Gestion énergétique des data centers : comment gagner en efficacité
Alors que les ménages sont alertés sur les enjeux énergétiques et sensibilisés à la nécessité d’une meilleure gestion de leur consommation domestique, les entreprises affichent un retard considérable dans la mise en place de politiques efficaces d’optimisation de leur consommation d’énergie.
Selon l’Université de Standford, la consommation électrique des data centers a augmenté de 56% entre 2005 et 2010, et représente aujourd’hui entre 1,1 et 1,5% de la consommation mondiale d’électricité [1] (soit l’équivalent de la production de 30 centrales nucléaires, ou 8,5 milliards de dollars). Aux Etats-Unis, les data centers consomment déjà autant d’énergie que l’industrie automobile [2].Et cette tendance est loin de
s’inverser: en 2020, les data centers rejetteront plus de CO² que
l’ensemble du trafic aérien mondial [3]
et d’ici à 2016, la masse d’informations numériques produite dans le monde va
être multipliée par 4 [4].
De surcroît, soucieuses d’améliorer continuellement les services rendus à leurs
clients, les entreprises exigent une disponibilité 24h/24 de leurs informations.
Les économies d’énergie passent après le commerce, ce qui paraît encore plus
vrai en temps de crise économique.
Pourtant, il existe aujourd’hui
des moyens efficaces pour optimiser la
consommation électrique des entreprises et notamment de ces fameux data centers,
ce qui est bon à la fois pour la planète et pour leurs portefeuilles. Les
solutions de type DCIM (Data Center Infrastructure Management) permettent par
exemple de collecter des statistiques de consommation des data centers pour alimenter en temps réel des outils de reporting et d’éco-gouvernance.
Ces solutions sont d’autant plus
importantes pour la pérennité de l’entreprise que l’électricité, désormais
considérée comme une « commodité », peut exposer ses activités à des
risques d’indisponibilité qui se traduisent directement en perte financière.
Récemment, les boites vocales mobiles d’un opérateur télécom européen ont été
inaccessibles à cause de la panne d’un onduleur non redondé. Jusqu’alors,
personne n’avait conscience que cette partie du data center était exposée à une
panne électrique. On considère, à tort, que l’électricité est toujours
disponible ; mais on voit bien ici tout l’intérêt de surveiller l’ensemble
des éléments du data center afin de garantir la continuité des activités.
De plus, selon McKinsey, entre 6
et 12% de la puissance électrique du data center est réellement utilisée :
l’énorme majorité des serveurs restent alimentés même quand ils ne sont pas
sollicités. Cette mise en veille entraine un gâchis énorme, bien décrit
par le New York Times[5].
Mais plus grave encore, une étude menée dernièrement par CA Technologies et IDC[6]
prouve que la consommation électrique excessive des data centers entrave la
capacité d’innovation des entreprises : « En 2011, les problèmes de consommation électrique, d’espaces au sol et
de refroidissement, au même titre que les problèmes de disponibilité et
d’interruption de service, ont ralenti les déploiements d’applicatifs, réduit
la capacité de support des clients et détourné inopinément des dépensesd’exploitation et en capital initialement destinées à des objectifs
stratégiques, selon 85% des responsables de data centers interrogés ».
Partant du principe qu’elle est
sur-provisionnée, la consommation électrique peut être diminuée. D’une part,
l’Union Européenne prône une augmentation sensible de la température des data
centers [7]
qui pourrait générer d’importantes économies, sans mettre en danger les
infrastructures. D’autre part, si la gestion électrique, comme la
climatisation, a longtemps été sanctuarisée dans les services généraux ou
achats, elle peut, grâce à une collaboration avec le service informatique, être
largement optimisée à l’aide des nouvelles solutions d’éco-gouvernance.
Dans le
passé, ce type de solutions – traditionnellement fourni par les fabricants de
matériels – était limité. Mais la nouvelle génération (Data center infrastructure management, DCIM) permet désormais de quantifier la consommation
électrique d’un service métier, à son niveau le plus fin : on ne s’arrête
plus à la consommation du serveur, mais on couvre l’ensemble du cycle de vie du
service (incluant les applications et tous
ses composants).
Les solutions DCIM deviennent
ainsi un élément essentiel de la transformation du système d’information des
entreprises et doivent être intégrées à la réflexion dans tout projet de data
center. En collectant en temps réel de multiples statistiques sur la
consommation électrique, l’éclairage, le refroidissement, l’hygrométrie, etc.
du data centre, via des capteurs, des sondes ou directement à partir des
équipements, elles permettent de répondre à un double enjeu : améliorer et
fiabiliser la disponibilité du Datacenter, tout en rationalisant les coûts
énergétiques.
Tout projet de construction de
Cloud doit intégrer un volet DCIM car la mutualisation et l’allocation des
ressources réclament un contrôle sans
faille de l’énergie nécessaire afin de répondre aux demandes pas toujours
prévisibles des utilisateurs des applications en mode Cloud.
A l’heure où le coût de l’énergie
reste un poste de dépense très important des entreprises, les solutions DCIM permettent
à la fois de mieux contrôler cette dépense et de fiabiliser les opérations du data
center. Ce système gagnant-gagnant sera adopté par 70% des entreprises d’ici à
2016 selon IDC.
[2] http://www.slate.fr/lien/65387/cout-energetique-internet-centrales-nucleaires
[3] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/03/16/04016-20100316ARTFIG00481-les-serveurs-informatiques-ogres-energivores-.php
[4] http://www.decideur-public.info/article-le-trafic-du-cloud-multiplie-par-6-d-ici-2016-selon-l-etude-global-cloud-index-de-cisco-111621423.html
[5] http://www.nytimes.com/2012/09/23/technology/data-centers-waste-vast-amounts-of-energy-belying-industry-image.html
[6] http://www.ca.com/fr/news/Press-Releases/emea/2012/La-consommation-energetique-excessive-des-data-centers-entrave-leur-processus.aspx
[7] http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-l-ue-veut-augmenter-la-temperature-des-datacenters-51417.html