Google : un séisme sur le créneau des RSE ?
Google vient d'annoncer la sortie d'une version entreprise de son offre de réseau social. Quels en sont les impacts pour le monde du RSE?
Maintenant c’est officiel, Google arrive sur le terrain du réseau social d’entreprise (RSE) ou Social Business Networks (SBN) pour son acronyme anglais. Longtemps attendu, prédit voire redouté par certains, la firme qui domine le search sur le Web s’attaque aussi au réseau social par le versant de l’entreprise.Mais avant d’en comprendre les enjeux pour le RSE et les impacts pour les acteurs de ce marché, essayons de comprendre pourquoi il arrive par là…
Car il existe d’autres grands types de réseaux sociaux en fortes croissances comme :
- le réseau social grand public (pas de chance il est pris par Facebook)
- le réseau social de gaming (game over il est pris pas Zynga dans Facebook)
- le réseau social de rencontre (vade retro Google fuit le « sexe » comme la peste)
- le réseau social professionnel (LinkedIn a pris beaucoup trop d’avance)
- le réseau social de commerce (Google a lorgné un temps sur Groupon et Foursquare avant de réfléchir… est-ce trop tôt ?)
- et enfin… LE réseau social d’entreprise est là. Et même si Yammer a fait une percée remarquable aux US, il reste un boulevard. C’est même le marché le plus en croissance en termes de volume si l’on en croit les chiffres du Gartner.
Le premier réflexe est bien sûr, comme le sous-titre du Journal du Net le laisse entendre, de dire qu’il s’agit d’un séisme dans le monde des pure players des RSE, à savoir Yammer SocialText pour les US et BlueKiwi, Jamespot, TalkSpirit, SeeMy et Yoolink pour la France. Un séisme, synonyme de destruction, de perte de marché et d’écrasement. On voit déjà ces pure players effacés par le rouleau compresseur Googlolien, qui a su imposer son monopole comme en atteste son moteur de recherche du Web.
Mais le RSE est une offre de type B2B qui ne répond pas aux mêmes logiques qu’une offre grand public. Il faut plutôt aller explorer du côté des offres de Google pour l’entreprise, comme son moteur de recherche pour entreprise, (Google Appliance) pour comprendre ce qui risque d’arriver au marché du RSE.
Once upon a time….Lancé en 2002, le produit de Google dédié à la recherche de l’intranet devait « tout remplacer », tant la domination de Google dans le search était évidente. Il en a été tout autrement : jamais le marché du Search en entreprise ne s’est aussi bien porté de 2002 à 2010 en voyant les pure players tant US avec Autonomy (racheté par HP 10Milliards), ou Exalead (racheté par Dassault 130M€), Sinequa ou Antidot toujours plus en croissance… car Google Appliance est bien devenu le numéro un des Search en entreprise en termes de volume, mais il n’a pas répondu aux besoins variés et multiples. Mieux il a emmené une locomotive en ouvrant le marché et évangélisant comme jamais.
C’est aussi, je crois, ce qui va se passer pour le RSE. Maintenant que Google l’intègre dans son offre GoogleApps, le message est clair : une boîte sérieuse ne peut pas se passer d’un RSE pour gérer son activité. Voilà, c’est aussi clair que le mail en 1990, le site internet en 2000 et maintenant le RSE pour les années 2010. Google entérine ce que Facebook a démontré dans le grand public et qui se propage à l’entreprise.
C’est d’ailleurs la vision que porte Jamespot depuis le début : les usages du Web rentrent dans l’entreprise, à telle enseigne qu’en 2005 nous avions lancé un service auprès du grand public avant de le répliquer en 2008 pour les entreprises. Acte 1.
Acte 2, ce sont donc toutes les entreprises, et aussi européennes qui vont donc entendre ce message d’équipement.
Maintenant, s’équiper d’un RSE, oui, mais pour quoi, quels usages, quels avantages business? S’il s’agit de l’interne, et qu’on est équipé de GoogleApps avec un GMail, certes, le RSE fourni par Google est très bien et permet d’échanger des Urls, des documents, des conversations entre employés.
Mais ce qu’on constate, c’est que le RSE est souvent tourné vers l’extérieur,pour accueillir les clients, les prospects ou encore les partenaires. Et là, la marque qui déploie un tel système, par exemple pour animer son réseau de vente, à besoin d’un RSE qui soit configurable et qui épouse la charte graphique de la marque. Or, dans l’approche Google, rien ne ressemble plus à un outil Google qu’un autre outil Google, et donc le RSE made in Google, dérivé de GooglePlus ne permet pas de servir l’objectif.
Autre point, Google a une logique de pricing à l’utilisateur, avec un prix de 40€/an. Ce qui se justifie dans le cas du mail ou du document mais qu’en est-il d’un réseau qui accueille des milliers de clients et prospects? Est-ce qu’on imagine payer autant pour chaque prospect ?
Une question reste aussi en suspens et qui se pose déjà avec leur offre GoogleDoc : quelle sera la gestion des identités ? En effet, la logique Google, c’est d’avoir un seul compte utilisateur pour toutes ces applications Google. Or, en business, il n’est pas rare d’appartenir à plusieurs réseaux. L’approche de Jamespot est d’avoir une identité distincte par réseau (ce qui permet d’avoir un profil différent selon son rôle), comment Google permettra-t-il cette souplesse nécessaire ?
Autre point, Google est un offreur « central », comme l’est Microsoft ou Oracle. Or les clients avec lesquels on travaille ont souvent besoin de connecter plusieurs environnements hétérogènes. Un RSE « pure player » comme Jamespot dispose de connecteurs vers GoogleApps, Microsoft, SalesForce, Zoho etc… car nous n’avons pas de chapelle. Aussi, pour les entreprises déjà équipées de manière hétérogènes – ce qui est souvent la norme- alors un RSE agnostique (ni Google, ni Microsoft, ni SAP, ni Oracle) sera plus pertinent et adaptable, qu’un produit figé et super-standard.
Il est clair en revanche que l’offre de Google sera très appréciée des TPEs qui verront en ce système un moyen de passer du rien au tout numérique convergent : mail, téléphonie, RSE , documents en ligne, vidéo etc…
Un point important également est celui de l’accompagnement et de la proximité. Les pure players auront sur ce plan toujours un coup d’avance. C’est leur force et leur spécificité : se concentrer sur un métier. Là où un généraliste doit attaquer sur plusieurs fronts. Quoi qu’il en soit, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Le RSE n’est plus un marché en devenir, il appartient au paysage numérique du business. Et c’est çà, pour moi, la meilleure nouvelle.
Ca va secouer, c’est certain mais n’est ce pas le propre de nos secteurs innovants ? Comme j’aime à le rappeler, le métier d’éditeur de logiciel est comme « riding a bull ». Google vient de donner un coup de fouet au taureau.
Et comme vous êtes pressés de voir ce qu’il en est, essayez-nous :
Pour Google Apps c’est là http://www.google.com/apps/intl/fr/business/
Pour Jamespot.pro c’est ici : http://www.jamespot.pro/fr/demarrer