Pour consolider la souveraineté numérique, l'open source est indispensable

L'open source offre un équilibre bénéfique entre innovation et souveraineté, grâce à l'autonomie stratégique que cette approche apporte.

Il n’a jamais été autant question de souveraineté numérique qu’aujourd’hui, sous l’effet de plusieurs facteurs : renforcement des tensions géopolitiques, enjeux autour de la protection des données personnelles, pouvoirs technologiques concentrés dans les mains d’un petit nombre d’acteurs non-européens. Garantir l’autonomie stratégique de l’Europe, tout en préservant sa compétitivité au niveau international, constitue un défi majeur auquel il faut savoir faire face.

Pour cela, le choix de l’open source s’avère stratégique. En premier lieu parce qu’il n’implique aucune frontière, un argument de poids pour assurer la souveraineté numérique. Deuxièmement parce que le modèle de développement proposé par l’open source est à la fois transparent, collaboratif et résilient, et qu’il se différencie des solutions propriétaires, tout en incarnant pleinement les valeurs européennes.

Adopter un système plus équilibré et durable

A l’heure actuelle, il est impossible d’innover sans passer par une approche de collaboration à l’échelle internationale. C’est également l’approche des projets open source, qui sollicitent des contributeurs du monde entier, tout en empêchant toute organisation ou nation de s’attribuer la propriété du code. Un code open source est, par définition, libre, global, et exempt de toute loi extraterritoriale. Ce principe facilite la réversibilité au moment où un contrat d’exploitation avec un fournisseur tiers prend fin, lorsqu’un utilisateur réclame la récupération de ses données.

Cet avantage signe la fin du modèle dit "de vendor lock-in", selon lequel un utilisateur était contraint de conserver un produit ou un service d’un même fournisseur, sans pouvoir en changer. Il est attendu des fournisseurs de services open source et éditeurs une qualité et une complétude irréprochables sur l’ensemble de la chaîne de valeur, et ce, qu’ils facturent des prestations ou des souscriptions. Cela doit porter aussi bien sur les spécifications fonctionnelles et techniques, le développement de tests unitaires d’intégration, des tests fonctionnels techniques, des tests de performance, de sécurité et de compatibilité ascendante et descendante, ainsi que le support technique et l’accès aux bases documentaires. Les utilisateurs ont la possibilité de choisir le partenaire qu’ils souhaitent, grâce à des modèles économiques construits autour de l’open source, afin de simplifier au maximum cette décision.

Grâce au code sous licence open source reconnue, comme Apache ou GPL-GNU, les utilisateurs ne sont pas prisonniers et peuvent l’utiliser, le modifier, le partager et le distribuer, sans devoir passer par un partenaire privilégié.

L’open source correspond aux exigences de souveraineté

Les deux arguments au cœur de l’ADN de l’open source sont la transparence et la sécurité, grâce à la capacité des logiciels open source de laisser n’importe quel utilisateur accéder au code source. Les vulnérabilités de sécurité peuvent ainsi être rapidement identifiées et corrigées, ce qui diminue la possibilité d’une cyberattaque ou d’espionnage.

L’élément clé d’une véritable souveraineté numérique est l’indépendance technologique. Dans le cas de l'open source, les utilisateurs bénéficient d’une alternative aux solutions propriétaires. L’utilisation et le développement de logiciels open source permet aux organisations publiques ou privées de réduire leur dépendance envers les fournisseurs. Afin de simplifier la gestion des logiciels et des déploiements open source pour les utilisateurs, qui peut au final se révéler difficile, laborieuse et chère en ressources (aussi bien le temps, les processus et les compétences), certains modèles économiques peuvent s’occuper du problème en toute intelligence. Il peut s’agir d’éditeurs ayant un modèle de développement open source, de partenaires technologiques, ou encore d’acteurs indépendants, de consortiums, de cabinets de conseils spécialisés, de fournisseurs de cloud globaux ou régionaux (dont certains portent des qualifications de sécurité impressionnantes).

Dans le cadre du contexte numérique actuel, il n’y a plus de doute sur le fait que la souveraineté numérique est une nécessité et non un luxe. Avec une dépendance accrue aux données et à la technologie, il est primordial de garantir le contrôle, la sécurité et l'autonomie. Pour garantir aux individus, aux organisations et aux nations une autodétermination sur leur existence numérique, il est indispensable de choisir des technologies ouvertes, des environnements cloud hybrides et, de plus en plus aujourd’hui, des initiatives pour une IA souveraine.

Puisque la collaboration internationale est inévitable, s’appuyer sur l’open source permet de créer un équilibre bénéfique entre innovation et souveraineté, grâce à l’autonomie stratégique que l’open source apporte. En n’ayant aucune frontière, et en offrant à la fois transparence, sécurité, indépendance, innovation, l’open source est la réponse parfaite à cette évolution et permet aux entreprises et administrations de renforcer la protection de leurs infrastructures.