Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leurs références ESG en optimisant leurs supply chain ?

Plus que jamais, les entreprises doivent évaluer et optimiser leurs supply chain afin de se conformer aux normes environnementales, sociales et de gouvernance.

Les événements de ces dernières années ont placé les supply chain sous les feux des projecteurs : les effets de la pandémie, tels que la pénurie des semi-conducteurs, et plus récemment l'impact de la guerre en Ukraine, ont considérablement perturbé les réseaux des fournisseurs. En conséquence, les entreprises ont dû réévaluer la conception de leurs supply chain, qui jusque-là se concentraient sur la livraison just-in-time, privilégiant les économies de coût au détriment de la résilience. 

Aujourd’hui plus que jamais, les entreprises doivent évaluer et optimiser leurs réseaux car une nouvelle priorité doit désormais être prise en considération : les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). En effet, les gouvernements du monde entier adoptent de nouvelles lois qui incitent les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, leur impact sur l’environnement et à éliminer toute atteinte à l'éthique, en interne, auprès de leurs fournisseurs directs et indirects ou de leurs partenaires tout au long de la supply chain.  

En Allemagne par exemple, une nouvelle loi "Supply Chain Due Diligence Act" entrera en vigueur à partir de janvier 2023. Cette loi obligera les grandes entreprises opérant en Allemagne à surveiller leur supply chain en matière de respect des droits de l'homme et des normes environnementales, sous peine d'encourir de lourdes amendes. 

En France, une loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre existe depuis 2017. Celle-ci s'applique aux entreprises et groupes qui emploient, pendant deux années consécutives, plus de 5 000 salariés en France ou plus de 10 000 en France et à l'étranger. Ces entreprises doivent établir, publier, suivre et évaluer un plan de conformité qui identifie les risques et prévient les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité des personnes et à l'environnement. Il s’agit d’une loi qui s’applique aux filiales mais aussi aux sous-traitants. 

Plutôt qu’un défi, les entreprises devraient considérer ces lois comme une opportunité pour améliorer leurs supply chain et faire progresser leurs objectifs d'ESG. Les supply chain génèrent souvent des émissions bien plus importantes que les émissions directes d'une entreprise. Toute entreprise ayant l'ambition d'atteindre l’objectif "net zero" devra donc se concentrer sur sa supply chain.

Quelle est la position des entreprises vis-à-vis de l'ESG ? Est-ce qu’elles se contentent d’un discours de pure forme ?

Les entreprises semblent engagées à atteindre ces objectifs. Cependant, certaines supply chain comportent des défaillances majeures, ce qui les empêche de se conformer aux nouvelles lois et de réaliser de vrais progrès en matière d'ESG. L’un des problèmes majeurs des entreprises est de ne pas savoir si leurs partenaires respectent ces normes. Certaines ne disposent même pas d'un système de gestion des risques assez efficace pour garantir la conformité de leurs supply chain. Un vrai défi pour celles qui devront s’adapter à l'imminente loi allemande.

Un autre problème, est le manque de rapidité et d'agilité pour remplacer un partenaire qui ne respecte pas ces normes. Le remplacement d'un fournisseur leur prendrait des mois voire plus, si elles sont en mesure de le faire.

Avec des solutions inadéquates, les entreprises auront du mal à évaluer le risque ESG et la conformité des partenaires supply chain, ce qui est essentiel pour se conformer à toute règle future.

Quelles sont donc les solutions pour remédier à ces défaillances ?

D’abord, il est essentiel d'investir davantage dans les personnes, les processus et les technologies nécessaires pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires, comme des solutions de gestion des risques plus efficaces. 

Ensuite, les entreprises ont besoin de meilleurs outils pour concevoir et planifier leurs supply chain. Par exemple, la technologie des jumeaux numériques utilise l'intelligence artificielle pour créer des modèles virtuels de l'ensemble de la supply chain d'une entreprise. Ces modèles peuvent être utilisés pour la planification de scénarios et des tests de résistance afin d'identifier les maillons faibles et de signaler les fournisseurs à risque. Cela permettra de renforcer la résilience de la supply chain.

Enfin, et surtout, les entreprises doivent s'engager dans une collaboration et un partage de données sur les références ESG des fournisseurs. De nombreuses entreprises collectent déjà ces données, mais si elles ne les partagent pas, une grande partie du travail et des efforts sera dupliquée. Le partage des données permet de collecter efficacement ces informations à grande échelle et de les mettre à la disposition des dirigeants beaucoup plus rapidement.  Ces données sont primordiales pour mieux choisir les fournisseurs avec lesquels collaborer. Le manque actuel de partage des données représente un frein qui empêche d'évaluer avec précision la conformité des partenaires supply chain.

Toute entreprise souhaitant optimiser sa supply chain et respecter les normes ESG devrait s'engager dans ce partage. Cette approche communautaire peut fournir des indications sur la manière d'améliorer la conception de la supply chain pour réduire les émissions de CO2, de créer rapidement des événements de sourcing pour combler les lacunes en termes de capacités et d'aider à évaluer les risques ESG des fournisseurs.

Les entreprises ont fourni beaucoup d’efforts dans l’évaluation et la réévaluation de leurs supply chain. Outre la résilience, elles doivent maintenant évaluer la conformité ESG de leurs partenaires si elles veulent se préparer aux réglementations à venir.