'entreprise de services du numérique est en effet très fière d'avoir mis au point son chip "BXI" (pour Bull Exascale Interconnect) : un composant de pointe, qui contient des milliards de transistors, et qui va pouvoir soulager le processeur de calcul du supercalculateur, pour qu'il ne fasse plus que du calcul – tout le reste étant justement géré par le BXI. Mais ce composant est encore à l'état de prototype. Atos y met la dernière main. Il devrait être achevé cet été. La livraison de la machine du CEA ne pourra donc pas se faire avant plusieurs mois (elle est prévue pour l'année prochaine).

Le Sequana © JDN

Si la puissance de calcul est importante, ce n'est pas la seule qualité du Sequana. Sa densité est en effet impressionnante : pour une puissance de calcul équivalente au supercalculateur Curie que Bull a fourni au Genci, c'est-à-dire 2,2 pétaflop/s, deux modules de Sequana de 1,1 pétaflop/s occupent dix fois moins de surface (50 m² pour le Curie, contre à peine 5 pour le Sequana). La consommation électrique a aussi été drastiquement réduite. Le Curie consomme 2 200 kilowatts, et le Sequana 250. Une différence très importante, car un mégawatt coûte à peu près un million d'euros par an. Célèbre indice pour mesurer l'efficacité énergétique, le PUE de Sequana tend vers 1, la note parfaite.

A l'heure où triomphe le Big Data et l'analyse d'énorme quantité de données, cette nouvelle architecture doit remettre la France dans une course mondiale où elle s'est dernièrement fait distancer. Atos est donc confiant sur la livraison d'une machine de plus de 30 pétaflop/s en 2017. L'entreprise compte aussi sur ce nouveau socle technologique pour atteindre avant 2021 l'exascale, c'est-à-dire les 1000 pétaflop/s, le Graal dans ce domaine actuellement. Thierry Breton pense déjà à l'étape d'après : une équipe d'Atos travaille déjà sur l'informatique quantique, qui pourrait bien repousser les limites… Mais il s'agit là d'un objectif pour 2030 voire 2035.