Les seniors, cible privilégiée des cybercriminels

Chaque année, aux Etats-Unis, la cybercriminalité visant les seniors s'élève à 40 milliards de dollars. Plus vulnérables, les plus de 60 ans deviennent, en effet, la cible préférée des cybercriminels.

En février 2019, en France, 8 000 seniors étaient victimes d'une arnaque au "faux support informatique" pour un montant global de 2 millions d’euros. La multiplication des attaques ciblant les personnes âgées peut s'expliquer d’une part, par leur manque d'expérience et de compétences dans l’utilisation des ordinateurs et des nouvelles technologies – pourtant de plus en plus populaires auprès de cette population - et d’autre part, par le fait qu’une grande majorité est équipée de cartes de crédit.

Il y a quelques années, les septuagénaires et octogénaires n'utilisaient pratiquement jamais d'ordinateurs. Aujourd'hui, ce sont des internautes comme les autres et ils sont nombreux à avoir un smartphone, à posséder un compte sur les réseaux sociaux ou à surfer sur Internet. Mais malgré cet engouement, ils sont moins conscients, contrairement aux plus jeunes, des cybermenaces et, la plupart du temps, ne disposent pas des solutions et de l'expérience nécessaires pour identifier les attaques et tentatives frauduleuses. Même ceux qui n’ont pas accès à un ordinateur ou à un smartphone sont de potentielles victimes, leurs informations personnelles pouvant être divulguées dans une base de données et vendues à des criminels qui peuvent ensuite les exploiter. La cybercriminalité visant les "boomers" est particulièrement florissante et cette population fait essentiellement l’objet d’escroqueries par hameçonnage téléphonique.

Aujourd’hui, les criminels s’adressent aux personnes âgées de manière à ne pas éveiller les soupçons : ils leur envoient un simple courrier électronique d’apparence normal, leur proposent de se connecter sur Facebook ou bien sur un site web connu leur signalant qu’ils ont gagné des vacances ou un autre prix attrayant. Ils tentent ensuite d'obtenir des informations sur leurs cartes de crédit et pièces d'identité afin de pouvoir les utiliser frauduleusement. Ils peuvent également se faire passer pour une personne dans le besoin et demander un transfert de fonds.

Enfin, une autre tactique, plébiscitée par les criminels, consiste à se faire passer pour un représentant de l’autorité  - fonctionnaires du gouvernement, d’une municipalité ... afin de berner ces citoyens d’un certain âge et d’obtenir frauduleusement leurs coordonnées.

Mais, les seniors sont également exposés à des méthodes plus courantes comme le phishing, l’infection par des logiciels malveillants et le vol d'informations personnelles. Malheureusement la probabilité pour qu’ils reconnaissent ce type de menaces, qu’ils s’en aperçoivent et qu’ils demandent de l’aide est très faible. De telles attaques peuvent également viser leurs smartphones, qui ne sont généralement pas équipés d'un logiciel de protection capable de les alerter de la présence de sites web malveillants ou de tentatives d’extorsion de données personnelles.

Quels conseils pour protéger cette génération des cyberattaques ?

Tout est une question d'éducation, mais pour une fois, les rôles sont inversés et c'est à la jeune génération d’accompagner ses aînés, de les mettre en garde et de leur donner quelques précieux conseils :

  • Connaitre ses amis et ses ennemis : les personnes âgées n’étant pas suffisamment conscientes des risques, il est indispensable de leur expliquer les concepts de base et de leur fournir quelques exemples d'attaques criminelles ou frauduleuses en ligne afin qu'ils puissent en tirer des leçons et les éviter.
  •  Ne pas ouvrir la porte à des étrangers et ne rien recevoir d'eux : toute communication avec une personne qu’ils ne connaissent pas personnellement doit être traitée avec la plus grande prudence. Jusqu’à preuve du contraire, il faut supposer que tous les profils sur les réseaux sociaux sont faux.
  •  Ne jamais partager d’informations personnelles - même si l’on est convaincu d'être en contact avec un fonctionnaire, ou une personne réelle -  particulièrement les détails d’une carte de crédit, une adresse ou un numéro de sécurité sociale - et surtout pas par courrier électronique ou messenger.
  •  En cas de soupçon, ne pas hésiter à demander de l’aide à une personne avisée, afin de s’assurer que l’email ou le site est bien authentique. Cette personne pourrait bien être son petit-fils de 13 ans !
  •  Si quelque chose semble "trop beau pour être vrai", alors c’est probablement faux ! Ce vieil adage fonctionne aussi bien dans le monde virtuel que réel. Il faut résister à toutes les offres alléchantes qui surviennent lors d’une recherche et entraînent l’installation d’applications douteuses sur son mobile, et éviter les personnes qui promettent monts et merveilles à condition de leur envoyer de l’argent.

Les personnes âgées continueront malheureusement à être victimes de la cybercriminalité et ce phénomène va probablement s'aggraver, avant de s'améliorer, car à mesure qu’ils deviendront plus compétents en matière de technologie, ils finiront par adopter les moyens de paiement numériques et les services bancaires via les smartphones. Il faudra probablement des années avant que les digital natives n’atteignent l’âge adulte et ne soient avertis face à de telles escroqueries. En attendant, ils doivent faire attention à leurs parents et grands-parents et les aider à se protéger.