LegalTech : pourquoi l'humain aura toujours sa place dans le monde du droit

A l’heure où LegalTech est synonyme d’algorithmes prédictifs et d’intelligence artificielle, la machine a-t-elle de réelles chances de supplanter l’humain dans un secteur où les relations entre les hommes sont cruciales ?

La révolution LegalTech est en marche. Un mouvement lancé depuis déjà quelques années puisque les premières LegalTech sont apparues aux Etats-Unis au début des années 2000 et dans l’Hexagone vers 2012-2013. A l’origine de cette nouvelle vague, une volonté de démocratiser l’accès au droit et de réduire le coût des prestations juridiques en s’appuyant sur l’innovation technologique (algorithmes, machine learning, etc.). 

A l’instar de beaucoup d’autres secteurs (banque, finance, assurance, transport,...) le monde du droit est aujourd'hui bouleversé par ces nouveaux acteurs qui ont défini de nouveaux standards sur le marché et avec eux un environnement très concurrentiel où cohabitent, professionnels du droit, acteurs traditionnels et start-up innovantes. L’Observatoire permanent de la legaltech 2018 du Village de la justice recense 166 start-up dans ce domaine en France.

Pas que des start-up

Si ces start-up de la justice incarnent pour beaucoup l’innovation dans le droit, il n’en reste pas moins que d’autres acteurs participent activement au renouveau des services juridiques. En effet, toujours selon L’Observatoire permanent de la legaltech 2018 du Village de la justice, les professionnels du droit et les acteurs traditionnels se saisissent de plus en plus de cet enjeu de transformation digitale et représentent aujourd’hui respectivement 16% et 10% des acteurs LegalTech (contre 60% de start-up).

La machine est la nouvelle bienfaitrice du droit puisqu’elle a réussi à séduire à la fois le grand public et les professionnels. Le grand public en réduisant considérablement le prix de prestations juridiques désormais accessibles au plus grand nombre. L’offre Legaltech en BtoC fait aujourd’hui partie du quotidien des internautes qui sont de plus en plus à avoir recours à ces services en ligne pour divers types d’actes : contrats, testaments en ligne, mise en relations avec des avocats... Mais aussi des professionnels en réussissant à traiter pour eux avec rapidité les masses de données juridiques et en cela à faciliter considérablement leur quotidien grâce à des solutions capables de réaliser des tâches essentielles mais consommatrices de temps. 

Digitaliser sans déshumaniser

Ces nouveaux outils ont trouvé leur place auprès des professionnels en tant que véritables assistants virtuels. Pour autant, ces mêmes assistants virtuels ne peuvent toujours pas remplacer le savoir-faire des professionnels dans des métiers où les fonctions cognitives des hommes jouent un rôle fondamental (conseil, stratégie, intuition...). C’est pourquoi, nous pensons qu’il est grand temps de rassembler le meilleur des deux mondes. Les start-up ont le progrès technologique quand nous, les professionnels du droit et les acteurs traditionnels, nous avons l’expertise. L’enjeu aujourd’hui est de réussir à digitaliser sans déshumaniser le monde du droit.

La transformation digitale n’est plus nécessairement une menace pour nous les professionnels et nous l’avons bien compris. La LegalTech est devenue une opportunité, NOTRE opportunité d’"augmenter" nos métiers grâce à la technologie. La vraie révolution LegalTech est celle qui va rassembler tous les acteurs du changement autour d’un processus vertueux de co-création des outils juridiques de demain. Nous tenons un rôle dans cet écosystème, celui de diffuser notre connaissance et de veiller à ce que les justiciables accèdent toujours à des services de qualité.

Pour toutes ces raisons, nous pouvons raisonnablement affirmer que, malgré la transformation profonde du monde du droit, les professionnels du secteur auront encore un grand rôle à jouer dans les années à venir à la condition qu’ils embrassent et s’approprient l’innovation LegalTech.