Animoca Brands mise sur Telegram pour développer les jeux mobiles sur blockchain
En annonçant devenir le principal validateur de la blockchain TON, Animoca Brands confirme sa volonté d'utiliser Telegram pour embarquer le grand public dans l'univers des jeux vidéo Web3. Comme l'a indiqué Robby Yung, CEO d'Animoca Brands, au JDN, les premiers jeux Web3 développés spécifiquement pour la plateforme sortiront au cours du premier semestre 2024. Le marché du jeu vidéo dans son ensemble est aujourd'hui largement dominé par les jeux sur mobile, une tendance que l'on va retrouver dans l'univers des jeux sur blockchain, parie le dirigeant.
Une stratégie que justifie également Yat Siu, cofondateur et président du conseil d'administration d'Animoca Brands. "L'intégration du jeu vidéo Web3 sur Telegram offre des opportunités uniques, c'est pourquoi nous sommes ravis de travailler avec TON et de participer à la validation du réseau", explique-t-il au JDN. "Nous avons toujours été convaincus du potentiel de Telegram pour les joueurs et l'industrie du jeu vidéo. D'ailleurs, notre filiale GAMEE réunit déjà l'une des plus grandes communautés de jeux sur Telegram".
En 2020, Animoca Brands avait en effet fait son entrée dans l'univers des jeux mobiles en acquérant le studio, mettant au passage la main sur un catalogue de plus de 80 jeux et accédant à une communauté de plus d'un million d'utilisateurs actifs mensuels. "Historiquement, Telegram n'avait pas de modèle de monétisation pour les jeux car ils ne permettaient ni la publicité ni d'achats in-app", explique Robby Yung au Journal du Net. "Lorsque nous avons acquis Gamee, nous avions l'ambition de développer un modèle rentable, en amenant les joueurs sur Telegram vers le Web3".
Très populaire au sein de la communauté crypto, qui l'utilise prioritairement au même titre que Discord ou X, Telegram, avec ses 800 millions d'utilisateurs à travers le monde, apparaît comme une passerelle pour les joueurs occasionnels pour accéder au jeux sur blockchain. "Telegram est l'un des deux réseaux sociaux où réside vraiment la communauté du Web3, d'autant plus depuis la mise en place de la blockchain TON", confirme Robby Yung.
Les fondateurs de Telegram, Nikolaï et Pavel Dourov, avaient annoncé dès 2018 l'intégration de la blockchain à la messagerie. Rejetant la publicité, ils affichaient leur ambition d'embarquer les utilisateurs de Telegram sur TON. La blockchain et sa cryptomonnaie associée, le Toncoin, ont finalement été lancés en janvier 2019, utilisant un mécanisme de consensus en proof-of-stake. Avec succès, puisque le nombre de wallets d'utilisateurs a augmenté de près de 250% sur un an, selon un rapport publié en octobre.
TON a ainsi traité plus de 165 millions de transactions à ce jour, avec un nombre de transactions quotidiennes restant stable cette année, à environ 200 000. Des chiffres qui poussent Robby Yung a se montrer enthousiaste. "Je ne serais pas surpris si nous arrivions à intégrer des dizaines de millions de personnes via Telegram", explique-t-il. "En réalité, la majorité des utilisateurs acceptent qu'un intermédiaire de confiance détienne la garde de leurs actifs, tout comme nous faisons confiance aux banques pour garder notre argent", explique Robby Yung. Ce dernier estime que Telegram constitue un environnement idéal pour embarquer les masses, grâce à une interface instinctive et ne nécessitant aucune compétence particulière, contrairement à Metamask, par exemple.
Autre argument qui plaide selon lui en faveur du modèle incarné par Telegram, le fait que la plateforme propose un environnement ouvert grâce à l'utilisation du format html5, compatible avec la quasi totalité des systèmes d'exploitation, navigateurs, ainsi que la plupart des messageries, Telegram, donc, mais aussi Facebook Messenger et Wechat.
"Actuellement, les deux plateformes mobiles dominantes sont contrôlées de manière centralisée, par Google et Apple, qui déterminent quels produits peuvent entrer dans leurs catalogue d'applications", explique Robby Yung. "La distribution a été contrainte. Sur Telegram, il ne s'agit pas des jeux natifs iOS ou Android, mais de jeux développés en html5. C'est une sorte de troisième plateforme mobile".