Logiciels et services : un secteur peu concentré en France
Editeurs et prestataires de services informatiques en France restent encore majoritairement des acteurs de petites tailles, tout comme la taille des acquisitions, selon une étude du Syntec Informatique.
Le secteur français des logiciels et services est caractérisé par son atypie en termes de concentration par rapport au reste de l'Europe et aux Etats-Unis. En effet la concentration y demeure encore relativement réduite et la majorité des acquisitions se fait sur des cibles de petites tailles, moins de 7,5 millions d'euros de chiffre d'affaires (la moyenne annuelle est de 89 opérations et 16,2 millions d'euros de CA).
C'est l'une des conclusions qui ressort de l'étude menée par Syntec Informatique et AP Management via l'Observatoire de la Concentration. Sur la période étudiée, qui s'étend de 1997 à 2007, si des fusions ont bien été réalisées, elles n'ont pas conduit à une diminution significative du nombre d'acteurs sur le marché. Sur l'ensemble du périmètre, 976 opérations ont été recensées, pour un volume total de 15,8 milliards d'euros.
Les opérations d'un montant supérieur à 300 millions de dollars sont largement minoritaires, seulement au nombre de 6 sur la période étudiée. Ces acquisitions sont d'ailleurs généralement le fait d'acteurs internationaux, c'est-à-dire dont le siège est situé hors de France. Cette tendance peut se vérifier notamment au travers des rachats de Business Objects par SAP, d'Ilog par IBM, ou encore de GL Trade par Sungard.
Les prises de contrôles franco-françaises se focalisent elles sur des transactions plus petites, mais plus nombreuses. Néanmoins, l'Observatoire relève une forte émergence des transactions de taille moyenne (50 à 300 millions d'euros de chiffre d'affaires).
Sur un plan métier, la concentration est une tendance qui concerne principalement les sociétés de services. Toutefois, en volume, la balance penche du côté des éditeurs de logiciels, en raison notamment d'une accélération de la croissance externe sur la deuxième partie de la période. Ainsi, en 2007, si les SSII représentent 61% de la concentration (en nombre), en volume, elles ne comptent que pour 38% du total. L'édition de logiciels a représenté 32% des opérations en nombre, mais 55% en volume.
Et c'est avant tout dans le secteur de l'édition de logiciels que la France se démarque de l'Europe de l'Ouest et surtout des Etats-Unis. Ainsi sur le marché français, les 10 plus grands éditeurs détiennent 40% du marché. Cette part est de 46% en Europe de l'Ouest et de 53% aux Etats-Unis (mais de 39% en Allemagne).
Syntec Informatique semble favorable à un développement de la concentration dans l'hexagone, afin notamment de se positionner sur un marché mondialisé.
"L'industrialisation, la standardisation, la satisfaction des exigences de qualité et/ou de délais, le référencement chez les grands comptes, le développement de réseaux de distribution ou de partenaires, l'internationalisation... demandent des investissements inaccessibles aux petites entreprises et sont les exigences d'un marché qui évolue vers une plus grande maturité", précise ainsi l'étude.
Le principal frein à la concentration du marché pourrait bien être la propre santé du secteur. La croissance organique y est en effet forte. Entre 1997 et 2007, le marché a doublé de taille passant de 19,4 milliards d'euros à 40,2 milliards en 2007, grâce à une croissance annuelle moyenne de 7%. Un ralentissement de cette croissance en 2009 pourrait par conséquent encourager éditeurs et SSII à plus de croissance externe.
Cependant, la crise financière et les difficultés du crédit risquent alors de représenter des obstacles, hormis pour les entreprises disposant déjà d'importantes liquidités. Mais la crise, en érodant parfois de 30 à 50% la valeur en bourse des sociétés, permet également des opportunités en termes d'acquisitions.