Intel fait appel de l'amende infligée par la Commission européenne

Si le Garner ne prévoit pas de cette condamnation une incidence sur le marché des processeurs, les associations souhaitent qu'Intel rembourse les consommateurs.

Suite à la condamnation du fondeur américain Intel par la Commission européenne au paiement d'une amende de 1,06 milliard d'euros, les réactions se multiplient.

AMD, principal plaignant, se félicite de cette décision, jugeant qu'elle est "une étape importante dans l'instauration d'un marché véritablement concurrentiel". Le challenger d'Intel sur le secteur des processeurs voit même dans cette condamnation un changement majeur : "nous attendons avec impatience l'évolution d'un monde régi par Intel vers un monde régi par le consommateur" affirme Dirk Meyer, le président et CEO d'AMD. AMD insiste également sur l'impact que cette décision de la Commission européenne aura sur l'inflation des prix, liée selon AMD au monopole d'Intel.

Intel a été reconnu coupable de remises occultes et de paiements frauduleux

De son côté, le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) a également fait par de sa satisfaction. Pour le BEUC, les pratiques d'Intel avaient engendré un "double dommage" pour les consommateurs, c'est-à-dire les freins sur l'innovation d'une part et la politique de prix élevés d'autre part qui résultaient de cette situation. Au-delà de l'amende, le BEUC estime que "les consommateurs ont payé trop cher leurs ordinateurs et ils devraient être dédommagés", prônant pour ce faire la mise en place d'une action judiciaire collective pour les victimes de pratiques anticoncurrentielles. Une initiative qu'appelle également de ses vœux l'association de consommateurs française l'UFC-Que Choisir.

Du côté des analystes, le montant de l'amende est certes pris en compte, mais ses conséquences sur l'évolution du marché des processeurs sont minimisées. "La décision ne va pas changer grand-chose sur les conditions de marché. Les parts de marché entre Intel et AMD devraient rester alignées avec leurs capacités de production, et ajustées sur leurs compétences technologiques. AMD ne va recevoir aucun montant de l'amende, qui va entrer dans le budget de l'Union Européenne. Le challenge d'Intel va rester celui de la croissance du marché, et non celui des parts de marché" affirme Martin Reynolds, managing vice president and fellow au Gartner.

Intel fait appel

La réaction de la bourse suite à l'annonce de l'amende confirme les propos de Martin Reynolds. L'action d'Intel était mercredi après midi en croissance dans un contexte général de dépréciation boursière à Wall Street.

Une bonne humeur sans nul doute en lien avec les prévisions optimistes de l'entreprise pour la fin de l'année, publiées la veille, et agrémentées de l'annonce faite par Intel de l'appel qui allait être déposé pour réexaminer l'affaire.

Un appel qui devrait considérablement rallonger la durée de l'affaire, déjà longue. 9 ans d'enquête ont en effet été nécessaires à la Commission européenne pour se faire une opinion sur les accusations de pratiques anticoncurrentielles portées contre Intel. Au final, Intel a été reconnu coupable de remises occultes à des constructeurs d'ordinateurs (Acer, Dell, HP...) pour qu'ils excluent les concurrents, et de paiements frauduleux pour que ces même constructeurs retardent ou annulent des lancements de produits équipés de processeurs AMD.

Il faut noter qu'Intel a déjà été condamné en 2008 en Corée du Sud pour des pratiques similaires à une amende de 25,4 millions de dollars, et en 2005 au Japon avait été interdit pendant quelques mois de participer à des appels d'offres publics pour ces mêmes raisons. Aux Etats-Unis, une enquête est en cours, et la Commission du commerce fédéral (Federal Trade Commission, FTC) et le bureau du procureur général de New York investiguent sur un éventuel cas de pratique anticoncurrentielle de la part d'Intel. Un procès est prévu au printemps 2010.