Eric Larchevêque "The Bitcoin Society n'est pas un projet pour la France, c'est un projet international"
Le 24 novembre, Eric Larchevêque a dévoilé The Bitcoin Society, une bitcoin treasury company cotée en bourse. Pour le JDN, il précise les contours de ce projet qu'il considère comme le plus important de sa vie.
JDN. Vous avez toujours été un ardent défenseur du bitcoin du fait de sa décentralisation. Est-ce que The Bitcoin Society, votre nouveau projet, n’est pas en contradiction avec votre engagement historique, vu la centralisation qu’il implique ?
Eric Larchevêque. C'est une très bonne question. Et la réponse est assez simple. L'objectif est de développer un outil de libération accessible au plus grand nombre. Cela fait plus de dix ans que je pousse à la décentralisation du bitcoin. Mais 99% de la population n'est pas prête à détenir du bitcoin en toute souveraineté. Donc, dans un premier temps, The Bitcoin Society permet au grand public de comprendre et de se familiariser avec le bitcoin. Par ailleurs, la décentralisation, c'est la multiplication des points de centralisation. On peut créer de la décentralisation via la concurrence, notamment si les bitcoin treasury companies se multiplient. Oui, The Bitcoin Society est un projet centralisé mais mon objectif est de contribuer à la décentralisation dans le futur.
Pourquoi passer par The Bitcoin Society plutôt que de détenir des bitcoins en direct, ce qui est désormais facilité par de nombreuses solutions accessibles au grand public ?
Là, il s'agit d'une question de simplicité. C'est plus simple de s'exposer à une action qu'à du bitcoin. La meilleure approche est la détention directe. Mais le grand public n'est pas encore prêt à franchir ce cap donc il s'agit de l'aider à s'acclimater au bitcoin, à comprendre son univers. Il y a aussi d'autres raisons. Adhérer à The Bitcoin Society, c'est aussi adhérer à une vision. Enfin, de par son fonctionnement, une bitcoin treasury company peut surperformer. Si elle fait bien son travail, un actionnaire peut multiplier sa détention indirecte de bitcoins.
Allez-vous émettre des actions préférentielles perpétuelles comme le fait Micro Strategy pour financer les achats de bitcoins, ce qui pourrait revenir à créer beaucoup de dettes mais peu de valeur ?
On est dans une période d'OPA donc je ne peux pas m'exprimer sur notre business model ni sur notre stratégie financière.
Est-ce que les deux clubs premium (entrepreneurs et investisseurs) vont permettre de générer des recettes pour acheter des bitcoins ?
Encore une fois, je ne peux pas communiquer sur notre stratégie financière, je suis désolé.
Un des piliers de votre projet est "la network society" pour peser dans les débats publics. On imagine qu'en la matière vous avez déjà certaines idées bien précises en tête…
La network society, c'est une façon de réunir des personnes qui partagent les mêmes valeurs, et notamment la liberté d'entreprendre. Un certain nombre d'actions sera mis en place : éducation financière, des actions culturelles, des actions pour tenter d'abroger les normes et les lois qui empêchent d'entreprendre. Notre action ne se limitera pas à la France. On voudra aider nos membres à s'installer dans les meilleurs environnements pour entreprendre, leur proposer un plan B. Si la folie fiscale continue en France, on aidera nos membres à entreprendre ailleurs. Changer de pays pour diriger son entreprise n'est pas simple donc il faudra les accompagner. Notre action est globale. C'est un projet international qui rassemblera les gens de tous les pays et qui s'entraideront. Ce n'est pas un projet pour la France.
"Si la folie fiscale continue en France, on aidera nos membres à entreprendre ailleurs"
Par exemple, on peut imaginer un de vos membres de nationalité allemande qui aidera un Français à venir entreprendre en Allemagne ?
On peut tout à fait imaginer cela. Toute initiative pour trouver des alternatives aux mesures liberticides sera bienvenue.
En quoi cette network society sera différente du lobbying ?
Il y a en effet une partie lobbying car l'objectif est d'apporter du changement. Mais la grande différence réside dans la capacité d'action. On n'est pas une association ou un syndicat mais une entreprise. Notre force collective sera très importante. Le lobbying est souvent sectoriel ou géographique et, de notre côté, on ira au-delà des frontières. C'est encore un peu tôt pour parler de nos actions mais de manière générale, une network society est une alternative aux gouvernements.
"Une network society est une alternative aux gouvernements"
L'image de Tony Parker en tant qu'investisseur a été un peu écornée dernièrement. Vous avez malgré tout décidé de vous associer à lui, pourquoi ?
Des articles de presse ont écorné son image mais ces articles ne reflètent pas la réalité et n'ont pour moi aucune importance. Tony Parker est quelqu'un de discret et pour le moment il a choisi de ne pas répondre. A un moment, il expliquera sans doute sa vision. Tout ce que je peux dire, c'est que c'est quelqu'un qui a développé des business rentables et qui sait très bien gérer ses affaires.
Lors de votre keynote le 24 novembre, vous avez décrit The Bitcoin Society comme "le projet le plus important de votre vie". Pourquoi ?
J'ai créé une dizaine de boîtes. J'aurais pu ne rien faire et rester sur île déserte. Je pensais d'ailleurs que je ne retournerai pas dans l'entrepreneuriat. Il fallait que je trouve un projet aligné avec mes valeurs de liberté, c'est ce qui m'a fait renoncer à une vie paisible. The Bitcoin Society est le projet de ma vie car j'ai un certain âge (Eric Larchevêque a 52 ans)et ce sera sans doute le dernier. C'est un message puissant. Les gens ne comprennent pas encore l'ampleur d'une network society mais elle aura un impact sur le long terme très important.