Solomon Hykes, le Français qui a conquis la Silicon Valley

Solomon Hykes, le Français qui a conquis la Silicon Valley Ce diplômé de l'Epitech a popularisé l'usage des containers, révolutionnaires, dans l'informatique. Il aura aussi brillamment réussi un pivot avant de connaître un succès fulgurant avec Docker, aujourd'hui valorisé un milliard de dollars.

Cette biographie est diffusée dans le cadre de l'élection de la personnalité informatique française 2016, organisée par le JDN.

Fils d'un père américain et d'une mère franco-canadienne, Solomon Hykes a 4 ans lorsque ses parents viennent s'installer en France. Né en 1983, il intègre l'Epitech en 2001. Durant ses années d'études, il brille en programmation système en C sous Unix, et se fait remarquer par ses professeurs pour ses contributions à des projets complexes.

Passionné d'informatique depuis son plus jeune âge, celui qui s'essaie au code depuis ses 7 ans, pouvait aussi passer des heures au cyber-café à jouer à des jeux vidéo. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a obtenu son premier job. En échange d'interventions sur les serveurs du cyber-café, il pouvait se connecter gratuitement à internet. C'est comme cela qu'il est passé des jeux vidéo à la programmation informatique, a-t-il expliqué à Forbes.

De DotCloud à Docker

En 2008, avec un autre ancien de l'Epitech, il co-fonde DotCloud, qui deviendra plus tard Docker. Les locaux de DotCloud se situent à Montrouge, chez la mère de Solomon Hykes. Avec cette entreprise, si la technologie de containers est en cours de création, elle n'en est qu'à ses prémices (pour comprendre le fonctionnement des containers, lire Cloud : pourquoi Docker peut tout changer ?). Premier tremplin : cette société qui vit de ses prestations de services informatiques va être intégrée en 2010 par l'une des pépinières d'entreprises les plus prestigieuses outre-Atlantique. Le projet, recalé à la session d'hiver 2010, est en effet retenu in extremis pour intégrer la session d'été de Y Combinator, le célèbre accélérateur de start-up qui a vu passer Airbnb ou encore Dropbox. Dans la foulée, Solomon Hykes s'installe à Mountain View, dans la Silicon Valley pour y améliorer et développer sa technologie. DotCloud propose alors une offre de plateforme as a service.

Solomon Hykes à l'occasion de la DockerCon Europe fin 2014 © JDN

Lors de la démonstration de leur solution, Solomon et son équipe mettent en évidence que, bien avant d'être commercialisée, elle a déjà conquis les start-up présentes dans les locaux de l'accélérateur, qui lui ont confié la stabilité de leur application. Cet argument, associé aux innovations technologiques, va faire mouche, et conquérir les premiers investisseurs, dont Ron Conway, l'homme qui avait déjà misé sur Google et PayPal. À l'issue de ce "Demo Day", Solomon Hykes réussit à lever 800 000 dollars. Des containers constituent alors le socle des services de DotCloud, mais ce n'est pas encore eux qui sont mis en avant. Cela ne va pas tarder : quelques mois plus tard, c'est en se rendant à une conférence où son pitch est attendu, en Californie, que Solomon Hykes se dit qu'il doit prendre des risques. Au lieu de parler de DotCloud comme l'attendait l'équipe, il présente son projet Docker, qui se focalise sur les containers. Très bon choix qui suscite l'intérêt. La machine est lancée, et rien ne l'a arrêté jusqu'à aujourd'hui.

Le choix de l'open source fait décoller la technologie

Très vite, DotCloud commercialise un produit dont les containers constituent la base. L'accueil fait à sa technologie est plus que favorable. Un autre déclic majeur va se produire en mars 2013, lorsque le jeune entrepreneur décide d'en ouvrir le code source. L'engouement de la communauté est immédiat. Quelques semaines après, la société reçoit des centaines de patchs. Red Hat décide ensuite d'utiliser le socle logiciel Docker pour sa plateforme PaaS, OpenShift. Docker Inc. est créé, et son succès est immédiat, et fulgurant. CTO, Solomon Hykes se concentre alors sur la technologie et place Ben Golub au poste de CEO. Il voit en ce diplômé d'Harvard ayant été la clé de la réussite de plusieurs start-up, l'homme providentiel.

L'entreprise va en effet croître très vite. Elle enchaîne les levées de fonds de manière vertigineuse depuis deux ans : 40 millions de dollars en 2014, puis 95 millions l'année suivante. Depuis la création de DotCloud en 2010, l'entreprise aura levé près de 160 millions de dollars. Soutenue par Goldman Sachs ou la banque privée Northern Trust, l'entreprise a très vite vu sa valorisation atteindre des sommets. Elle dépasse aujourd'hui un milliard de dollars, rejoignant le club très fermé des licornes. Désormais intégrée aux clouds de Google, Amazon, Microsoft ou IBM, la solution a entre-temps tout simplement obligé les géants du cloud à adapter leur offre pour inclure les containers, tant ils se sont imposés, sous l'impulsion de Solomon Hykes.