La responsabilisation : un facteur essentiel pour tirer parti des dernières tendances technologiques

Le fait est que même si certains dirigeants préfèrent tourner le dos aux nouvelles tendances technologiques, ils ne pourront pas y échapper. Le plus grand risque que courent beaucoup trop d'entreprises est de perdre du terrain face à des concurrents plus avant-gardistes.

Une nouvelle vague d'innovations et de technologies peut provoquer diverses réactions parmi les décideurs et dirigeants, quelle que soit l'entreprise. Pour chaque PDG, DSI ou directeur financier à la recherche de la dernière pépite technologique, qui prévoit de mettre en œuvre des changements majeurs au sein de son entreprise, il y en a beaucoup d'autres qui préfèrent prendre des mesures modérées, voire aucune.

Mais le fait est que même si certains dirigeants préfèrent tourner le dos aux nouvelles tendances technologiques, ils ne pourront pas y échapper. Le plus grand risque que courent beaucoup trop d'entreprises est de perdre du terrain face à des concurrents plus avant-gardistes, capables d’exploiter les nouvelles technologies pour se démarquer.

Pour éviter cela, il faut mettre l'accent sur la responsabilisation. Il ne s'agit pas d'une approche universelle qui consisterait à nommer un ultime responsable. La responsabilisation peut revêtir de nombreuses formes : intégration, adoption de l'innovation ou même gouvernance.

L'émergence de l'intelligence artificielle (IA) dans les entreprises modernes illustre bien la nécessité d'une gouvernance efficace. Bien que la valeur ajoutée de l’IA soit désormais plus largement acceptée, sa réglementation reste une sorte de zone d'ombre. Dans une récente mondiale que nous avons récemment menée auprès de cadres dirigeants, les trois quarts (65%) estiment que le niveau actuel de gouvernance externe de l'IA est insuffisant pour maîtriser sa forte croissance.

Face à ce constat, 78% se prononcent en faveur d'une responsabilité partagée de manière égale entre les gouvernements et le secteur privé. Mais lorsqu'on leur demande leurs prévisions pour les cinq prochaines années, 75% s'attendent à ce que le gouvernement assume la quasi-totalité, voire la totalité de la gouvernance de l'IA. Pourquoi ? Parce que 27% admettent que leur entreprise ne dispose pas d’un responsable désigné pour superviser la gouvernance de l'IA, et seulement 25% ont une politique officielle pilotée par l'équipe dirigeante. Ces données montrent que les directions des entreprises peinent à s'engager et à prendre leurs responsabilités en matière de gouvernance de l'IA. Si rien ne change, le secteur privé pourrait perdre entièrement le contrôle de la régulation de cette technologie.

Autre point important en matière de responsabilisation : l’intégration. Il faut en effet s'assurer que les entreprises réussissent l’intégration de nouvelles technologies comme l'hyperautomatisation. Beaucoup voient déjà les bénéfices à plus long terme de cette technologie qui permet de réduire les coûts et d’augmenter l'efficacité dans des domaines tels que le case management. Notre étude révèle en effet que 32% des entreprises l'utilisent aujourd'hui, mais ce chiffre est presque doublé (61%) lorsque la même question porte sur les cinq prochaines années.

Cependant, pour que l'hyperautomatisation ait l'impact tant espéré et attendu, il est essentiel que les entreprises assument la responsabilité de son intégration. Aujourd'hui, cette capacité suscite de grandes inquiétudes, 58% des répondants citant l'intégration aux systèmes existants comme le défi majeur de l'automatisation, tandis que 40% y voient la compatibilité avec les technologies tierces.

Ensuite, il est tout aussi important que les dirigeants prennent la responsabilité de reconnaître les technologies qui commencent à peine à susciter l’attention. Après tout, l'innovation n'est innovante que si elle est nouvelle. Une fois qu'une technologie s'est généralisée, les entreprises risquent de se retrouver à la traîne si elles n'ont toujours pas compris comment l'exploiter efficacement.

Prenons l'exemple de la réalité étendue (XR). Les casques de réalité virtuelle et la réalité augmentée sont depuis longtemps des technologies émergentes pour les consommateurs. Mais lorsque l'on demande aux dirigeants d'entreprises comment ils les utilisent pour interagir avec les clients, seuls 35% d'entre eux constatent une modification de l'expérience client. Rien d'étonnant pour cette technologie relativement nouvelle. Mais lorsqu'on les interroge sur les perspectives dans cinq ans, la donne change : près d'un tiers (30%) des dirigeants interrogés pensent que la réalité étendue deviendra indispensable à l'engagement client, et plus de la moitié (52%) pensent que la XR constituera un avantage concurrentiel. Il est clair que même si une technologie n'est pas encore largement adoptée, il n'y a aucune excuse pour ne pas s'y préparer. Il n'est jamais trop tôt pour prendre la responsabilité de l'innovation.

Ceci vaut également pour l’investissement dans des infrastructures capables de prendre en charge les technologies émergentes. Ainsi, sans surprise, 73% des personnes interrogées affirment que le déploiement du cloud est devenu une haute priorité en raison du travail nomade et du télétravail. De même, plus de la moitié (51%) estime que les technologies mobiles et à distance seront l'un des moteurs de l'adoption de la périphérie étendue (extended edge). Toutefois, pour que ces technologies soient efficaces, il est nécessaire d’adopter et de développer dans le même temps des technologies complémentaires. 41% des dirigeants interrogés estiment que l'IA, l'automatisation et le machine learning doivent gagner en maturité pour favoriser le développement du cloud et de la périphérie étendue. Aujourd'hui, le défi est grand : seules 22% des personnes interrogées estiment que leur technologie de cloud distribué est intelligente ou mature, et 18% qu'elle est taillée pour la périphérie étendue.

En fin de compte, pour assumer la responsabilité de la technologie, il ne suffit pas de venir prendre les rênes. Il s'agit d'un processus proactif d’analyse, de préparation et d'étude pour identifier ce qui convient le mieux à l'entreprise. Une chose est sûre : la technologie continuera d'évoluer et de nouvelles tendances continueront d'émerger. Si les entreprises ne sont pas prêtes à assumer leurs responsabilités afin d’en maximiser la valeur, elles pourraient vite être laissées pour compte.