La vidéo peut-elle remplacer le téléphone dans les entreprises ?
La technologie vidéo réussira-t-elle un jour à atteindre le même degré d’omniprésence que la téléphonie traditionnelle dans les entreprises ? Quelles sont les opportunités pour les entreprises et les obstacles à lever pour qu'elles puissent en tirer pleinement parti.
En prononçant sa phrase historique
« Monsieur Watson, venez ici, je
veux vous voir » dans l’émetteur à liquide du tout premier appareil téléphonique, Alexander Graham Bell était loin d’imaginer le côté
visionnaire de sa requête ! Et pourtant, plus de 135 ans plus tard, les communications
visuelles font "Bell" et
bien partie de notre vie quotidienne.
La vidéo a longtemps été
présentée comme la nouvelle technologie vocale. Certes, son potentiel est indéniable,
mais la simplicité des modes de communications — la téléphonie ou les messageries
instantanées par exemple — ne risque-t-elle pas d’étouffer ses promesses dans
l’œuf ? Toutefois, en admettant que la vidéo s’imposera un jour comme le
mode de communications préféré des entreprises, il est important de
s’intéresser de plus près aux problèmes que celles-ci rencontrent pour la
mettre en œuvre et aux opportunités qu’elles pourront saisir après l’avoir correctement
installée.
Aujourd’hui, de nombreux
utilisateurs continuent à considérer la vidéo comme un outil certes utile, mais
pas vraiment indispensable à leur activité professionnelle. Pourtant, si l’on
part du principe que la vidéo est une version visuellement enrichie de la
téléphonie, il n’y a aucune raison que la visioconférence et la vidéo-collaboration
restent des applications « sympas » qui ne rejoindront jamais la
panoplie des outils professionnels courants. Il suffit pour s’en convaincre de s’intéresser
à des paramètres comme le retour sur investissements ou les avantages que ces
applications offrent aux entreprises.
Selon une étude que l’Aberdeen Group a
récemment consacrée au développement des solutions de travail à distance, la
vidéo-collaboration a permis de réduire de 16 % les délais de lancement de
nouveaux produits sur le marché. C’est une amélioration significative sur le
plan de la R&D, mais également une indication des avantages concurrentiels
et des gains de temps dont les entreprises peuvent bénéficier dans le cadre de
leurs activités courantes.
Depuis une dizaine d’années, les
fournisseurs de solutions vidéo utilisent la diminution des frais de
déplacement comme un argument marketing, et cet atout reste valable
aujourd’hui. Toutefois, si l’on suit la théorie de William Glasser — selon
laquelle on se souvient de 20 % de ce que l’on entend, de 30 % de ce
que l’on voit et de 50 % de ce qu’on entend et voit —, il apparaît
clairement que la vidéo peut aussi aider les entreprises à favoriser le travail
en équipe et à augmenter la productivité.
Cependant, avant de pouvoir tirer
pleinement parti de ces différents avantages, les entreprises doivent faire en
sorte que la vidéo offre aux utilisateurs le même niveau d’omniprésence et de
fiabilité que la téléphonie. Pour
l’informaticien américain James J. « Jim » Horning, « rien n’est
jamais aussi simple que nous l’espérons ». Pourtant, quoi de plus simple
que décrocher un téléphone ? Pour être adoptée parmi les outils de
communications d’entreprise les plus courants, la vidéo doit par conséquent fonctionner
sans la moindre difficulté.
La « consumérisation » des technologies de
l’information au sein des entreprises témoigne dans une large mesure de ce
besoin de simplicité et explique le succès des produits informatiques
personnels utilisés dans un contexte professionnel. En effet, les employés veulent
profiter de la simplicité d’emploi des iPad, iPhone et autres terminaux Android
pour être rapidement opérationnels et efficaces. Ils recherchent une grande facilité
d’emploi sans être bridés au niveau des fonctionnalités.
Les entreprises qui souhaitent
bénéficier des avantages de la vidéo doivent tenir compte de ces attentes. La vidéo
doit permettre aux utilisateurs d’accéder aux mêmes fonctionnalités que la
téléphonie — accès au plan de numérotation global, établissement de conférences
ad hoc ou transfert d’appel —, avec une
qualité et une facilité d’utilisation comparables, indépendamment du lieu ou du
système utilisé. Ces conditions doivent être réunies — avec la garantie d’un fonctionnement
« sans souci » à chaque utilisation — pour que les employés
envisagent d’adopter la vidéo et permettent ainsi à leur entreprise de profiter
pleinement des avantages de cette technologie.
Le secret de cette simplicité
d’utilisation est de masquer la complexité ! L’interopérabilité et l’application
de standards ouverts tels que le protocole SIP (Session Initiation Protocol)
jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre d’une stratégie solide et parée
pour l’avenir. À mesure que convergeront les technologies VoIP (téléphonie sur
Internet) et vidéo, le protocole SIP permettra aux entreprises de bénéficier
des avantages de l’intégration standard et de l’interopérabilité avec des
systèmes et des périphériques hétérogènes. Ce protocole permet en outre d’augmenter
le degré de personnalisation des communications vidéo et facilite son
intégration à d’autres outils de communications.
La valeur intrinsèque des
solutions vidéo augmentera encore lorsque les employés commenceront à utiliser
les fonctions vidéo des terminaux proposés par différents fabricants, iPad en
tête. Grâce au protocole SIP, ils pourront utiliser ces tout nouveaux terminaux
vidéo pour collaborer, tout en étant compatibles avec l’infrastructure vidéo de
leur entreprise. Qu’elles fonctionnent dans une salle de visioconférence ou sur
des ordinateurs personnels, les différentes méthodes d’accès seront
parfaitement interopérables.
À mesure que la technologie vidéo
gagnera les PC de bureau, le passage à un modèle plus performant pour exécuter et
administrer le trafic sur le même réseau convergent s’imposera comme une
évidence. En abandonnant les réseaux intégrant une couche vidéo dédiée, les
entreprises se doteront d’une simplicité accrue qui améliorera la gestion du
réseau et de la bande passante. En outre, cette évolution permettra
d’incorporer plus facilement la vidéo dans des applications métier, au côté
d’autres fonctionnalités telles que la messagerie instantanée, la téléprésence,
la téléphonie ou les conférences téléphoniques et sur Internet.
Une fois la vidéo accessible à
tous, il conviendra de s’intéresser de près à la gestion de cette nouvelle
technologie. Si de nombreuses entreprises ne rencontreront aucune difficulté pour
la prendre en charge en interne, d’autres devront faire appel à des services
administrés, voire opter pour un modèle mixte conjuguant savoir-faire interne
et expertise tierce partie afin de créer un cocktail de compétences équilibré. Pour
les entreprises, indépendamment de l’approche suivie, l’objectif à atteindre ne
change pas : faire en sorte que le système vidéo fonctionne aussi bien que
le téléphone.
Sur un plan plus
« intellectuel », les entreprises doivent tenir compte de certains facteurs
culturels pour gérer le passage à la vidéo. Par exemple, il est important de ne
pas surestimer la résistance au changement des individus, ni de négliger les
traces que des expériences négatives ont pu laisser sur les employés. Les
ateliers de formation et la formation continue auront un rôle important à jouer
pour lutter contre les a priori et
contribuer à l’adoption de la vidéo.
De leur côté, les chefs de projets
passionnés, ardents défenseurs de la vidéo, peuvent eux aussi intervenir auprès
de la direction et de l’encadrement intermédiaire pour promouvoir l’adoption de
cette technologie, tandis que la définition d’objectifs locaux portant sur l’utilisation
de la vidéo et sur la réduction des frais de déplacement peut avoir un effet
positif sur le fonctionnement des équipes.
Si l’adoption de la vidéo doit
réellement se généraliser au sein des entreprises, et si celles-ci sont
véritablement prêtes à en récolter les fruits, la simplicité d’emploi, la
fiabilité et l’accessibilité à tout moment et en tous lieux doivent demeurer
les maîtres-mots de son déploiement, étape après étape.
C’est à ces conditions que
la vidéo pourra s’imposer comme la nouvelle technologie vocale et que, devenue
aussi simple qu’un coup de téléphone, elle pourra régner en maître au sein des
entreprises.