Le financement, un avantage concurrentiel

Le temps où les directeurs administratifs et financiers se concentraient uniquement sur la maîtrise des coûts et les reportings financiers est révolu. Dans un monde digital, le DAF est devenu une figure incontournable en matière d'avantage concurrentiel, de stratégie et d'innovation.

Face à la concurrence, l'entreprise gagnante est celle qui obtient les meilleurs financements, les investit dans les activités appropriées, et - sur le long terme - gère au mieux les risques. Le rôle du DAF ne consiste pas à réduire les coûts, mais à réaliser des investissements pertinents et à bien gérer cette dépense d'investissement. Il s'agit d'affecter des ressources aux investissements adaptés et de les écarter de ceux à risque. Il est également question de trouver les bons compromis entre les dépenses et les retours sur investissements à court comme à long terme. Enfin, le DAF se doit de communiquer ces décisions et leurs résultats au reste de l'équipe dirigeante de la société, au conseil d'administration et à son cabinet d'audit, ainsi qu'aux actionnaires et analystes.

Si l’organisation a la possibilité d'innover - pour développer un produit ou un process apte à lui fournir un avantage concurrentiel - le DAF visionnaire s'assure alors de la disponibilité des fonds nécessaires pour saisir cette opportunité, et de leur mise à disposition rapide. Le directeur financier doit s'assurer que son entreprise investit dans des procédures agiles - c'est-à-dire, qui lui permettent de gérer les incertitudes en réagissant rapidement et habilement à tout événement et changement imprévus dans l'environnement de l'organisation. Le DAF avisé veille à ce que cette dernière possède les données pertinentes lui permettant de prendre les bonnes décisions. Le DAF idéal s'assure que l'organisation a mis en place des contrôles de gestion des risques, mais surtout que ces contrôles sont rentables, efficaces, et qu'ils ne freinent pas l'entreprise dans ses efforts pour surpasser la concurrence.

Imaginons maintenant deux entreprises concurrentes, ayant toutes deux accès au même personnel, à la même clientèle, aux mêmes circuits de distribution. L'une d'elles dispose des compétences d'un DAF « visionnaire, avisé et idéal » comme décrit précédemment. Cette société sera plus innovante, adepte du lean management* et prendra de bonnes décisions avec des perspectives d'avenir. Elle accédera plus rapidement au marché grâce à des idées innovantes, percevra un meilleur rendement du capital investi et sera moins exposée aux risques. Par ailleurs, le DAF communiquera l'ensemble de ces éléments aux marchés financiers afin de maintenir la hausse du cours de l'action et d'avoir accès à des capitaux à faible coût.

Puisque nous évoluons aujourd'hui dans un monde digitalisé, le DSI peut aider le directeur financier à devenir expert dans tous ces domaines. En fait, tout le secret pour se transformer en un DAF fin stratège réside dans la maîtrise du digital. Commençons par les données. Il appartient au département IT d'acquérir des données et de les mettre à disposition. Le département IT peut fournir au DAF des outils d'analyse, de reporting ainsi qu'une vue d'ensemble des informations de l'organisation. Grâce au cloud, l'entreprise peut créer une baie de stockage qui remplace les silos de données, ce qui permet au DAF de visualiser en totale transparence l'ensemble des secteurs d'activité et des fonctions de l'entreprise. Un processus de fusion peut ainsi être facilité si les informations de la société absorbée sont rapidement intégrées dans la baie de stockage et mises à disposition pour analyse parallèle avec les données de l'organisation acquéreuse.

Bon nombre d'investissements de l’entreprise seront liés à l'informatique. Les approches Lean et Agile des technologies d’information d'aujourd'hui peuvent aider à mieux gérer ces investissements. Ces technologies permettent d'assurer une surveillance et un contrôle de l'investissement en cours d'exécution, et de réaliser des ajustements permanents afin de maximiser la valeur de l'activité. Elles « maximisent la somme de travail non réalisé » en concentrant les exigences sur les éléments nécessaires à la réalisation des objectifs plutôt que sur des listes de souhaits ou des projets favoris. Elles rendent possibles des investissements progressifs et à moindre risque.

Les technologies d’information permettent également une utilisation plus efficace du capital lorsqu'il est investi. Une équipe informatique qui travaille dans le cloud d’AWS par exemple et utilise ses outils de DevOps peut rapidement transformer un concept en une capacité déployée, et cela avec de faibles frais généraux et peu de gaspillage. Cette approche stimule l'innovation, car elle permet de tester des idées en peu de temps, de manière peu onéreuse et à moindre risque. Elle introduit l'agilité au sein des systèmes informatiques, ce qui rend l'organisation plus souple - et par conséquent, maximise les flux de trésorerie futurs - en ayant recours à des architectures contemporaines de microservice, en créant des composants réutilisables, et en intégrant des composants libres et hébergés dans le cloud.

Grâce au cloud et aux solutions de DevOps, le département informatique est en mesure d'automatiser de nombreux types de contrôles de gouvernance, et de les rendre plus efficaces, plus lean et moins intrusifs. Ces derniers sont non seulement auto-documentés, mais aussi vérifiables et par conséquent plus à même de satisfaire les cabinets d'audit et de maintenir l'organisation en conformité avec les cadres réglementaires auxquels elle est soumise.

Notre environnement digital permet la création de concepts et leur lancement en un temps record sur le marché. Pour en exploiter toutes les possibilités, l'entreprise doit trouver les moyens de prendre des décisions rapides en matière de gouvernance et d'investissement, tout en maintenant les risques à un faible niveau. En d'autres termes, elle doit s'assurer que les flux de capitaux sont rapidement affectés aux investissements pertinents. Elle en a la capacité car, du fait des contrôles automatisés, des cycles courts de feedback, des investissements échelonnés, et d'une grande transparence - tous les symboles des pratiques des technologies d’information actuelles - le risque est réduit de manière considérable.

Un parcours lean pour des prises de décisions d'investissements de moindre importance, progressifs, à faible risque ; un processus de surveillance qui garantit l'affectation du capital aux initiatives qui créeront un avantage commercial, et uniquement à celles-ci ; des contrôles de gestion des risques efficaces sans entraver l'agilité. Ce sont là tous les domaines où le DAF peut se révéler en fin connaisseur, en s'assurant que l'organisation est en mesure d'innover et de surpasser ses concurrents, tout en gérant les risques réels. Une véritable source d'avantage concurrentiel.

*Le terme lean sert à qualifier une méthode de gestion de la production qui se concentre sur la gestion allégée des processus de l’entreprise.