Jérôme Bourreau (VSC Technologies) : "Voyages-sncf.com se limite à 10 serveurs pour gérer jusqu'à 2000 messages par secondes"

La société est en charge de la direction technique de l'ensemble des déclinaisons du site de la SNCF. Elle intervient également pour harmoniser les outils de distribution ferroviaire du groupe en Europe.

VSC Technologies existe depuis près de trois ans. Quel périmètre gérez-vous aujourd'hui ?
VSC Technologies est l'ancien département technologique de voyages-sncf.com qui réalise, héberge et développe les futures versions du site, son outil de datawarehouse, mais aussi la société qui va gérer d'autres composants pour Eurostar, idtgv, et plus de 200 agences de voyages en France et même plus récemment pour les chemins de fer suisse. Nous sommes au total 135 personnes.

Quelles sont vos missions vis-à-vis de la SNCF ?
VSC Technologies répond à 3 missions principales : la première, être la direction informatique du site Web de voyages-sncf.com. Nous hébergeons le site, nous réalisons des études sur les dernières technologies Internet, et nous développons et maintenons les différentes déclinaisons de voyages-sncf.com : le site classique, le site mobile, le site europe et ses 8 déclinaisons, dont l'espace pro.

Notre deuxième mission consiste à apporter les innovations qui viennent du Web à la SNCF, pas seulement pour le site Web d'ailleurs. Nous devons être le catalyseur pour porter ses idées au sein du groupe, dans le but d'apporter de meilleurs services aux clients. Nous aidons également à la réalisation de ces petites évolutions.

Et quelles missions effectuez-vous pour d'autres comptes que la SNCF ?
Nous essayons d'harmoniser les outils de distribution ferroviaire en Europe. Nous traitons pour cela avec les sociétés présentes sur le sol français et européen : Eurostar, Thalys, les chemins de fer suisse. Nous avons pour but d'équiper les autres entreprises européennes dans le cadre du projet transeuropéen de grande vitesse RailTeam. VSC Technologies développe des outils pour faciliter la réservation des trains quel que soit le pays où l'on effectue cette réservation.

Qu'est-ce que ces nouvelles missions impliquent sur votre organisation ?
Notre deuxième rôle de conseil, de veille et de laboratoire pour la SNCF devient de plus en plus important au fur et à mesure. Notre troisième mission, participer à harmoniser les outils de distribution ferroviaire, a toujours existé à l'inverse. En participant au projet RailTeam, nous avons développé une expertise autour de la gestion des tarifs et des réservations réalisées depuis l'étranger sur des voies qui ne sont pas spécifiquement françaises.

Nous avons appris à vendre des trajets en Europe... Nous fournissons pour cela notre brique technique WDI, qui fait office de moteur de réservation sur le site voyages-sncf.com via notre marque Ravel, elle équipe aussi Thalys et prochainement Eurostar.

"Nous fournissons la couche frontale qui gère le dialogue avec les clients, ainsi que des mini-sites personnalisés"

Que proposez-vous pour les clients comme services informatiques ?
Tout d'abord la couche frontale, c'est-à-dire la couche applicative qui gère le dialogue avec les clients. Elle repose sur des moteurs de réservation, tel que WDI, et peut être utilisée pour de la réservation de nuitées d'hôtel, d'avions et de packs complets : voiture, hôtel ou avion. Pour ces réservations, nous faisons appel à Expedia, qui intègre ses réservations au sein de WDI Technologies.

Pour les agences de voyages, nous fournissons également un mini site de réservation de billets de train directement sur leur site Internet. Dans ces cas-ci, l'interface est complètement personnalisée selon les besoins du client. Et les réservations rebasculent sur notre infrastructure interne, sur laquelle nous nous engageons à fournir un très bon niveau de disponibilité.

Comment se passe la gestion des requêtes utilisateurs sur votre solution centralisée ?
Pour gérer toutes les requêtes de train, nous devons être capable aujourd'hui de traiter entre 40 et 50 demandes de disponibilité par seconde, qui aboutiront à 4 réservations par seconde en moyenne. Tout cela tient sur 8 serveurs applicatifs qui gèrent la partie Internet et le middleware développé en J2EE. Nous avons ensuite 2 serveurs de bases de données Oracle connectés avec Resarail, le système d'information de la SNCF, et pour lequel nous envoyons entre 1800 et 2000 messages par seconde.

Au vu des charges parfois importantes que vous êtes amenés à traiter sur un petit nombre de serveurs, avez-vous envisagé l'utilisation de couches de virtualisation ?
Oui, c'est le cas. Nous mutualisons nos services sur nos serveurs Web en ayant plusieurs JVM lancées simultanément. Cela nous évite d'entrer dans la complexité réelle de la virtualisation tout en offrant de bonnes performances. Aujourd'hui, nous fonctionnons avec seulement 8 serveurs de type T2000 ou T5000, qui sont des machines milieu de gamme. Cette configuration est possible parce que l'exécution du code est réparti sur plusieurs JVM.

Cette centralisation n'est-elle pas risquée en cas d'incident ?
Non, car nous sommes capables de contrôler les différents services par le biais de container. Du coup, si un problème survient sur Eurostar, ça n'impacte pas IDTGV par exemple. Nous avons mis cela en place pour empêcher qu'un site ne vienne cannibaliser les ressources. Le choix de la mise en place de container plutôt qu'une solution de virtualisation s'explique par notre stratégie en matière d'équipements. Nous sommes plus portés sur les petits outils que sur les grosses solutions.

Aujourd'hui, je ne paye rien pour avoir de la virtualisation, sauf la machine et le système d'exploitation qui va avec. Et je suis capable de faire de la virtualisation. Du coup, je ne vois pas l'intérêt d'acheter une couche supplémentaire. Toutes nos applications fonctionnent avec les mêmes OS et les mêmes technologies.

"Nous avons signé avec Sun pour la 8e année consécutive"

Qu'en est-il de votre architecture ? A-t-elle évolué depuis 2003 ?
Nous sommes en train de la reconstruire. Nous venons de remplacer les anciennes machines par de nouvelles technologies qui viennent de sortir chez Sun. Nous avons signé avec eux pour la 8e année consécutive car leurs nouvelles machines sont vraiment efficaces. Ce renouvellement de matériel nous a permis de spécialiser nos serveurs, et de réaliser ainsi d'énormes économies sur les licences de serveurs applicatifs. Nous n'avons toutefois pas encore fait le grand saut pour passer les serveurs applicatifs à l'Open Source.

En remplaçant nos machines par des nouvelles, plus écolos et plus faciles à maintenir nous avons réalisé des économies. L'argument de la consommation électrique nous a également intéressé, car sans que cela nous coûte plus cher, nous pouvons faire les choses bien. L'arrivée d'une nouvelle technologie nous permet d'avoir un comportement plus responsable. Nous avons pris du coup notre responsabilité pour remplacer aussi les machines qui n'avaient pas été encore amorties.

Votre évolution de périmètre d'activité a-t-elle entraîné une évolution des effectifs ?
L'équipe a énormément grossi. Début 2006, nous étions déjà 70, et aujourd'hui nous sommes 135. A la fin de l'année, nous devrions être 150 personnes. Nous recherchons des profils très techniques, des experts J2EE ou des chefs de projets. La matière grise compte plus pour nous que les ressources machines. Et bien que les besoins en ressources matérielles progressent, la loi de Moore nous permet d'en atténuer le besoin. La vraie intelligence de notre société réside de toute manière dans la qualité des personnes dont nous disposons.

Il n'y a pas d'affichage statique, chaque enchaînement de page amène une soixantaine de requêtes vers les systèmes centraux. Et toute cette charge tient sur seulement 8 serveurs. Il faut le dire : nos salariés ont fait un très bon boulot. Notre objectif pour la suite consiste donc à continuer d'investir dans les ressources humaines. C'est un budget qui croît pour nous presque aussi vite que l'augmentation du trafic.