L'existant, le gratuit et le best of breed, le sur-mesure et le prêt-à-porter de l'IT : quel choix pour l'entreprise ?

Tout en faisant le meilleur usage possible de leurs infrastructures, les entreprises doivent rester prudentes face à l'augmentation de leur dette technologique, et donc rationaliser au maximum leurs investissements. Plusieurs options s'offrent à elles.

Selon les dernières estimations de Gartner, les investissements mondiaux en technologies informatiques devraient franchir les 4 trillions de dollars ; une prévision qui confirme 2021 comme une année de reprise. 2020 a en effet connu un repli en raison de la pandémie. Si des investissements informatiques sont nécessaires pour faire face à la concurrence, les entreprises restent toutefois prudentes et mesurent le rapport coûts / bénéfices afin de rendre chaque service le plus rentable possible.

Ainsi, le coût des applications est mis en regard des services apportés et des avantages concurrentiels induits. A l’instar du secteur de la mode, l’informatique des entreprises (souvent appelé l’IT for IT) propose un choix de prêt-à-porter, de sur-mesure ou de do it yourself qui offre des réponses différentes aux attentes des utilisateurs. Tout en faisant le meilleur usage possible de leurs infrastructures, les entreprises doivent rester prudentes face à l’augmentation de leur dette technologique, et donc rationaliser au maximum leurs investissements.

Cette dette technologique s’explique par les évolutions technologiques qui se sont succédé sur les 40 années d’existence de l’industrie informatique, du mainframe des années 80 jusqu’au Linux qui tourne dans des containers sur le cloud. En effet, les organisations ne jettent pas leurs anciennes technologies sous prétexte qu’elles ont été doublées par quelque chose de plus performant. Elles ne font qu’empiler les couches. C’est l’accumulation de ces couches qui créée la dette technologique. Pour autant, les outils innovants non adaptés à la production vont augmenter les coûts sans simplifier les tâches, et plus le temps passe, pire c’est. Tout est affaire de choix, mais sur un marché très riche en offres et en services, les entreprises doivent trouver la solution à la taille de leurs besoins, sans savoir si elle sera à la mode à moyen terme.

Le choix de la maintenance du sur-mesure

Lorsqu’un individu s’achète un pantalon de marque, souvent à un prix élevé, en général, l’article résiste au temps en raison de sa qualité, mais risque au fil des années de ne pas être épargné par l’usure, ni par l’évolution de la mode. Rapporté au monde de l’entreprise, aux prémices du numérique, de nombreuses entreprises ont opté pour du matériel robuste et onéreux, qui avec le temps et face à la rapidité de développement des innovations technologiques, s’est révélé statique et difficilement adaptable aux transformations induites par la modernité ; comme le pantalon susmentionné, ils sont victimes du temps qui passe, et de l’effet de mode, les rendant obsolètes. Pour maintenir les systèmes en place, une mise à niveau est aussi nécessaire que coûteuse ; le manque d’interopérabilité de systèmes sur-mesure avec d’autres équipements plus récents, modernes et clé-en-main, risque également de créer une complexité au sein des réseaux et d’augmenter les dépenses plutôt que de les réduire. Par ailleurs, il arrive que le développement des applications se fasse en interne, ce qui mobilise des ressources et génère ainsi un coût direct.

C’est la raison pour laquelle le coût du vétuste reste très complexe car les technologies ont beaucoup évolué et ce montant dépend de l’infrastructure de l’entreprise. La révolution de la virtualisation rend les applications développées par les entreprises elles-mêmes moins agiles, ce qui nécessite des mises à jour régulières. De ce fait, elles sont très dépendantes des équipes qui ont développé leurs systèmes informatiques internes et leurs applications sur mesure. Or, si ces dernières décident d’augmenter leurs tarifications, la maintenance va ainsi avoir un prix conséquent, mais peut aussi être plus difficile si les contrats avec ces développeurs ne sont plus.

Le choix du gratuit

Pour limiter la dépendance aux éditeurs de logiciels pour entreprises, celles-ci peuvent opter pour l’open source afin de gérer leur informatique. Ces applications n’exigent pas de coût de maintenance, ni de développement, comme c’est le cas pour le sur-mesure. Aussi, avec la virtualisation et la montée en puissance du cloud, certaines organisations ne souhaitent pas avoir des infrastructures sur site. Elles peuvent donc profiter d’applications clé en main déjà développées et déployables sur n’importe quelle plateforme cloud avec un minimum d’adhérence. Toutefois, il y a toujours une contrepartie. Ainsi, ces solutions, si elles réduisent miraculeusement les coûts, sont une forme de prêt-à-porter de l’IT. En d’autres termes, lorsque c’est gratuit, toutes les fonctionnalités ne sont pas disponibles dès le départ. Elles requièrent donc que les entreprises empilent plusieurs solutions gratuites afin de bénéficier de toutes les fonctionnalités nécessaires au bon fonctionnement de la production. Chaque logiciel doit être adapté aux besoins de l’organisation et demande de l’ajustement.

Si ce choix a pu fonctionner, notamment pour les domaines de la supervision et de l’ITSM, il y a assez peu de logiciels métiers disponibles en open source pour l’ordonnancement. C’est pourquoi, ces solutions gratuites, ont tout de même un coût que nous pouvons qualifier de caché. En effet, pour déployer la solution, il est nécessaire de recruter des consultants externes en mesure de l’implémenter, mais aussi de l’adapter aux besoins de l’entreprise. Par ailleurs, comme tout système, ceux-ci nécessitent une maintenance, laquelle a un prix. S’il n’est pas payé à l’éditeur, il est néanmoins requis pour du développement complémentaire, afin de bénéficier d’une solution la plus agile et adaptée aux systèmes en place de l’organisation, puisque chaque évolution de l’infrastructure va entrainer un besoin en informatique, et donc un coût différent.

Le choix du best-of-breed : la combinaison des solutions

Avec des coûts qui restent importants malgré l’open source, l’entreprise peut faire le choix d’une troisième voie : le best-of-breed, soit l’association des meilleures solutions payantes par rapport à ses besoins. Le but est de trouver la solution la plus flexible possible, tout en rationalisant les coûts. Ce choix présente différents avantages par rapport à l’open source : le support de l’éditeur et des logiciels mieux adaptés aux demandes des entreprises, ainsi que l’appartenance à une communauté d’utilisateurs. Ce service va effectivement être coûteux, mais il peut accompagner l’entreprise dans son évolution, notamment celle de ses besoins. Ainsi, l’éditeur, pour apporter satisfaction à ses clients, va faire l’analyse du marché et des solutions disponibles afin de répondre de façon optimale aux attentes évolutives des organisations. Quoi qu’il en soit, l’entreprise doit mettre en abîme ses coûts face au service rendu, et choisir la solution qui devient la plus rentable. In fine, le coût, quelle que soit la solution vers laquelle l’entreprise se tourne, va dépendre des infrastructures déjà en place et de leurs évolutions – plus anciennes et imposant est le paysage informatique, plus la solution devra couvrir les technologies passées et futures.

Chaque choix a ses avantages et ses inconvénients, que ce soit en termes de coûts ou de performances. Par conséquent, les entreprises jonglent souvent entre les trois possibilités : le développement interne, l’open source ou le best-of-breed, c’est généralement un mix des trois qui est utilisé. Les besoins évoluent à chaque instant et la demande opérée sur l’informatique aussi. C’est en ce sens que la flexibilité des solutions est cruciale pour que l’organisation reste compétitive, mais aussi pour limiter au maximum la dette technologique. Pour remédier à ces problèmes de besoins évolutifs et imprévisibles, le logiciel en tant que service (SaaS) pourrait s’avérer être la solution la plus pertinente. Le système de vente est différent des autres puisqu’ici le commerce se fait sur des services et non pas des produits. Avec cette solution, l’entreprise peut souscrire en regard des besoins qu’elle prévoit d’avoir, d’un mois sur l’autre. Le besoin est donc modulé par rapport à la demande, ce qui en fait une solution flexible. Par exemple, l’ordonnancement en SaaS permet de s’adapter aux besoins de l’entreprise, que ce soit en quantité de machines, ou en quantité de tâches à déclencher.