Philippe Montargès (Alter Way) "Nous allons poursuivre nos acquisitions"
Le P-DG d'Alter Way compte bien poursuivre ses opérations de croissance externe pour diversifier son offre de services liés aux Logicels Libres et devenir le numéro 1 français du secteur.
JDN Solutions. Quelle est l'idée fondatrice d'Alter Way ?
Philippe Montargès. La création d'Alter Way, que j'ai fondée en 2006 avec Véronique Torner, est née d'un constat. L'Open Source représentait alors un secteur émergent à forte croissance. Mais il reposait sur une multiplicité d'acteurs très éparpillés. Le marché devait encore se structurer. Alter Way voulait proposer une alternative pour aider à consolider cette industrie, basée sur l'idée que les coûts d'acquisition de logiciels allaient autant baisser que ceux des services associés monter. La stratégie d'Alter Way vise à devenir le premier opérateur français de services liés au Logiciel Libre. Messagerie, administration de plate-forme Linux, customisation de logiciels de CMS, de GED, ou autres : si les logiciels que nous maîtrisons sont variés, ils toujours libres.
En quoi avez-vous contribué à consolider l'industrie française de l'Open Source?
En moins de 4 ans, Alter Way a structuré l'offre existante en rassemblant, par acquisitions, des acteurs importants de l'Open Source : Anaska, Ingeniweb, Solinux, Kanopée, O4DB et ECLIP'S Software. Cela lui permet aujourd'hui de couvrir, à 360°, de nombreux besoins en services : formation, conseil, engineering, intégration ou hébergement. Nous avons aussi noué de nombreux partenariats avec des ténors du secteur, par exemple Oracle pour la base de données Open Source MySQL, ou avec Canonical, pour le support d'Ubuntu, entre autres.
"Le Logiciel Libre est souvent le moteur invisible des révolutions numériques."
Nous avons aujourd'hui atteint une taille conséquente, avec un chiffre d'affaires 2009 de 10 millions d'euros. Avec une croissance organique de plus de 10% et un effectif de 90 personnes qui devrait croître de plus de 40% cette année, nous avons une dynamique qui nous aide à consolider le paysage.
Je me suis aussi impliqué dans l'éco-système de l'Open Source. J'ai publié des livres blancs sur le modèle économique du Libre, qui n'est ni l'industrie du générique, ni celle du low cost. Ce modèle, qui se généralise de plus en plus dans l'entreprise et arrive dans les terminaux mobiles, est souvent le moteur invisible des révolutions numériques.
De plus, j'ai aussi participé à la création, cette année, du Conseil national du logiciel libre, qui veut aussi consolider l'industrie. Je serai également président de l'Open World Forum 2010 qui réunit la crème mondiale du secteur.
Depuis sa création, en 2006, AlterWay a acquis six sociétés. Les avez-vous digérées ?
Notre modèle de développement a été pensé dès son origine pour pouvoir accueillir d'autres sociétés et leur permettre de garder leurs fondateurs. Résultats, ces acquisitions ont même été plus simples que ce qu'on pensait. Nous avons acquis des sociétés très spécialisées, et donc additionné des compétences plus complémentaires que différentes.
Et nous n'allons pas nous arrêter là. Nous finalisons actuellement l'acquisition d'une agence de communication web. Car parmi nos donneurs d'ordre, se trouvent les DSI et/ou la DG, mais aussi les directions marketing et communication. Et nous allons poursuivre nos acquisitions pour compléter notre offre dans les domaines où nous ne sommes pas encore présents, en CRM, BI ou même ERP, qui devrait à mon avis exploser en Open Source d'ici trois ou quatre ans.
Philippe Montargès, 52 ans, diplômé de ESC Reims, a dirigé et fondé de Masterline, une SSII créée en 1988 et transmise en 2005. L'année suivante il a co-fondé Alter Way qu'il co-préside depuis avec son associée Véronique Torner. Impliqué dans divers organes représentatifs du secteur du Logicel Libre (CNLL,Systém@tic, Cap Digital), auteur de publications et interventions sur le thème de l'évolution des modèles économiques du Logiciel Libre, il sera président de l'édition 2010 de l'Open World Forum.