Gram : la seconde prévente, toujours aussi secrète, est bientôt terminée

Gram : la seconde prévente, toujours aussi secrète, est bientôt terminée Le JDN a discuté avec un investisseur de la première heure de la crypto-monnaie de Telegram. Bien que tenu par un accord de confidentialité, il lève une partie du voile sur l'opération.

La seconde pré-vente de grams a débuté, nous confirme une banque d'affaires française. Celle-ci a participé au premier tour de l'opération destinée à financer la future crypto-monnaie de l'application Telegram, et de la blockchain sur laquelle elle sera échangée, le réseau TON. Cette nouvelle vente privée, avant que l'ICO devienne publique, a débuté dès la fin de la première phase et se terminera mi-mars. Pour rappel, Telegram a levé 850 millions de dollars en quelques semaines seulement, d'après le document remis à la SEC le 13 février dernier.

Le token sera-t-il vendu 1,33 dollar contre 0,37 lors de la première pré-vente, comme l'a écrit Bloomberg ? "L'ordre de grandeur est le bon, atteste notre banquier d'affaires, qui souhaite rester anonyme. Il faut voir que, contrairement à d'autres opérations, le prix est déterminé de façon algorithmique, et non en fonction de l'offre et de la demande. Ce mécanisme est décrit dans le white paper qui a fuité en décembre dernier. Le prix d'un token correspond au prix du dernier, multiplié par un milliardième.

Le ticket d'entrée, lui, restera élevé, mais légèrement inférieur aux 20 millions de dollars exigés lors du premier tour. "Les investisseurs ayant déjà participé au round précédent ont-ils intérêt à réinvestir ? Mon sentiment, c'est qu'il y aura une majorité de nouveaux. Pour quelqu'un qui a pris une grosse position et qui est déjà exposé, je ne sais pas si c'est intéressant de racheter dans les mêmes proportions à un prix plus élevé. Le seul intérêt, c'est de ne pas être contraint en termes de durée minimale de conservation des participations. Certes, le prix est plus élevé, mais la liquidité est meilleure". Reste qu'il s'agira d'investisseurs triés sur le volet. "Il y a eu beaucoup de demandes dans la pré-opération. Ils ont donc réservé une place pour ces investisseurs ou d'autres qui sont qualifiés."

"Le prix du token est plus élevé lors de la deuxième pré-vente que lors de la première, mais la liquidité est meilleure"

Tous seront soumis à un accord de non divulgation émis par la société émettrice de l'ICO. Une pratique peu courante qui, selon notre banquier d'affaires, se justifie par la méfiance des frères Durov. Avant Telegram, ceux-ci avaient fondé le réseau social Vkontakte que l'Etat russe leur a confisqué. Ils souhaitent s'en tenir aux informations que le régulateur les oblige à fournir afin de "ne pas se mettre dans une situation où des Etats, des concurrents ou d'autres crypto-monnaies chercheraient les moyens de discréditer l'opération. Toute communication de notre part qui serait de nature à compliquer l'opération pourrait exclure nos clients".

Une contrainte que cet investisseur a acceptée sans trop de difficulté. "J'ai été convaincu par leur vision en ce qui concerne l'adoption d'une crypto-monnaie. Le fait de partir d'une appli existante assez diffusée, comme Telegram, permet de partir d'une base d'utilisateurs. On peut même imaginer, mais ça, c'est une supposition de ma part, qu'ils utiliseront un peu de leurs réserves pour remettre quelques Grams à tous les utilisateurs, pour amorcer la pompe. J'ai aussi été enthousiasmé par leur idée sur la façon dont pourraient être utilisés les bots de paiement et sur la façon de les monétiser et de rémunérer les plateformes qui les font tourner. Et, enfin, par leurs idées sur la volatilité des crypto-monnaies et l'invention d'une réserve algorithmique."

Et de conclure : "Je pense qu'il y aura un avant et un après l'opération de Telegram. C'est la première fois que des gens qui ont de l'argent ne vont dépendre d'aucune juridiction. Il s'agit là d'un basculement".