La culture "data driven" : La condition pour réussir sa transformation digitale

Implémenter de nouveaux outils technologiques qui génèrent et utilisent la data est une chose, mais activer le potentiel de la data dans le quotidien des collaborateurs en est une autre.

Satya Nadella, PDG de Microsoft, résume ainsi la nouvelle donne mondiale à l'heure de la Covid-19 : "A world of remote everything" (un monde où tout se fait à distance). Il nous rappelle qu'en seulement deux mois, la transformation digitale qui s'opère dans nos métiers et dans nos vies a fait un bond équivalent à deux ans ! Pourtant, nous avons encore du chemin à parcourir pour être pleinement orientés data. Le véritable obstacle reste culturel.

La data, pilier de la transformation digitale

Aujourd’hui, la raison principale qui motive les entreprises à investir dans la data est d’accompagner leur transformation digitale. Cela concerne les organisations dans l’ensemble de leurs métiers, de leurs fonctions, mais aussi de manière transversale.

La data nourrit ainsi les entreprises à différents niveaux. Mais son potentiel de valeur va dépendre de l’usage qui en est fait et de la place stratégique qu'elle occupe dans la transformation. J’observe à ce jour trois propositions de valeur majeures :

  • la data pour servir les salariés d’une entreprise dans leurs missions quotidiennes, par exemple avec une mise à jour automatique des outils de BI (business intelligence) qui aident à la prise de décisions opérationnelles. 80% des entreprises en font cet usage* ; 
  • la data qui accompagne les directions dans leur prise de décisions stratégiques ; 
  • dans les entreprises, pour lesquelles la démarche est la plus élaborée, la data vient aider à repenser le business model. 

Ces propositions de valeurs doivent être conçues conjointement, pour ne pas enclaver la data dans une fonction unique. Elles doivent coexister. Elles sont complémentaires. Le rôle majeur qu’une entreprise confère à la data doit être décliné selon les domaines d’applications envisagés, comme le service client ou la gestion des risques. Ce sont les missions des départements/métiers qui doivent déterminer les objectifs de la data.

Construire une culture data driven

Pour qu’une organisation devienne data driven, c’est-à-dire entièrement orientée par les données, en combinant les trois propositions de valeur précédemment explicitées, il est indispensable qu’elle assume et mette en place une initiative de transformation. Les entreprises doivent se donner les moyens d’évoluer sans délaisser le facteur humain.

Une enquête réalisée par Big Data and AI Executive 2020 de NewVantage Partners démontre que plus de 90% des collaborateurs indiquent que les difficultés éprouvées ne viennent pas de la technologie elle-même, mais des personnes, des processus et de la culture. En ce sens, implémenter de nouveaux outils technologiques qui génèrent et utilisent la data est une chose, mais activer le potentiel de la data dans le quotidien des collaborateurs en est une autre !

La transformation digitale est donc avant tout culturelle : elle est certes “réussie” lorsque les équipes se sont familiarisées avec de nouveaux outils, mais surtout lorsqu’elles comprennent les enjeux et l’intérêt de la data. Il en résulte une meilleure exploitation de la data, une plus grande efficacité dans le travail et des effets de synergies dans toute l’organisation.

Une culture data-driven se construit. Elle doit être cohérente, comprise et appréhendée pour faire pleinement partie du quotidien des équipes. Les entreprises peuvent par exemple inscrire la data dans leurs routines - lors de plénières, d’entretiens annuels, et d’autres événements internes - ou encore impliquer les collaborateurs dans la génération et la compilation de la data pour les rendre acteurs des processus. Lorsque leur quotidien est animé par la data, les collaborateurs se l’approprient plus facilement.

Miser sur la formation et le management de proximité

La formation est indispensable au développement d’une culture data-driven. Concentrer les actions de formation sur des ambassadeurs permet de faciliter la propagation des bonnes pratiques à plus large échelle. La culture est en grande partie une question de transmission de normes, de codes et d'habitudes, d’individu à individu.

Un programme RH doit être mis en place par l’entreprise pour “maîtriser” autant que possible ces effets de transmission. Il permet de déterminer les piliers de la transformation et facilite l’évolution culturelle à tous niveaux. Et s’il subsiste une problématique de compétences -une majorité de personnes estime que la maîtrise de l’exploitation des données est plus difficile à acquérir que d’autres compétences-, le management est idéalement positionné pour répondre aux besoins d’accompagnements individuels personnalisés.

Amasser des données, mettre en place une gouvernance et s’équiper des ressources humaines et technologiques nécessaires pour les analyser n’est finalement qu’une première étape. Pour que les données rayonnent au-delà de la DSI, l’une de mes missions au quotidien, en tant que Directeur de la transformation digitale, est de m’assurer que l’ensemble des collaborateurs s’approprie un tel état d’esprit et l’applique sur le terrain. C’est dans ces conditions, alliant la puissance du digital à l’intelligence humaine, que nous créerons une culture data driven efficace et dynamique !

*Gartner, novembre 2018