Oracle prévoit de sabrer 3 000 emplois chez Sun

Le géant de l'ERP et des bases de données dénonce la lenteur de la Commission Européenne à donner son feu vert à sa fusion avec Sun. Mais le groupe prépare déjà la suite.

Mais que se passe-t-il dans la tête des dirigeants d'Oracle ? Un mois après avoir accusé la Commission Européenne de faire perdre à son entreprise 100 millions de dollars par mois par son entêtement à ne pas valider le processus de fusion avec Sun, Larry Ellison, le P-DG d'Oracle, a de nouveau fait parler la poudre.

Cette fois, ce sont les salariés qui vont trinqué. Mais ce n'est pas la première fois depuis le début de la crise. Déjà, en novembre 2008, Oracle avait procédé à plus de 6 000 suppressions de postes. Et aujourd'hui, ce sont 3 000 emplois qui sont directement menacés chez Sun, ce qui correspond à 10% de la masse salariale du groupe.

Toutes les entités géographiques et filiales du géant Open Source sont concernées : Europe, Amérique du Nord et Asie-Pacifique, pour un coût de restructuration estimé entre 75 et 125 millions de dollars.

Une fois la fusion validée par la Commission Européenne, Oracle pourrait supprimer jusqu'à 15 000 emplois

A lire entre les lignes du document envoyé par Oracle au gendarme américain de régulation des autorités des marchés financiers (SEC), l'entreprise serait presque contrainte de sabrer dans ses effectifs. En particulier pour "adapter ses ressources aux objectifs stratégiques et de développement du groupe", comme l'a indiqué Larry Ellison. Sachant que le pire pourrait même être à venir.

Car si tout se passe comme le prédit un analyste de Sanford C.Bernstein&Co, Oracle pourrait même décider de tailler encore plus largement (10 000 postes menacés) dans la masse salariale de Sun dès la fusion validée par la Commission Européenne. Mark Teter, directeur technique chez le partenaire de Sun Advanced Systems Group, pense même que les futurs licenciements pourraient s'élever à 15 000 personnes.

De Richard Stallman aux co-fondateurs de MySQL, les voix s'élèvent contre la fusion Oracle/Sun

Reste à connaître maintenant la réaction de la Commission Européenne et Neelie Kroes, sa commissaire à la concurrence. Décideront-ils d'avancer leur décision de valider (ou non) la fusion entre Oracle et Sun avant leur date limite initiale prévue en janvier prochain ? Continueront-ils au contraire à rester droit dans leurs bottes et à se donner le temps nécessaire à une décision mûrement réfléchie ?

Si tel était le cas, nul doute que les éminences grises de la Commission ont en tout cas du pain sur la planche. Le temps en effet d'évaluer toutes les implications d'un feu vert à la fusion mais également d'étudier de près toutes les doléances émises par les détracteurs à la fusion Oracle/Sun. Et elles sont nombreuses.

A commencer par celle de Marten Mickos, le P-DG de MySQL de 2001 à 2008, qui décrit sur son blog toutes les incertitudes pouvant découler d'un tel rapprochement. Et de préciser que quelle que soit la taille d'un éditeur, aucun ne sera en mesure de peser sur le devenir et les innovations liées à la plus grande base de données Open Source existante, comparé aux utilisateurs eux-mêmes.

La fusion met également Michael Widenius, co-fondateur du projet MySQL, hors de lui. Selon Michael Widenius, MySQL mérite d'être protégé des luttes de conflit d'intérêt mises en exergue par son nouveau propriétaire Oracle.

Sans compter Richard Stallman, évangéliste du logiciel libre, qui n'a pas hésité, lui aussi, à venir mettre son grain de sel, aux côtés de James Love et Malini Aisola de Knowledge Ecology International et de Jim Killock de l'Open Rights Group et prendre la plume pour écrire directement à la Commission Européenne. "Si Oracle est autorisé à acquérir MySQL, cela limitera immanquablement le développement, les fonctionnalités et la performance de la plate-forme MySQL", indiquent-ils. Ce cri du cœur saura-t-il trouver un écho auprès de la Commission ?