Niklas Adalberth (Klarna) "Klarna propose aux internautes de payer leurs achats après avoir été livrés"

Basée en Suède, Klarna propose aux e-commerçants une nouvelle solution de paiement. Le client ne paie qu'après réception du produit, Klarna avance l'argent et assume les risques de fraude.

niklas adalberth
Niklas Adalberth est le cofondateur et CEO de la start-up suédoise Klarna. © S. de P. Klarna

JDN. Pouvez-vous présenter Klarna ?

Niklas Adalberth. Klarna a été fondée en Suède en 2005. Avec mes deux cofondateurs, Sebastian Siemiatkowski et Victor Jacobsson, nous avons imaginé des solutions de paiement simples pour les sites e-commerce. Son principal service : le concept du paiement après livraison. Nous séparons l'expérience d'achat de l'expérience de paiement. Les acheteurs reçoivent les produits qu'ils ont commandés avant de débourser un seul centime. Avec Klarna, l'internaute choisit ce qu'il veut acheter, valide le panier, renseigne ses informations... Et c'est tout, il n'a plus qu'à attendre de recevoir ses produits. Après réception, il a quatorze jours pour payer, en choisissant sa solution de paiement parmi des possibilités variées (carte de crédit, virement, chèque...). On lui permet aussi de payer en plusieurs fois, quand le montant est élevé. Cela donne au client la possibilité de tester avant de payer, et surtout Klarna établit une vraie confiance. Cette solution permet de créer une expérience d'achat plus sûre, sans aucune tension, que ce soit pour les acheteurs ou pour les vendeurs : l'e-commerçant est payé directement par nos soins, et nous assumons tous les risques de fraude ou de retards.

Avant d'accepter qu'un internaute utilise Klarna, vous évaluez son profil. Comment procédez-vous ? Refusez-vous fréquemment des internautes ?

94% des demandes sont acceptées. Quand l'internaute valide son panier et rentre ses informations, on lui demande de renseigner son numéro d'identité national. Klarna effectue alors une vérification rapide de son historique de crédit. Un algorithme utilise d'autres données (heure de l'achat, produit commandé, etc...) pour aider à déterminer la crédibilité de l'acheteur. Klarna emploie plus de 800 personnes, parmi lesquelles 70 travaillent sur l'évaluation du risque. Le taux de fraude est extrêmement faible.

Comment vous rémunérez-vous ?

Nous prenons une commission de 3% sur la vente. Selon nos estimations, proposer aux clients de payer après réception du produit grâce à Klarna permet d'augmenter les ventes des e-commerçants de 10 à 30% : notre service permet de supprimer l'abandon de la commande par les clients méfiants au moment d'entrer les codes de cartes de crédit. Par ailleurs, en cas de retard de paiement, les internautes doivent s'acquitter d'intérêts, qui constituent pour nous une autre source de revenus.

Où en est votre développement ?

Nos solutions de paiement sont intégrées par près de 20 000 sites d'e-commerce dans sept pays en Europe : Suède, Norvège, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas et Autriche. Nous possédons des bureaux dans neuf villes différentes, dont un en Israël, pour le R&D. Aujourd'hui, la plupart des 800 employés de Klarna travaillent au siège, à Stockholm.

Etes-vous rentable ?

Oui, depuis 2006, soit un an seulement après notre création. Près de 20% des ventes e-commerce en Suède passent par Klarna. Nous avons plus de dix millions de consommateurs actifs. La société enregistre un chiffre d'affaires de 200 millions de dollars.

"Nous avons levé 250 millions de dollars depuis la création de Klarna"

Mais vous avez quand même levé des fonds...

Oui, nous avons levé 250 millions de dollars auprès, notamment, de Sequoia Capital, DST et General Atlantic (investisseurs de Facebook, Zinga, Twitter). Nous en avions besoin pour avancer l'argent aux e-commerçants, après avoir lancé la possibilité d'étaler le paiement. Et cela nous a aidés à nous développer plus vite.

Prévoyez-vous de lancer Klarna en France ?

Non. Si cela marche si bien en Suède, notamment, c'est parce qu'il est très facile d'obtenir, avec le numéro d'identité, l'adresse de l'internaute et surtout son historique de crédit pour déterminer sa fiabilité. De plus, les défauts de paiements sont notifiés au niveau national et ont un impact négatif sur l'historique de crédit des internautes, ce qui réduit extrêmement les cas de fraude. En France, cet historique accessible facilement n'existe pas. Et l'utilisation de ce type d'informations y est bien plus sensible. Klarna n'est donc pas adapté pour le marché français. Par contre, nous comptons nous attaquer aux marchés asiatique et américain.

Niklas Adalberth est titulaire d'un master de commerce international délivré par la Stockholm School of Economics. Trois mois après son entrée dans l'école, il co-fonde Klarna avec deux autres étudiants, Sebastian Siemiatkowski et Victor Jacobsson. Il en est aujourd'hui le CEO et membre du conseil d'administration.