Antoine Popineau (Appscho) "Comment Appscho a décroché une bourse de 100 000 dollars de Google"

Appscho est une application mobile qui permet aux étudiants d'accéder à l'intranet de leur école. Antoine Popineau, directeur technique, dévoile la stratégie de la start-up qui a décroché une bourse Google sans même faire partie d'un de ses programmes partenaires.

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Antoine Popineau, directeur technique d'Appscho. © Appscho

JDN. Pouvez-vous présenter Appscho ?

Antoine Popineau. Nous sommes partis du constat que les étudiants sont tous entrés dans le monde du numérique mais que les écoles, non : il y a un fossé numérique énorme entre les deux. Appscho est une application mobile intranet qui permet aux étudiants d'accéder à tout l'intranet de leur école depuis leur smartphone. Nous sommes le point de contact entre les étudiants, l'administration et le contenu -toutes les informations liées à la scolarité- poussé par l'école. Nous travaillons sur Appscho depuis un an, et nous l'avons testé en béta à l'ESCP Europe, en partenariat avec le master European Business.

Comment se présente l'application ?

L'étudiant se connecte via ses logins et mot de passe fournis par l'école. Nous avons aussi rajouté une partie non authentifiée, publique, qui permet à l'école de présenter ses informations au public, alors qu'auparavant l'application était purement scolaire. Appscho est disponible sur iOS et Android, et on réfléchit à lancer une version Windows Phone dans les mois qui viennent.

Où en êtes-vous du déploiement de l'application ?

Nous la déployons en ce moment pour toute l'école ESCP Europe, et nous sommes en discussions avec six écoles et deux conglomérats d'une vingtaine d'écoles chacun. Notre objectif est de dépasser la quinzaine d'écoles signées d'ici à fin 2015.

Quel est votre business model ?

L'application est gratuite pour les étudiants. Pour les écoles, c'est un modèle de licence, un forfait annuel selon le nombre d'étudiants : de 5 centimes à un euro par étudiant et par mois. Le tarif est dégressif en fonction du nombre total d'étudiants de l'école.

Vous avez décroché une bourse de 100 000 dollars, sous forme de crédits pour utiliser la plateforme cloud de Google. Comment avez-vous passé la sélection ?

"Google a débloqué un crédit de 20 000... Puis 100 000 dollars"

Les bourses sont normalement réservées aux start-up des accélérateurs partenaires de Google (TheFamily, 500 Startups, Founder Institute, Le Camping, Techstars, Y Combinator) ou financées par des VC partenaires (Google Ventures, Indes Ventures, Firstmark Capital...). Ce sont souvent des start-up déjà financées en série A, avec un grand VC américain partenaire. Même si nous ne remplissions pas les critères, nous nous sommes rapprochés de Google grâce à des évènements et meet-ups. On a pu les rencontrer et, après négociations et notamment un entretien technique d'une heure et demie avec le directeur du développement Europe, Google nous a débloqué 20 000 dollars... Avant que la somme ne se transforme en 100 000 dollars de bourse. Cela se présente sous forme de crédit pour utiliser l'infrastructure de Google et cela nous permet d'avoir un produit très stable et performant.

Combien êtes-vous dans l'équipe ?

Nous sommes six, dont les deux cofondateurs, issus de Supinfo [Victor Wacrenier et Antoine Popineau, ndlr], deux développeurs, un responsable de la communication et un responsable business.

Vous êtes-vous déjà fixé une feuille de route pour l'internationalisation ?

Nous voulons nous développer en Europe dès fin 2015. Nous pensons aussi aux pays en voie de développement, sur le continent africain ou en Inde, car c'est un marché qui y grandit énormément. Il y a là-bas une grosse dynamique sur les nouvelles technologies et le mobile.

Pensez-vous lever des fonds pour accélérer ?

Nous y réfléchissons. Selon les contrats que nous aurons signés dans les six prochains mois, nous devrions avoir de quoi tenir. Mais nous nous posons la question de la levée pour se lancer en Europe : on pourrait en avoir besoin pour accélérer. Nous voulons avant tout verrouiller le marché français le plus vite possible, et répondre aux besoins des écoles... voire leur proposer des services annexes.

Quels types de services ?

Service de mapping 3D pour se repérer sur le campus

Nous pouvons imaginer toute une série d'applications autour d'Appscho. Pour les écoles d'abord, afin de les aider sur diverses problématiques : réservation de salles, gestion financière... Pour les étudiants, ensuite. Par exemple, nous nous sommes rapprochés de la start-up Studapart, et nous allons mettre en place un onglet sur lequel les étudiants pourront chercher un appartement à louer. Nous travaillons aussi à un service de mapping 3D grâce à Google In door, qui permet aujourd'hui de se repérer dans les centres commerciaux. Nous réfléchissons à l'adapter aux campus, pour aider à se diriger dans les bâtiments. Pourquoi pas aussi, à terme, pouvoir géo-localiser son prof, pour voir s'il est dans son bureau et si on peut aller lui parler ?

La start-up Jam, accélérée au Camping, est une application dédiée aux étudiants née à Sciences Po Paris et désormais utilisée par 8 000 étudiants sur une quinzaine de campus. La considérez-vous comme votre concurrente ?

Nous nous attaquons en effet au même marché, mais nous n'avons pas du tout le même produit. Nous nous connectons à l'infrastructure des écoles : Pour se connecter, les étudiants utilisent le login et le mot de passe de l'école et ce sont les écoles qui poussent leurs propres contenus. Nous ne faisons aucune rétention de données. Jam, de son côté, déploie sa propre base de données et l'école n'y a pas accès. Le succès de l'application repose sur l'activité de l'application, et le contenu est produit par les étudiants pour les étudiants. Nous, on se positionne entre l'administration et les étudiants. Le business model aussi est différent : Jam se monétise grâce à des annonceurs.

Comment vous différenciez-vous de CampusM, start-up britannique qui propose également aux écoles de pousser leur intranet sur mobile ?

Pour mettre en place l'application CampusM, l'école doit avoir déployé les briques métiers de la start-up. Cela coûte cher, et c'est contraignant pour les écoles. Nous, on ne disrupte pas, on accompagne le changement. Et une fois que l'école est partenaire, si elle change d'outils, alors on peut être là pour la conseiller.

Antoine Popineau possède une formation d'ingénieur, avec un Master of Science à Supinfo. Il a travaillé trois ans dans le consulting en infrastructures Systèmes et DevOps puis a co-fondé AppScho en 2014. Il y occupe les fonctions de directeur technique.