Socialisation du système d'information : où en est-on ?

Socialisation du système d'information : où en est-on ? Des moyens existent pour interconnecter les données métiers ou d'autres briques du SI avec un réseau social d'entreprise. Orange et la Lyonnaise des Eaux fourmillent de projets, mais leur gestation prend du temps.

Peut-on injecter des informations métiers dans le flux d'activité du réseau social d'entreprise (RSE) et doter les applications métiers de fonctions sociales pour gagner en productivité ? Les possibilités pour interconnecter le RSE aux apps métiers - voire à d'autres briques du système d'information - sont en effet, depuis quelques mois, à portée des entreprises.

Mais en dépit des efforts des éditeurs de RSE, mais aussi de logiciels métiers dont SAP, Oracle ou encore Salesforce pour faciliter cette interconnexion, force est de constater que les projets tardent à décoller dans les entreprises. Et ce, alors même que l'on observe une montée en puissance des normes taillées pour cet enjeu, comme Activity Stream, Open Social et OAuth (lire l'article : Le réseau social d'entreprise face au défi de la fédération des flux métiers).

"En France, le passage à l'acte n'est pas rapide" (Bertrand Duperrin - Nextmodernity)

"Je vois en France beaucoup de réflexions sur le sujet, mais le passage à l'acte n'est pas rapide. Il ne faut pas perdre de vue que si le réseau social d'entreprise n'est pas mis en place ou pas utilisé, les entreprises ne vont pas chercher à socialiser les apps métiers et s'embêter à embarquer des informations dans l'Activity Stream", fait savoir Bertrand Duperrin, directeur conseil chez Nextmodernity.

Pourtant, ce ne sont pas les possibles bénéfices de la socialisation du SI et des apps métiers qui manquent. "Elle engendre une meilleure adoption des logiques sociales par le collaborateur, une meilleure exécution des activités métiers, une meilleure expérience utilisateur et une meilleure traçabilité des opérations, des échanges et des documents améliorant le suivi et le reporting", poursuit Bertrand Duperrin. 

Quid, dès lors, de la mise en place concrète de projets et de solutions permettant de socialiser apps et/ou système d'information dans les entreprises françaises ? Du côté de la Lyonnaise des Eaux, la socialisation du SI est très liée "à des processus métiers autour des contrats et de la veille", indique Frédéric Charles, responsable de la stratégie et de la gouvernance du SI de la Lyonnaise des Eaux. 

Un système d'information socialisé chez Orange grâce à IBM

Chez Orange, un projet de socialisation du SI a été engagé l'année dernière avec le lancement d'un pilote visant à coupler différentes briques applicatives (ERP, CRM...) au réseau social d'entreprise et à un moteur de gestion des processus métiers (BPM). Un projet basé sur les solutions IBM, dont en particulier le RSE Connections, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en place du programme "Orange Nouvelle Expérience" destiné à améliorer la relation client de l'opérateur télécoms.

"En termes de socialisation du SI, chacun voit midi à sa porte" (Arnaud Rayrole - Lecko)

Dans une grande ETI du secteur des nouvelles technologies (qui a souhaité garder l'anonymat), c'est une réflexion sur la création de synergies entre les CRM sous SAP et Oracle-Siebel et le RSE qui est menée. Avec pour objectif en 2014 de parvenir à pousser des données métiers dans le flux d'activité afin de gagner en productivité et en réactivité.

Si la socialisation du système d'information et des apps métiers n'en n'est qu'à ses balbutiements, des entreprises ont bien compris tout le potentiel qu'elles pouvaient en dégager. Mais le plus dur reste encore à faire, et les pièges à surmonter loin d'être anodins.

"En termes de socialisation du SI, chacun voit midi à sa porte. La DSI réclame des retours d'expérience, les utilisateurs voient l'articulation entre la collaboration sociale et les applications métiers comme un prérequis, tandis que les éditeurs ne sont pas aujourd'hui prêts à cohabiter entre eux", analyse Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko. Ce spécialiste conclut : "Si les éditeurs rendent une partie des données accessibles via les API, elles ne s'accordent pas sur leur signification et la manière dont elles sont interprétées. L'intégration se cantonne aujourd'hui principalement à l'échange de flux. Demain, le partage du capital social constitué par chacun sur les différentes plateformes sera au cœur de l'enjeu de la maitrise du SI social".