Préserver et pérenniser la qualité des flux vidéo en ligne

En matière de streaming vidéo, la question de la qualité peut s’avérer à la fois relative et subjective, raison pour laquelle les fournisseurs de services vidéo estiment essentiel de définir des indicateurs clés de performance.

La notion de qualité vidéo revêt des significations différentes en fonction des individus, couvrant un spectre subjectif si vaste qu’une qualité jugée "satisfaisante" par l’un peut être décrétée "médiocre" par un autre. Une étude récente réalisée auprès de plus de 350 responsables de services vidéo OTT (OVSP) souligne les principaux facteurs influant sur la qualité vidéo.

Parmi les responsables interrogés, près de la moitié ont déjà lancé un service vidéo DTC ou OTT. Ils sont 21% à prévoir d’en lancer un au cours des six prochains mois, et près d’un tiers à l’envisager d’ici l’an prochain. En outre, ils sont 22% à ne pas avoir défini de calendrier, ou à ne pas être sûrs de la date à laquelle ils lanceront leur service. Ce qui laisse supposer que le rythme soutenu qui a accompagné le lancement de ces services vidéo est appelée à se poursuivre jusqu’à fin 2017 et au-delà.

Si certains formulaient des réserves quant au sérieux avec lequel ces professionnels abordent la question de la qualité, les responsables interrogés ont massivement fait savoir qu’ils la considèrent comme le premier facteur influant sur leur service.

Mais quels sont les facteurs qui contribuent à un streaming vidéo de qualité satisfaisante ou de qualité médiocre ? Les professionnels interrogés ont été invités, dans le cadre de cette étude, à énumérer les trois premiers facteurs qui, selon eux, conditionnent le plus la qualité vidéo.

1 Mémoire tampon vidéo. Les interruptions vidéo fréquentes et/ou longues sont le moyen le plus efficace de perdre un public, d’après la grande majorité (84%) des professionnels interrogés. Il peut s’agir du pourcentage total de flux vidéo impactés par un rechargement en mémoire tampon (rebuffering), ou du nombre de fois en moyenne où une lecture vidéo a été interrompue.

2 Désynchronisation audio. Viennent ensuite, à 69%, les désynchronisations audio par rapport aux vidéos, à l’origine de désagrément majeurs. Des études ont montré que les problèmes audio pouvaient s’avérer encore plus gênants pour le public que les problèmes vidéo.

3 Pixellisation/Flou. Le troisième facteur reconnu comme altérant la qualité (60%) est la pixellisation vidéo ou le flou en cours de lecture, généralement associé à des débits irréguliers.

4 Temps de chargement. Détail intéressant, un "décrochage" significatif est à noter après ces trois facteurs estimés les plus pénalisants pour la qualité vidéo. La lenteur du chargement n’est citée dans le trio de tête que par 32% seulement des professionnels interrogés.

5 Retard sur la source (latence). Il est souvent mis en évidence, notamment lors de retransmissions sportives, un décalage entre la diffusion dees contenus à la télévision/sur le câble (ou les réactions sur les réseaux sociaux) et leur diffusion en streaming. Cette latence, qui n’est pas nécessairement en rapport avec la proportion de plaintes de spectateurs dont font état les médias, n’est retenue que par 26% seulement des personnes interrogées. Cela s’explique par le fait que les problèmes de latence se cantonnent principalement au streaming en direct, et non au visionnage à la demande.

Parmi les nombreux enjeux auxquels sont confrontés les spécialistes du streaming vidéo, comme ceux ayant trait au workflow vidéo et au délestage de trafic sur le réseau, la diffusion de vidéos de meilleure qualité est, de loin, le plus important. Les participants à l’étude sont particulièrement sensibles aux problèmes de rebuffering et de lenteur à la lecture vidéo. Ils reconnaissent également que les soucis de qualité constituent une réelle menace, dissuasive pour attirer et fidéliser les abonnés et utilisateurs de leur service.

Compte-tenu de toutes ces préoccupations, que se passe-t-il lorsque les internautes doivent composer avec une expérience de médiocre qualité ? Pour commencer, le taux d’engagement chute. Une autre étude[1] démontre que les internautes se détournent d’une vidéo dont le temps de démarrage est supérieur à deux secondes. À chaque seconde supplémentaire, ils sont 6% de plus à abandonner la lecture de la vidéo. À 10 secondes d’attente, près de la moitié des internautes ont jeté l’éponge. Non seulement ces internautes se détournent de cette vidéo, mais il est fort peu probable qu’ils retournent sur le site en question. La même étude établit que ceux qui ont subi des défaillances sont moins enclins à revenir sur le site que ceux n’ayant rencontré aucun problème vidéo. Voilà qui risque d’être préjudiciable en termes d’audience et de nuire à la marque.

Compte tenu de l’importance accordée à la qualité, il n’est pas surprenant de constater que 44% des OVSP dans cette étude ont défini des indicateurs de performance clés (KPI) à l’aune desquels ils peuvent juger et gérer la performance de leurs services. Le reste des professionnels interrogés devra faire de même, ou alors mieux transmettre ces KPI aux responsables des services en question de leurs entreprises.

S’agissant du suivi de performance par rapport aux KPI, les prestataires de services adoptent diverses stratégies. Près du quart (23%) ne voient aucun inconvénient à ce que leur partenaire CDN leur indique leur niveau de performance. 31% confient cette responsabilité à leur équipe en charge des opérations ou à un prestataire tiers et 28% estiment que cette responsabilité relève conjointement de l’équipe en charge des opérations et du partenaire CDN.

Il apparaît donc que, si la qualité est à la fois relative et subjective, une diffusion médiocre est de nature à annihiler la totalité des investissements qu’un prestataire de services vidéo se doit de réaliser dans le contenu et le marketing pour lancer son service. De même, il peut également être très difficile de se relever d’une expérience aussi désastreuse. Il est donc primordial de définir des indicateurs de performance clés — pas uniquement pour l’activité du prestataire, mais aussi pour les utilisateurs et annonceurs qui paient, eux aussi, la facture.

[1] Source