Mobilité : tendances et défis pour les autorités organisatrices des mobilités
2025 est une année charnière pour les collectivités territoriales et les autorités organisatrices de la mobilité (AOM), qui nécessitent de solutions pragmatiques et d'une vision stratégique forte.
2025 est une année charnière pour les collectivités territoriales, autorité organisatrice de la mobilité (AOM) sur leur territoire. Face à un paysage en mutation rapide – notamment avec un cadre règlementaire en pleine évolution -, elles doivent composer avec une fragmentation croissante des oFres, des budgets contraints, des objectifs climatiques ambitieux et des attentes utilisateurs de plus en plus exigeantes. Les Français expriment en eFet un intérêt croissant pour des modes de transport plus durables. On observe notamment une hausse continue de la fréquentation des transports publics urbains et régionaux (train, bus) depuis 20191. Autant de défis qui nécessitent des solutions pragmatiques et une vision stratégique forte. Voici quelques tendances qui définissent la mobilité dans nos territoires.
Établir une cohérence dans une offre croissante et foisonnante
Le marché des mobilités explose : ouverture à la concurrence ferroviaire, multiplication des services de micro-mobilité (trottinettes, vélos électriques, covoiturage, VTC), ... De multiples acteurs et offres qui bien que pertinents, nécessitent pour faciliter les déplacements et encourager le choix des mobilités durables d’être agrégées pour favoriser l’intermodalité. Le risque sans cela ? Dérouter et complexifier la vie des voyageurs qui doivent télécharger plusieurs applications et n’ont pas une vue d’ensemble de l’offre disponible pour un endroit ou un trajet donné. En effet, l’éclatement de l’offre pourrait entraîner un manque de lisibilité et de compréhension des différentes propositions de transport qui seraient à disposition ou non selon les plateformes, applications de distribution et ainsi engendrer un retour en force des solutions les plus simples (et moins durables) telles que la voiture individuelle. L’exemple britannique sur le marché ferroviaire en est une illustration. Les défis : établir une cohérence d’ensemble en misant sur l’interopérabilité et la multimodalité, coordonner et faire collaborer entre eux les diFérents acteurs pour une expérience client fluide
Coordination et collaboration pour une orchestration réussie
On ne compte plus les organismes impliqués dans les projets de mobilité : villes, métropoles, régions, État, opérateurs privés… Chacun gère une partie du périmètre global de la mobilité à l’échelle nationale ainsi que son budget et ses contraintes. Mais pour un usager, ce découpage est un frein : un habitant d’une petite commune qui doit rejoindre une métropole pour travailler va souvent devoir jongler entre différents modes de transport avec autant d’opérateurs, de systèmes tarifaires, de modes de distributions, de moyens de paiements différents et de site ou applications différentes (nécessitant parfois de jongler pour l’itinéraire et l’achat entre différents outils) L’unification des accès aux mobilités en s’appuyant sur les standards (en vigueur et en cours de définition) notamment sera donc un challenge clé à relever.
S’adapter aux budgets serrés pour ne pas freiner l’innovation
Les villes, métropoles, régions, État et les opérateurs privés doivent faire plus avec moins. La pression budgétaire est devenue la norme : inflation des coûts de fonctionnement, stagnation des dotations publiques, investissements à prioriser. Résultat : les infrastructures lourdes ont la part belle (trains, bus, matériel roulant), tandis que l’expérience utilisateur passe souvent en second plan. Or, la digitalisation de la mobilité, les services multimodaux, les interfaces clients modernes ne sont plus des « options », mais des leviers stratégiques pour garantir l’adoption du transport public et des mobilités décarbonées. L’arbitrage pourrait donc paraître simpliste : faut-il investir dans un réseau de transport plus performant ou dans une application fluide et intuitive ? Les AOM peuvent avoir à faire un choix binaire. Or, il est important de penser l’expérience voyageur dans sa globalité, de la recherche d’itinéraire en passant par l’achat, sans oublier les informations nécessaires lors du trajet (tout en veillant à uniformiser les parcours digitaux et physiques en gares et stations).
Data : l’exploiter plus, et mieux
88% de la donnée générée chaque jour sur un réseau de transport reste inutilisée. Pourtant, ces informations qui appartiennent aux AOM pourraient révolutionner l’organisation des réseaux et permettre de mieux prévoir la fréquentation, optimiser les itinéraires et les connexions entre différents modes de transports, adapter l’offre en temps réel, etc.
Aujourd’hui, ces outils technologiques existent. Mais faute de moyens et de compétences, nombre de collectivités restent dépendantes d’outils simples ne répondant pas complétement au besoin du pilotage de la mobilité par la donnée récoltée. L’enjeu ? Investir dans une écoute plus fine des données récoltées permettra un pilotage plus optimisé des mobilités proposées sur un territoire donné.
Objectif décarbonation : comment rendre le transport public incontournable ?
Face à l’urgence climatique et aux règlementations, les collectivités doivent accélérer la transition vers des mobilités plus durables. Pourtant, la marche est haute : si le rail et les transports collectifs restent des solutions écologiques de référence, l’offre doit être plus attractive, plus simple et mieux connectée aux autres mobilités douces pour oFrir le choix et convaincre un maximum d’usagers. Pour y parvenir, les collectivités doivent casser les barrières des silos existants entre la distribution physique, la distribution digitale, l’information voyageur sur mobile et en gare et le centre relation client pour les services SNM au service d’un parcours fluide et cohérent sans friction. La mobilité de demain doit être coconstruite par des acteurs privés et les acteurs publics. Les AOM et les collectivités ont un rôle central à jouer : piloter une mobilité cohérente, fluide et accessible. La technologie et les solutions numériques qui seront mises en œuvre doivent servir cet objectif pour accompagner les collectivités dans la mise en place de solutions simples et efficaces, à la hauteur des enjeux de mobilité d’aujourd’hui et de demain.