Algolia lève 110 millions de dollars pour se lancer dans le conversationnel

Algolia lève 110 millions de dollars pour se lancer dans le conversationnel Le Google des apps compte asseoir sa croissance aux Etats-Unis, en Europe et en Asie-Pacifique. L'opération va également permettre d'enrichir son moteur de recherche.

Commercialisé en mode cloud, la plateforme d'Algolia est conçue pour équiper les sites web et applications avec une brique de search. Fondé en 2012 par deux Français, Nicolas Dessaigne (CEO) et Julien Lemoine (CTO), Algolia annonce avoir bouclé un tour de table de 110 millions de dollars. Menée par Accel, qui était déjà leader des deux précédentes levées de fonds en 2015 et 2017, cette opération est l'occasion d'accueillir un nouvel actionnaire : Salesforce Ventures. Autres investisseurs dans la boucle : Alven, DAG Ventures, Founders Circle, Owl Rock Capital, SaaStr Fund et World Innovation Lab. Le tout pour une valorisation non-communiquée. En comprenant la nouvelle opération, la société a levé 184 millions de dollars depuis sa création.

Algolia revendique quelque 8 000 organisations clientes à travers le monde. Medium, Periscope, Slack, Stripe, Twitch.tv… Des services digitaux parmi les plus populaires de la planète intègrent sa solution comme brique de search interne. En France, elle est déployée par Dior, Lacoste, LVMH ou France Télévisions pour mettre en œuvre les moteurs de recherche de leurs sites web respectifs.

Pour s'intégrer chez ses clients, Algolia propose deux approches : une gestion à 100% par API d'une part, une bibliothèque de librairies graphiques (React.JS, iOS, Android…) sous licence open source d'autre part. En coulisse, la plateforme s'articule autour d'un configurateur d'algorithmes dessiné pour combiner des critères de recherche propres à chaque contexte business (nombre de ventes, de likes, de followers, lieu depuis lequel les requêtes de recherche sont réalisées...), chacun pouvant faire l'objet d'un niveau de pondération différent.

Nicolas Dessaigne et Julien Lemoine sont les deux Français fondateurs d'Algolia. Le premier occupe le poste de CEO, le second de CTO. © Algolia

Fort de ce nouvel apport, Algolia entend imposer sa marque sur le front des interfaces vocales conversationnelles. "Notre objectif est de compter parmi les leaders du domaine. Nous estimons que le search est bien placé pour y parvenir. Notre technologie bénéficie d'insights utilisateurs et d'une visibilité sur les data avec lesquelles ils interagissent", analyse le CEO Nicolas Dessaigne.

Derrière cette ambition figure la vision d'un moteur de recherche capable d'interagir vocalement pour affiner ses résultats. "Nous en sommes au tout début. En matière d'IA conversationnelle, notre R&D en est à la phase de prototypage", reconnait le PDG, avant d'ajouter : "Pour l'heure, nous nous limitons, via notre offre de librairies graphiques, à adapter une requête formulée oralement en une suite de mots clés lisible par notre moteur."

Toujours en termes de R&D, la société de San Francisco compte améliorer encore et toujours la capacité de son moteur à personnaliser les résultats. Et là encore l'IA entre dans la danse. "Nous sommes déjà présents sur ce terrain. Notre plateforme peut délivrer des résultats tenant compte non seulement de l'historique de search mais aussi des contenus consultés. Pour ce faire, elle peut bâtir des profils utilisateurs en partant de zéro ou se connecter à ceux de nos clients", souligne Nicolas Dessaigne. "Ces capacités de machine learning vont être renforcées."

"Notre objectif est de compter parmi les leaders du search conversationnel"

Pour l'heure, la plateforme d'Algolia est équipée de quelque 2 000 serveurs, dont la majorité possédée en propre. Ils sont répartis sur 16 régions cloud à travers le monde dans 70 data centers. Chaque région comprend plusieurs centres de données pour optimiser latence et disponibilité. A travers son offre Algolia on Azure, le moteur est aussi disponible sur le cloud de Microsoft. Une voie choisie pour l'heure par "quelques clients", précise Nicolas Dessaigne, avant de reconnaître : "Techniquement, nous sommes capables de nous déployer sur d'autres clouds, tout dépendra des demandes du marché et des partenariats possibles." En attendant, Algolia prévoit, dans le sillage de l'entrée de Salesforce à son capital, de collaborer avec le géant américain du CRM pour proposer une intégration out of the box de son moteur à l'application cloud d'e-commerce de ce dernier (Commerce Cloud).

Suite à son tour de table, Algolia souhaite évidemment renforcer son emprunte commerciale, aux Etats-Unis, en Europe et en Asie-Pacifique. Objectif affiché : "maintenir une croissance forte". La société a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 90% en 2018.

Une IPO envisagée

Lancée à Paris, c'est toujours dans l'Hexagone que la société compte le gros de ses troupes : 220 salariés présents sur l'implantation parisienne, sur un total de 350. C'est là également qu'est basée sa R&D. Cette dernière représente 130 personnes, soit 37% de l'effectif. Un ratio en ligne - et même un peu au-dessus - avec celui des sociétés cloud en phase de forte croissance. Avec Paris, Algolia est présent à Atlanta, Londres ainsi que San Francisco où est installé son siège mondial. Mais aussi à Tokyo où elle vient d'ouvrir un bureau. "Nous pourrions ouvrir de nouveaux sites, mais pas avant 2020. L'Australie et l'Allemagne sont à l'étude. Mais, pour le moment, rien n'est décidé", confie Nicolas Dessaigne. Après cela, Algolia envisage-t-il d'entrée en bourse ? "La réponse est oui. Mais pas à court terme."